Quand la haute performance sportive aide les malades

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Comment rebondir après un cancer et passer de « survivant à vivant ? ». Ces questions sont à l’origine de « Rebond », un programme de recherche expérimental lancé depuis 6 ans par l’Institut Paoli-Calmettes de Marseille et les facultés des sciences du sport et de médecine d’Aix-Marseille-Université. Un programme pionnier de coaching sportif individualisé qui fait reprendre goût à la vie à des malades du cancer en rémission. Il est aujourd’hui présenté dans un livre, accessible au plus grand nombre.

« J’étais convaincu des effets bénéfiques du sport pour les patients en rémission, mais je ne m’imaginais pas l’incroyable force née de cette dimension dans la relation entre le coach et le coaché ! » Le professeur Patrice Viens, directeur de l’Institut Paoli-Calmettes, va droit au but. Avec l’universitaire Pierre Dantin, vice-doyen de la faculté des sciences du sport, il est aujourd’hui certain que les compétences liées des spécialistes du monde médical et du sport de haut niveau aident à renaître après la maladie. « Quand un cancer est guéri, on a tendance à dire : maintenant, c’est fini, ce sera comme avant. Mais ce n’est jamais comme avant. C’est une nouvelle vie qui reprend. On ne remet pas les compteurs à zéro, ce n’est pas vrai. Il faut vivre avec.  »

Professeur Patrice Viens, directeur de l’Institut Paoli-Calmettes

Dans le rôle de super coach : l’universitaire Pierre Dantin

Habitué à manager sur le plan mental de grands entraîneurs et sportifs de haut niveau, Pierre Dantin a toujours été convaincu des vertus psychologiques du sport. « Avec la création de notre unité de recherche, de notre laboratoire spécialement dédié, grâce au travail commun entrepris avec les premiers patients, le programme est une vraie innovation sociale, avec pour vocation de faire école », explique-t-il.

Aidé par les interventions auprès des malades des grands entraîneurs et champions qu’il a accompagnés comme Claude Onesta, Fabien Gilot ou Romain Barnier, le super coach Dantin précise que « l’idée est de ne pas accélérer le processus de guérison psychique du patient. Mais de redéfinir sa propre identité. De casser la ligne de dépendance. Pour qu’il retourne vers l’autonomie, avec la capacité à prendre à nouveau des décisions sur sa vie. » 

« Toute pensée innovante se heurte à la norme, c’est la règle, nous le savions dès le départ »

Près de six ans après s’être lancé dans le challenge, les principaux acteurs du programme de recherche ont voulu expliquer la démarche dans un livre qui vient de paraître. « Nous avons déjà tous appris de cette expérience », ajoute le Pr Dantin, « et toute pensée innovante se heurte à la norme, c’est la règle, nous le savions dès le départ. On a tous accepté de se fédérer dans un endroit qui devait être, en fait, la démonstration de l’innovation par la norme. Voilà pourquoi un laboratoire de recherche. »

Il conclut : « on ne voulait pas créer un espoir artificiel. On entendait surtout ne pas faire croire que… Aujourd’hui, tout cela est prometteur, mais tout reste encore à améliorer, tout reste encore à démontrer. Je peux néanmoins vous dire que nous sommes tous boostés par nos résultats préliminaires ! On veut faire encore mieux et extirper des concepts enseignables de notre programme de recherche. L’enjeu, pour encore résumer notre démarche, c’est l’universalité de cette relation d’aide aux autres. »

Bruno Angelica

« Rebond, s’entraîner à revivre » : Livre écrit par Pierre Dantin et Patrice Viens, avec la collaboration du journaliste Gilles Rof. Aux Editions Michel Lafon.

« L’écriture du livre nous a aussi permis d’apprendre à vulgariser »

Le livre a été écrit en collaboration avec le journaliste marseillais, Gilles Rof. « Gilles a perçu à la fois la singularité de chacun d’entre nous, comme le travail d’équipe et notre objet commun » continue Pierre Dantin, « rendre ce projet accessible et compréhensible au plus grand monde n’était pas une mince affaire. Car le lecteur a besoin aujourd’hui de comprendre vite et surtout de ressentir avec une logique émotionnelle. Et une démonstration académique n’a rien de cette logique au départ ! L’écriture du livre nous a aussi permis d’apprendre à vulgariser. Il était de notre devoir de rester simples, et c’était à nous de nous forcer à effectuer cette démarche vers moins de complexité. Je vous avoue que nous sommes fiers de ce livre et le succès d’estime qu’il est en train de rencontrer nous donne raison dans notre démarche, précise, à savoir qu’on peut tous être fédérés par un objet commun : être au service des autres. »

B.A

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