L’exposition « Oui ! » du Museon Arlaten, qui retrace l’histoire des mariages depuis le XVIIIe siècle, a ceci d’original qu’elle est le fruit d’une collecte de témoignages et d’objets anciens et actuels auprès des populations du pays d’Arles.
Les noces de coton du Museon Arlaten
A l’occasion du premier anniversaire de sa réouverture, le 19 mai, après 11 ans de fermeture pour travaux, le Museon Arlaten a trouvé une nouvelle dynamique.« Un an, une exposition sur le mariage, avec un titre incontournable je dirais : Oui, avec plein de points d’exclamation », martèle Nicole Joulia, vice-présidente déléguée à la Culture au Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.
Pour elle, « le Museon est la seconde perle d’Arles après le musée départemental de l’Arles Antique. Dans son domaine, qui est la culture provençale, le Museon est le must au niveau international, voulu par Mistral et rénové à hauteur de 22 millions d’euros par le département ,avec des artistes contemporains dont le couturier Christian Lacroix. »
« C’est une vraie réussite qui respecte en même temps le lieu dans son aspect historique, mais qui lui donne cette ouverture que j’aime tant sur le monde contemporain, avec ce dialogue des artistes locaux et actuels, vivants, estime Nicole Joulia, soulignant le travail des responsables du lieu, qui ont mis là tout ce qu’ils avaient comme connaissance de la ville, de sa culture, de son histoire, et en même temps tout leur talent. La scénographie est remarquable. »
Ethnologie et histoires de mariages
Selon Aurélie Samson, directrice du Museon Arlaten, cette exposition propose non seulement d’explorer le thème du mariage, mais de questionner la notion même de mariage, l’engagement et l’amour « en chaussant des lunettes d’ethnologues » pour s’intéresser à la question du rite de passage qu’est le mariage, « un fait social total », pour reprendre l’expression de Marcel Mauss. Par l’acte du mariage qui modifie son statut social, l’individu bascule en effet dans un autre groupe d’appartenance et une nouvelle vie s’ouvre à lui.
L’évolution des rites afférent à l’union de deux êtres permettent de saisir les bouleversements sociétaux opérés au fil des âges. Chaque rite nous renseigne ainsi sur les particularités sociales et culturelles des différentes populations du bassin arlésien. Une mise en perspective qui permet au regard du passé de mieux saisir les enjeux du présent.
Richesse des collections
La scénographie de l’exposition est conçue à l’image d’une valse à 4 temps : s’allier/s’aimer ; s’engager ; célébrer et, enfin, ils se marièrent… Elle nous emmène ainsi de la demande en mariage et de l’engagement à l’union et ses festivités, en passant par les préparatifs et l’enterrement de la vie de célibataire. La désunion aussi, au travers d’une multiplicité d’objets rassemblés pour cet événement. Certains sont issus des collections du Mucem et des archives départementales, d’autres proviennent de collections privées, en l’occurrence des informateurs qui ont participé à la collecte.
On peut ainsi voir des poupées de porcelaine, des pots de chambre, des assiettes parlantes, des couteaux et des pelles à gâteau, des bouquets de mariés, des globes de mariage, des cigares, des chaussures et habits de fête ainsi que d’autres curiosités, à l’image des figurines qui ornent les pièces montées ou des quenouilles et autres battoirs à linge gravés au nom des époux, offerts en cadeau de mariage.
Un jukebox où chacun peut écouter à loisir les playlists choisies par les témoins de l’exposition occupe un espace feutré de la chapelle latérale.
De traces, des anecdotes et des témoignages
Sur un périmètre somme toute réduit, la diversité et le foisonnement des collections présentées est saisissant. Chaque objet raconte une histoire personnelle, mais il est aussi le reflet de son époque, quand la couturière qui faisait la robe offrait à la mariée une poupée de porcelaine avec une miniature de sa robe, la superstition voulant que la mariée ne couse jamais sa robe elle-même.
A chaque objet son anecdote et son usage : la corbeille de la mariée offerte par la famille du futur époux était garnie d’éventails, mais aussi d’objets du quotidien rappelant le rôle de la femme, à une époque où elle était encore considérée comme mineure et devait se consacrer pleinement au foyer.
Des illustrations, certificats et registres de mariage, photographies des célébrations et récits émouvants des témoins complètent cette exposition, qui survivra dans le temps, via le très riche catalogue édité pour l’occasion.
En parallèle, de nombreuses animations (muséo-jeux, visites flashs, ciné-tchatche…) sont proposées au public dans un esprit d’ouverture et d’éveil à l’ethnologie.
Diane Vandermolina
Bon à savoir :
Le vernissage de l’exposition est prévu le 19 mai à 16h15.
Une conférence sur les rituels du mariage gitan est prévue le 8 octobre à 16h.
Les 7 aout, 4 septembre, 2 octobre et 29 et 30 octobre – pour la clôture de l’exposition, l’entrée du musée sera gratuite.
Infos pratiques :
Museon Arlaten – musée de Provence – 29, rue de la République – 13200 Arles. Ouvert tous les jours de 10 à 18h (sauf le lundi). Tarifs de 5 à 8€. Réservations sur reservation.museon@departement13.fr ou 0413315199. Infos sur www.museonarlaten.fr
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