Le cancer de la prostate est le cancer masculin le plus fréquent avec plus de 50.000 nouveaux cas et plus de 8.000 décès par an en France. Nous avons partagé avec la Dr Géraldine Pignot, chirurgienne urologue à l’IPC de Marseille, 11 idées reçues. Ses réponses précises remettent bien des croyances en question et devraient rassurer les hommes de plus de 45 ans.
Idée reçue N°1 : le cancer de la prostate est difficile à diagnostiquer.
Dr Géraldine Pignot : C’est faux ! Le cancer de la prostate est plutôt simple à diagnostiquer, il suffit d’un dosage sanguin, donc d’une prise de sang qui dose le PSA (c’est un marqueur assez fiable pour le diagnostic de cancer de prostate) et également d’un toucher rectal qui est un examen pouvant être fait par un médecin généraliste ou par l’urologue. Il consiste à palper la prostate pour voir s’il y a des anomalies détectées à la palpation. En fonction de ces deux examens là, on va pouvoir demander des examens supplémentaires. Telle qu’une IRM de la prostate ou des biopsies pour confirmer le diagnostic. Finalement, le diagnostic est assez simple à faire.
Le dépistage avant 50 ans préconisé chez certaines populations
Idée reçue N°2 : Le cancer de la prostate ne touche que les hommes de plus de 50 ans
C’est faux. À partir de 40, 45 ans, on commence à avoir des cancers de prostate qui surviennent précocement chez certaines populations. Ce sont notamment des patients qui ont des antécédents familiaux de cancers, c’est-à-dire un père ou un frère qui ont eu un cancer de la prostate. On sait que dans ces cas-là, le cancer de prostate survient généralement plus tôt. Chez certaines ethnies également, notamment les patients antillais qui peuvent avoir des cancers de prostate qui surviennent plus tôt. Dans ce cas-là, on préconise effectivement un dépistage qui commence avant 50 ans.
Idée reçue N°3 : Après un diagnostic positif, on est obligé de se faire opérer
C’est faux. Il y a certains cancers de prostate qui sont considérés comme indolents, voire précancéreux, c’est-à-dire qu’ils ne vont pas évoluer dans le temps. On peut se permettre de les surveiller. Donc même si le diagnostic est posé, on peut faire ce qu’on appelle une surveillance active et ne pas traiter d’emblée ces cancers. Et puis quand bien même on déciderait de les traiter, l’intervention chirurgicale n’est pas le seul traitement qui est disponible. On a la radiothérapie, la curiethérapie, des traitements focaux donc tout un panel d’options thérapeutiques à proposer aux patients.
La rééducation périnéale pour lutter contre l’incontinence
Idée reçue N°4 : Les traitements du cancer de la prostate rendent incontinent
Il peut y avoir effectivement des effets secondaires liés au traitement et notamment à la chirurgie, et l’incontinence en fait partie. Elle est de plus en plus rare parce qu’on a amélioré nos techniques chirurgicales, également parce que, après l’intervention chirurgicale, les patients vont faire de la rééducation périnéale pour justement éviter d’avoir cette incontinence urinaire. Elle est rare, mais elle peut exister. C’est pour cela qu’aujourd’hui, avant d’aller sur un traitement, on se pose la question du bénéfice/risque par rapport aux effets secondaires attendus.
Idée reçue N°5 : Les traitements du cancer de la prostate rendent les hommes impuissants
Ça peut être le cas également. Certains cancers de la prostate ne permettent pas de préserver ce qu’on appelle les bandelettes vasculo-nerveuses qui sont les bandelettes de l’érection, de part et d’autre de la prostate. On essaye généralement, quand on fait une intervention chirurgicale ou lors de la radiothérapie, de les préserver mais ça n’est pas toujours possible. Dans ce cas-là, il peut y avoir un impact sur la sexualité.
En règle générale, ce cancer ne donne pas de symptômes
Idée reçue N°6 : On parle moins du cancer de la prostate car c’est un cancer masculin
C’est vrai qu’on entend beaucoup moins parler du cancer de la prostate que du cancer du sein. Pour Octobre rose par exemple, le cancer du sein est très médiatisé et on sait qu’une femme sur huit est atteinte du cancer du sein. C’est un peu pareil pour le cancer de la prostate. C’est un homme sur dix qui sera concerné par le cancer de la prostate dans sa vie. Ainsi c’est important d’en parler. De plus en plus, le mois de novembre est consacré à la santé masculine et à la sensibilisation sur le cancer de la prostate.
Idée reçue N°7 : Les troubles urinaires sont forcément synonymes d’un cancer de la prostate
Non, à l’inverse, quand on a des symptômes urinaires : des difficultés pour faire pipi, besoin de pousser, l’impression de mal vider sa vessie, des envies fréquentes d’aller uriner ou le fait de se lever la nuit pour aller uriner. Tous ces symptômes là ne sont pas des symptômes de cancer de la prostate. Ce sont des symptômes d’une hypertrophie bénigne de la prostate, c’est-à-dire une augmentation de taille de la prostate qui est bénigne et qui est assez fréquente avec l’âge, mais qui par contre n’a rien à voir avec le cancer. En règle générale, le cancer ne donne pas de symptômes.
Aucun aliment ne permet de prévenir ce cancer
Idée reçue N°8 : La consommation de laitages favorise le cancer de la prostate
C’est faux ! Les laitages ne changent rien à la survenue du cancer de la prostate et il n’y a d’ailleurs aucune habitude alimentaire qui favorise ou qui, au contraire, prévienne du cancer.
Idée reçue N°9 : La consommation de tomate favorise le cancer de la prostate
C’est faux également, aucune habitude alimentaire aujourd’hui ne permet de prévenir le cancer de la prostate, et la tomate non plus !
Faire du vélo augmente le taux de PSA mais ne fait pas survenir de cancer
Idée reçue N°10 : Les graines de courge préviennent le cancer de la prostate
Non ! Les graines de courge peuvent être utilisées parfois dans les médicaments pour l’hypertrophie bénigne, quand on a des symptômes urinaires. On a montré que ces graines de courge, qui sont de la phytothérapie, marchent bien sur les symptômes. Par contre, ils ne préviennent pas du cancer de la prostate.
Idée reçue N°11 : Faire du vélo est mauvais pour la prostate
Alors c’est faux, on peut faire du vélo, ça n’est pas mauvais pour la prostate et ça n’entraîne pas de survenue de cancer de la prostate. Par contre, on a montré que chez les patients qui font beaucoup de vélo, il peut y avoir des variations de PSA liées au fait que la selle du vélo appuie juste à l’endroit de la prostate et peut augmenter un peu la sécrétion de PSA. Il est conseillé aux patients lors du dosage du PSA de ne pas faire de vélo dans les 3-4 jours qui précèdent le dosage pour éviter de fausser la mesure. Mais ça n’a rien à voir avec la survenue d’un cancer !
Propos recueillis par Sérine FAR, Anastasia ROBIN, Hanene ADJADJI, étudiantes en master 2 Communication des organisations, santé et bien-être, Ecole de Journalisme et Communication d’Aix-Marseille
cet article vous a plu ?
Donnez nous votre avis
Average rating / 5. Vote count:
No votes so far! Be the first to rate this post.