Au chevet d’un malade chronique : les écoles de Marseille

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Emmanuel Macron revient à Marseille ce vendredi. Il sera notamment question du plan de rénovation des écoles. Benoit Payan, le maire (PS) de la ville, a dévoilé cette semaine ses ambitions dans le cadre de ce plan massif d’investissement, chiffré à 1,2 milliard d’euros en partenariat avec l’État.

« Si l’école va mal, c’est la promesse républicaine qui vacille ». Benoit Payan l’a affirmé haut et fort lundi 11 octobre, lors de sa conférence de presse de présentation du Plan de rénovation : selon lui, les établissements scolaire de la ville son « la honte de La République. Voici l’état dans lequel nous avons trouvé les écoles à Marseille à notre arrivée », a-t-il ajouté, en référence à la Une de Libération de 2016. Un titre choc qui a frappé tous les esprits et a réveillé les consciences. 

Entouré de ses adjoints dans le gymnase de l’école Chave située dans le 3ème arrondissement, l’ambiance est solennelle. Le maire de Marseille confirme sa détermination : « nous sommes prêts » a-t-il martelé à plusieurs reprises. Pendant des mois, il a travaillé avec ses équipes sur ce projet tant attendu, qui devrait permettre de retirer définitivement le sparadrap qui lui colle à la peau depuis trois décennies : le cancre de la République.

Ce plan ambitieux se définit comme « le plus grand chantier que la ville de Marseille aura initié depuis les années 60, jamais la ville n’a porté un projet d’une telle ampleur sociale, environnementale, économique et territoriale. »Cela prendra du temps : neuf ans au total pour rénover ou construire174 écoles. Une trentaine de nouvelles écoles devraient voir le jour. Avant fin 2022, 16 chantiers seront lancés et 16 autres seront à l’étude.

Le bâti scolaire dans une situation alarmante.

L’état des lieux est sans concessions : sur les 470 écoles marseillaises,188 écoles présentaient des problèmes de chauffage chronique, 112 des sanitaires défaillants, 341 connaissaient des fuites, des infiltrations d’eau et de vent, des défauts d’étanchéité, de menuiseries et de toitures. Résultat : une surconsommation d’énergie estimée à 30%.

Pour faire face à cette situation d’urgence, une enveloppe exceptionnelle de 30 millions d’euros a été débloquée l’été 2021, pour réparer les écoles, les mettre en sûreté et en sécurité. Ainsi, depuis un an, 98 écoles ont été rénovées à l’intérieur : des sols aux plafonds, en passant par les murs.

Inégalités scolaires se confond avec inégalités sociales

Alors que 176 euros par enfant sont investis en moyenne par an dans les écoles des autres villes de France, la précédente majorité s’est limitée à un investissement de 113 euros par enfant dans les quartiers sud et à peine 94 euros dans les quartiers nord. Un investissement inférieur de 20% ! Sur les 30écoles les plus délabrées, près des 2/3 d’entre-elles se trouvent dans le secteur nord. Ce sont celles qui seront prioritaires, afin de « recoudre » Marseille. « Comment apprendre le respect quand l’image que l’école renvoie peut-être perçue comme une violence symbolique et réelle ? » se désole Benoît Payan. Tout est dit, ou presque.

Avec ce plan, le maire s’engage à porter ce montant à 533 euros par enfant et par an.

Un plan à 1,2 milliard d’euros

Le chiffre est affolant, mais il répond aux besoins de ce chantier titanesque. Le montant de la facture se divise de la manière suivante : 814 millions d’euros pour la rénovation ou la construction des 174 écoles, 208 millions d’euros pour la remise à niveau des 296 autres écoles, 84 millions d’euros pour l’aménagement en mobilier et en outils numériques et 60 millions d’euros consacrés à la réduction de 40% de la consommation énergétique des bâtiments. Au total, 600 000 m2 de la surface totale sera réhabilitée, soit l’équivalent de 100 stades de football.

L’ensemble des travaux sera par ailleurs inscrit dans la transition écologique, pour réduire de 40% la facture énergétique des écoles. Les retombées économiques potentielles s’élèveraient à 2,27 milliards d’euros, selon les estimations de la ville de Marseille, avec des promesses d’emploi pour 14 000 marseillais.

Afin de rassurer et convaincre, une concertation a été initiée avec les usagers de l’école avant, pendant et après les travaux. Elle a permis de définir un schéma fonctionnel de l’école de demain.

Un partenariat « public-public » avec l’État

La forme que prendra la société crée pour la gestion du plan écoles n’est pas encore actée, mais deux options sont envisagées : une société anonyme (SA) ou une société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN). L’État sera le partenaire de la ville de Marseille dans ce projet pharaonique. Reste une inconnue, le montant de sa participation. Seule certitude, le maire sera le président de cette entité.

Ce vendredi, le président Emmanuel Macron revient à Marseille, avec peut-être une belle promesse dans sa valise.

Après sa conférence, le maire de Marseille avait d’ailleurs filé à Paris pour rencontrer le Premier ministre, afin d’avancer dans la formalisation des aspects techniques, juridiques et financiers du plan. Il s’agit maintenant d’avoir l’aval et un soutien financier massif du seul et principal partenaire de ce plan de sauvetage des écoles, l’État.

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