A Sainte-Trinité, le bonheur des écoliers est dans le pré !

Plus vert, tu meurs ! L'Institution Sainte-Trinité accueille des élèves depuis 150 ans dans le quartier de Mazargues, à Marseille. Elle a profité de sa réhabilitation complète pour devenir un exemple de sobriété énergétique - il n'y a même pas de clim grâce à une technologie ancestrale ! - et un écrin de sérénité verdoyant pour favoriser le bien-être et les apprentissages de ses 930 élèves. Elle était inaugurée ce vendredi.

société

Et au milieu coule une… prairie ! Bienvenue dans l’une des plus vieilles écoles de Marseille en passe de devenir une des plus écolos. Fondée en 1870 pour accueillir les jeunes filles pauvres, cette institution de l’ordre religieux des Trinitaires a fait sa révolution architecturale, mais pas que.

Il y avait d’abord un besoin de restauration lourde. On voyait parfois la classe d’en dessous à travers les tomettes disjointes, c’était limite au niveau sécurité, selon Soeur Jean-Gabriel, économe de la communauté religieuses des Trinitaires. Il convenait d’agir. Eh bien les choses n’ont pas été faites à moitié !

La nature au centre du projet

En trois ans de travaux d’un coût de plus de 7 millions d’euros essentiellement financés par les religieuses, l’école et l’emprunt, cette ancienne magnanerie, où l’on élevait des vers à soie au XIXe siècle, s’est projetée vers 2050 et l’exigence de sobriété énergétique. La présentation du résultat, un peu décalée en raison de l’épidémie de Covid, a eu lieu ce vendredi en présence notamment du cardinal Jean-Marc Aveline, de l’ancien maire Jean-Claude Gaudin, qui est membre du conseil d’administration de l’école, de Martine Gilles-Vassal, présidente du Département, et de Benoît Payan, maire de Marseille.

L’ensemble est magistral. « Nous avons mis la nature au centre du projet, souligne le chef d’établissement, Xavier Méry. C’est une prairie bordée d’arbres autour de laquelle tournent les bâtiments, ainsi que les élèves pour lesquels c’est devenu un lieu de déambulation pendant les récréations. » 40 000 mètres carrés d’espaces pédagogiques arborés se déploient. « S’il me faut des feuilles à étudier dans mon cours, je n’ai qu’à sortir devant la classe », précise la professeure de sciences naturelles.

Des claustras en béton fibre, comme au Mucem

La sérénité règne une fois le sas d’entrée franchi. « Ce calme est propice à l’attention et aux études », glisse M. Méry. Située à deux pas de l’Obélisque de Mazargues, l’école jouxte pourtant une des routes les plus passantes de Marseille : l’avenue de Lattre de Tassigny, qui mène vers Valmante, Luminy et Cassis.

Les murs ajourés doublés d’une baie vitrée cassent littéralement le bruit de la circulation. « Nous avons fait sauter le vieux mur d’enceinte, c’était une vraie prise de risque. Partout nous avons privilégié la lumière et la transparence, souligne l’architecte François Lacube. D’où l’idée des claustras en béton de fibre. »

Cette innovation technologique, qui renvoie au célèbre Mucem de Rudy Ricciotti sur le Vieux-Port, permet de composer des panneaux brise-soleil et donc de générer uniquement du « solaire positif ». Ces claustras en béton brut sont partout et donnent à l’ensemble architectural une formidable allure méditerranéenne. Le respect de la nature, c’est encore le renoncement à la climatisation assumé par les concepteurs.

La surventilation nocturne plutôt que la clim

« Nous avons privilégié une surventilation nocturne qui permet de recharger les salles de cours avec la fraîcheur de la nuit, couplée à un renouvellement de l’air très élevé, explique François Lacube. Car, pour bien penser, il est important de bien respirer, c’est prouvé scientifiquement. » Dans cette veine, les couloirs reliant les classes sont tous à l’air libre. « On prend un bon bol d’air entre les cours, ça fait vraiment du bien », souligne un élève de terminale.

Xavier Méry et l’architecte ont donc préféré le low-tech à la surenchère incessante en faveur de la climatisation. Ce qui a été réhabilité ici, c’est la ventilation à l’ancienne. « Il faut arrêter avec les moteurs, les tubes, les ventilations partout, plaide François Lacube. Nous sommes revenus à une ventilation traversante des locaux. Alors d’accord, les élèves ont parfois un peu chaud en été, mais on voit bien qu’on n’a plus les moyens de bouffer de l’énergie pour produire du frais. Quand on vit ici, dans le Sud, on doit accepter d’avoir chaud à certains moments de la journée. Il faut être cohérent »

 

Des dalles numériques ont remplacé le vieux tableau à craie

La technologie n’est pourtant pas absente. Toutes les salles sont désormais dotées de dalles numériques. Elles ont remplacé le tableau noir et facilitent l’interactivité et le dynamisme des cours. Les élèves adorent ! Le prof peut d’un simple clic enrichir sa démonstration d’un schéma ou d’une vidéo, puis leur transférer son cours. Idéal pour les absents ou les malades. Ou en cas d’épidémie et de confinement…

Et le chantier favorisant le bien-être à l’école n’est pas fini. Dans un an, l’Institution Sainte-Trinité sera dotée d’une halle sportive. Evidemment peu gourmande en énergie…

 

cet article vous a plu ?

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partagez vos commentaires.