Muriel Feugère est la directrice de la Galerie Charivari, confortablement installée entre Notre Dame du Mont et la Plaine/Cours Julien, dans le quartier même des créateurs qu’elle affectionne. Elle nous confie sa première rencontre coup de cœur avec Khaled Dawwa, un artiste qui, en 7 ans, est désormais incontournable dans le paysage artistique français.
Un retour salué à Marseille
Son œuvre monumentale « Voici mon cœur ! », représentant un quartier bombardé de Syrie où tout n’est que destruction et tristesse, fait partie de la collection permanente du Mucem, offerte au musée par un petit groupe de mécènes, porté par la Fondation Antoine de Galbert.
Ce n’est donc pas un hasard qu’il présente ses dernières œuvres à Marseille, qui plus est dans la galerie qui lui a ouvert ses portes à son arrivée en France en 2014. Dans cette exposition, avec humour et dérision, il montre les dérives du pouvoir détenu par un seul homme.
Critique des totalitarismes
Installé dans un fauteuil est trop grand pour lui, le dictateur aux formes pourtant bien dodues s’agrippe désespérément à son trône. Le large visage buriné, la posture avachie, le tyran rabougri tente de se maintenir en place quoi qu’il en coûte pour son pays et son peuple. Qu’il dorme ou non, il garde les mains fermement accrochées à son fauteuil même si dans certaines œuvres les ravages du temps sont là ; une jambe ou un bras sont manquants, sa chair comme « trouée » par les effets de l’âge et de la luxure part en lambeaux révélant les os d’un squelette replet.
Résultat d’un travail minutieux, les sculptures de Khaled Dawwa ne peuvent laisser indifférent : ses personnages grotesques endormis, incarnation de la folie des grandeurs des hommes, représentent l’absolu contraire de la vertu, cette force paisible et bienveillante qui guide l’homme de bien, l’homme prudent pour reprendre la terminologie aristotélicienne. Ils sont ce que j’appellerai des anti-bouddhas. Siddhârta Bouddha dit l’éveillé, chef spirituel, était l’incarnation de la sagesse.
Les sculptures de l’artiste révèlent non seulement une critique acerbe du despotisme dans les régimes autoritaires, mais également, une habile critique du système capitaliste qui écrase les citoyens, dans les pays dits démocratiques où le pouvoir est concentré dans les mains d’une poignée de financiers. Le représentant de l’État est leur marionnette; les citoyens, quant à eux, en sont les vassaux. Tel est le message que délivrent en sous-texte ses œuvres.
Une exposition à découvrir ! Diane Vandermolina
Informations pratiques :
« Sommeil Profond » exposition de Khaled Dawwa jusqu’ au 10/12/2022
Galerie Charivari, 17 rue Fontange 13006 Marseille
Tél. 06 62 39 95 62
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 13h et de 15h à 19h
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