L’artériopathie est souvent présentée comme une maladie dangereuse, voire pouvant conduire à la mort. De quoi s’agit-il précisément ?
Docteur Bianca Dona : Il s’agit de l’obstruction totale ou partielle des artères. Comme on retrouve des artères dans tout l’organisme, et qu’elles sont indispensables au bon fonctionnement des organes, une mauvaise circulation ou une absence de vascularisation des organes peut conduire à un mauvais fonctionnement des organes vitaux.
Comment se manifeste cette maladie, les patients peuvent-ils la suspecter eux-mêmes ?
C’est difficile, surtout qu’elle évolue progressivement. Les symptômes sont différents en fonction de la localisation de l’artère occluse. Par exemple, si le patient présente une douleur dans la poitrine, lors de l’effort ou non, on peut suspecter un infarctus du myocarde. Il peut avoir des crampes à la marche ou une réduction de son périmètre de marche en cas d’occlusion de l’aorte, qui est l’artère principale du corps, ou en cas d’occlusion des artères des membres inférieurs. Ou encore présenter des douleurs post-prandiales (NDLR: après le repas) s’il s’agit d’une obstruction des artères qui irriguent les intestins. Il peut encore s’agir d’une hypertension artérielle non contrôlée avec le traitement médical si la localisation est au niveau de l’artère rénale.
Cholestérol, diabète, tabac, alcool, surpoids : ennemis des artères
Est-ce une maladie fréquente ?
C’est une maladie peu fréquente mais souvent sous-estimée. Car il n’y a pas de marqueurs ou de tests usuels pour la dépister. Souvent, au moment où on la découvre, la maladie est assez évoluée et présente sur plusieurs localisations. C’est pour cela que dès qu’on découvre cette pathologie dans un endroit du corps, comme au niveau du coeur, on va rechercher d’autres localisations. Si c’est au niveau des artères des jambes, on va tout de suite rechercher la localisation au niveau du coeur et des artères cérébrales.
Quelles sont les principales causes provoquant l’obstruction des artères ?
La plus fréquente est l’athérosclérose. Une plaque de cholestérol se glisse entre les couches de la paroi de l’artère, souvent à la bifurcation où des turbulences existent. D’autres causes sont celles sur lesquelles nous ne pouvons pas agir : l’âge, le sexe. On sait que la pathologie artérielle est plus souvent rencontrée chez les femmes.
Il y a aussi les antécédents familiaux, comme l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral qui apparaît avant 50 ans dans la famille. D’autres causes sont la présence de risques cardiovasculaires. Cette pathologie est fréquente – et j’insiste là-dessus – chez des patients qui sont des grands fumeurs, en surpoids, souvent sédentaires ou qui présentent une consommation excessive d’alcool. Ou qui ont d’autres maladies, notamment le diabète qui augmente jusqu’à 7 fois le risque de développer une artériopathie ou une hypertension artérielle mal contrôlée.
Marcher 30 mn par jour réduit fortement le risque
Comment prévenir ce risque ? Avec une meilleure hygiène de vie?
Evidemment ! Il faut agir sur les facteurs de risque sur lesquels nous pouvons intervenir. Donc avoir une vie saine est très important, arrêter le tabac. Avoir une activité physique régulière, comme une demi-heure de marche quotidienne, réduit fortement le risque cardiovasculaire. Une alimentation saine, riche en fibres et en antioxydants, est recommandée. Et, si cela est possible, il convient de réduire le stress.
Quels sont les traitements proposés, chirurgicaux ou médicamenteux ?
J’insiste surtout sur la prévention primaire : un mode de vie sain. Le traitement médical est important dans la phase initiale de cette pathologie, notamment avec une anti-agrégation plaquettaire, un traitement anticholestérol, un traitement stabilisant l’hypertension artérielle ou un diabète. Sur le plan chirurgical, on a le traitement endovasculaire qui est moins invasif, ou chirurgical dans le cas où la pathologie est très évoluée.
Prise d’un traitement à vie
Ce qui veut dire que l’on va poser un stent ? Couper la portion malade de l’artère et la remplacer par une prothèse ?
Les artères obstruées sont laissées en place. Soit on arrive à les recanaliser ou à les dilater. Ensuite on met des stents pour stabiliser la lésion ou on réalise un pontage, pour court-circuiter la zone occluse et ramener du sang du haut vers le bas.
Doit-on suivre un traitement à vie après une telle intervention ?
Le traitement est indispensable. Car si nous mettons en place du matériel exogène comme des stents ou des prothèses, il doit être entretenu. Donc un traitement d’anti-agrégation plaquettaire est indispensable.
« Prends de l’aspirine »… mais pas sans l’avis du médecin !
On entend souvent les gens dire « Prends de l’aspirine tous les jours, tu n’auras pas de problèmes d’artères ». Est-ce une fable ou un bon conseil ?
Tout patient présentant un facteur de risque cardiovasculaire doit avoir comme traitement de base un antiagrégant plaquettaire comme l’aspirine, avec des petites doses de 75 à 100 voire 150 milligrammes, qui réduisent le risque hémorragique. Il y a un effet protecteur en fluidifiant le sang et en laissant moins les plaquettes se poser contre la plaque de cholestérol et contribuer ainsi à l’augmentation de la plaque qui occlut l’artère.
On est bien d’accord qu’il faut voir un médecin avant tout pour avoir le bon traitement et ne pas prendre à vie de l’aspirine en s’auto-médiquant ?
Evidemment ! Ces traitements sont prescrits par le médecin traitant ou les médecins vasculaires qui peuvent faire un diagnostic précoce de la pathologie et adresser les patients aux chirurgiens vasculaires, si cela est nécessaire.
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