Voyage au pays de la lenteur

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C’est à la lampe torche que la douzaine de passagers se sont rassemblés, à deux pas de l’aérodrome de Puimoisson. Il est 5 h 30. Mais le réveil matinal vaut la peine : s’élever en silence dans le ciel bas-alpin en même temps que le soleil est une expérience qui mérite quelque effort.


Une fois arrivés sur le site d’envol, choisi en fonction des conditions météorologiques, la préparation du vol débute le gonflement du ballon. L’enveloppe de quelque 2 000 m² de tissus est étalée sur le sol. Une fois gonflé, le ballon atteindra une hauteur de 25 à 30 mètres. Irrésistible

C’est au moment où le jour commence à poindre, aux alentours de 6 heures, que les montgolfières d’Aéro-Provence s’envolent dans un silence profond que seul interrompra de temps à autre le son des brûleurs. Depuis quelques mois, cette petite entreprise spécialisée dans le vol touristique s’est dotée d’un second ballon. Sa particularité : arborer le slogan créé en 2018 par l’agence de développement des Alpes-de-Haute-Provence dans le cadre de sa campagne de marketing territorial. Autant dire que le ballon inauguré en grande pompe en juin dernier est littéralement « irrésistible » !


« C’est un projet que nous avons réalisé avec l’agence de développement, qui a participé au
financement du ballon à hauteur de 80 %. Notre partenariat repose sur un contrat publicitaire qui court sur six ans
 », explique Tom Lacour, le fondateur et gérant d’Aéro-Provence, qui a obtenu le label Qualité Tourisme. « Le ballon est donc à disposition du département comme outil de promotion du territoire. Et je fais en sorte qu’il soit présent sur des manifestations événementielles, comme les Terres de Jim par exemple, en plus de la centaine de vols effectués sur le plateau chaque année. C’est un excellent moyen de communication, parce que la plupart des gens qui croisent un ballon vont le regarder et en parler. C’est un objet qui plaît ».

Un damier agricole aux couleurs changeantes

Tom vole depuis 1988. Il a commencé par le planeur et l’avion et, depuis maintenant 17 ans, fait découvrir les paysages bas-alpins en ballon. Des années à effectuer des circuits panoramiques dont il ne se lasse pas. « L’environnement est absolument superbe. Lorsqu’on monte à 2 500 mètres, on voit le Golfe de Saint-Tropez d’un côté et le massif des Écrins de l’autre… C’est une région incroyable et, sur le plateau, nous bénéficions d’une grande diversité de paysages sur une surface qui est finalement assez réduite puisque le plateau fait 800 km² ».

Un panorama unique ©AG

Les champs de lavandin plébiscités

Il est vrai que le plateau de Valensole est loin d’être surpeuplé. Au petit matin, les voitures y sont rares. De quoi magnifier son paysage et la traditionnelle organisation en damier d’un site où la production de lavandin est reine. Sans surprise, ce sont d’ailleurs ces parcelles bleues qui tenaient la vedette jusqu’à fin juillet. Mais Tom vole toute l’année. Et toute l’année, il y a de quoi voir. « Nous avons la chance d’avoir des saisons assez marquées, explique-t-il. L’année commence avec les amandiers en fleurs, puis les champs de céréales commencent à verdir. Lorsque l’été arrive, avec toutes les plantes aromatiques qui y sont cultivées, le plateau devient une véritable peinture et offre un patchwork de couleurs incroyable. À l’automne, c’est pareil : il y a beaucoup de chênes verts et de chênes truffiers. On passe des teintes mauves à des teintes jaune orangé. Quant à l’hiver, c’est une saison qui nous offre le privilège d’avoir le ciel pour nous. »

Le survol des champs de lavandin ©AG

Le spectacle de la faune sauvage

Un bon moyen de découvrir d’en haut la production agricole du « grenier de la région ». Sans oublier la faune. Ce matin encore, les passagers ont pu voir un chevreuil traverser les champs. Mais aussi, plus inattendu, une demi-douzaine de chamois bondissant à flanc de falaise, dans la vallée de l’Asse. Des rencontres que la lenteur du ballon donne tout le loisir d’apprécier. « Sur une heure et demi de vol, on fait en moyenne une dizaine de kilomètres. Ce qui est le plus agréable, c’est de flotter juste au- dessus de la cime des arbres. Frôler la faune et la flore à 5 ou 6 km/h, suspendus sous une enveloppe de montgolfière, je continue à trouver ça magique. C’est comme un rêve. C’est un voyage au pays de la lenteur. À une époque où on est toujours en train de courir, ça fait un bien fou… » Après 18 mois de restrictions, prendre l’air de cette façon, on ne connait pas de meilleur remède pour se déconfiner l’esprit et renouer le contact avec les éléments.

Stéphanie Martin-Chaillan pour L’Espace Alpin

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