On part de loin, et même de très loin en matière d’inégalité entre les hommes et les femmes. C’est également vrai dans le domaine des infarctus. Les femmes sont bien moins surveillées que leurs conjoints. Et pourtant, chaque jour, il meurt en France de maladies cardiovasculaires 200 hommes et 200 femmes. Une égalité parfaite devant la Grande Faucheuse.
Constat des médecins du service de médecine cardiovasculaire et hypertension artérielle que dirige la professeure Gabrielle Sarlon au CHU de la Timone (APHM) : les femmes ont davantage de maladies cardiovasculaires que les hommes. Qui le sait ? Peu de monde. Et l’ignorance se paie cash : par des morts quotidiennes, qui seraient pourtant évitables au moins en partie. C’est toute la raison d’être du Bus du Coeur des Femmes qui s’est posé à Marseille durant trois jours (entre le Mucem et la cathédrale de la Major jusqu’à ce vendredi soir).
Des visiteuses en danger
L’objectif de ce laboratoire ambulant est de dépister des femmes, souvent autour de la cinquantaine, qui n’ont pas de suivi cardiologique. Plus de 300 vont ainsi passer entre les mains des personnels soignants. Ces femmes réalisent un bilan complet (entretien de santé, analyse sanguine, électrocardiogramme, prise de tension, questionnaire gynécologique, et même une échographie de la grosse aorte abdominale). A la fin du parcours, elles reçoivent une fiche récapitulative qui pointe leurs risques cardiovasculaires et les modifications à apporter à leur hygiène de vie (moins de sel, de sucre, plus d’activité physique…).
« Le premier jour nous avons déjà orienté une quinzaine de patientes vers des rendez-vous en cabinet médical pour les prendre en charge car leur suivi n’est pas satisfaisant, indique le Dr Jean-François Renucci du service de médecine cardiovasculaire de la Timone. On a même eu le cas d’une mère de famille venue avec ses cinq enfants, qui avait fait un accident ischémique transitoire trois jours avant (NDLR, comme un petit AVC), mais comme c’était revenu à la normale, elle ne voyait pas la nécessité d’être prise en charge. Nous avons insisté pour lui faire passer des examens complets car elle courait un danger. »
Des signaux d’alerte moins spectaculaires que les hommes
Ce médecin déplore la mauvaise perception des symptômes féminins de l’infarctus par le corps médical lui-même. Dans notre vidéo, il détaille ces signes parfois moins spectaculaires que chez les hommes, plus sourds (une gêne au niveau du thorax, un essoufflement, une fatigue inhabituelle, des nausées…), « des signes qui n’attirent pas particulièrement l’attention vers le coeur, et pourtant il s’agit bien d’angine de poitrine, même si bien sûr elles peuvent également avoir comme les hommes une violente douleur dans la poitrine, une douleur qui irradie dans le bras gauche ou dans la mâchoire. »
La grande majorité des personnes accueillies durant ces trois jours ont été sensibilisées dans des quartiers excentrés et souvent défavorisés, situés loin des structures médicales, grâce au travail de fourmi des médiateurs urbains de la mairie de Marseille. Certaines femmes sont venues en groupe avec leur centre social. Peu sont inquiètes mais toutes se disent rassurées de pouvoir bénéficier de ce dépistage.
D’ailleurs, à la fin du circuit, elles sont invitées à prendre un peu plus en main leur santé. Chacune se voit ainsi offrir un tensiomètre afin de surveiller régulièrement sa tension. Un très beau cadeau du fabricant de ces appareils d’une valeur de 70 à 90 euros que peu d’assurés sociaux osent s’offrir. Un jour, il leur sauvera peut-être la vie.
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