Le territoire comme enjeu vital de la survivance de la ruralité. Ne pas l’abandonner. Se mobiliser pour lui et ceux qui y vivent, le travaillent. Maintenir la proximité. Les défis de la MSA Alpes-Vaucluse sont nombreux, mais les élus sont prêts et mettent le cap sur 2025.
Elle fut bien longue cette période sans assemblée générale digne de ce nom pour les élus de la MSA Alpes-Vaucluse. La crise sanitaire n’est pas encore terminée mais, le 14 octobre, ils ont enfin pu se retrouver pour faire le point. Une période longue donc, mais pas synonyme d’inactivité. Tout au long de la crise, la mutualité a accentué son accompagnement et a multiplié les interventions et conseils aux entreprises face à quelques clusters, vite maîtrisés, en Vaucluse. « La MSA Alpes-Vaucluse a été à l’initiative des mises à jour des fiches Covid », rappelle fièrement Corinne Garreau, directrice générale de la caisse locale.
Une présence saluée par tous, y compris pas les élus des différentes FDSEA présentes. « Parce que nous sommes tributaires des prix, du temps et de l’argent, il faut de la foi pour rester paysan. Heureusement qu’on a la MSA, ce régime de santé qui nous permet d’avoir la possibilité de faire des différenciations. Il ne faut rien lâcher là-dessus », insiste Jean-Paul Comte, ancien président de la FDSEA des Alpes-de-Haute-Provence égale ment maire de Mallemoisson. « Pendant le Covid, il y a eu un gros travail fait avec la MSA pour mettre en place un pont aérien, et permettre à 1 700 salariés étrangers de venir travailler sur nos terres, malgré les frontières fermées. On voit souvent la MSA comme un organisme qui prélève. Mais ils ont aussi su nous montrer qu’ils étaient à nos côtés dans cette période difficile », souligne, quant à elle, Sophie Vache, la présidente de la FDSEA de Vaucluse.
Des actions complexes à mettre en place
La mutuelle continue également de se mobiliser face au mal-être (ou pour le bien-être) des agriculteurs. « On est là, à vos côtés », exprime la directrice. En témoignent, par exemple, l’organisation de séjours de répit pour 21 exploitants et le recensement de 49 agriculteurs dit « fragilisés ». Pour eux, la MSA devient un relais avec cellule « mal-être et prévention du suicide ». « Ce sont des mots qui font peur. Mais ces cellules pluridisciplinaires sont bien en place, avec des partenariats réactivés pour une réponse forte », explique Corinne Garreau.
Ajoutée à cela, l’assurance d’une présence en cas de difficultés de financements permet d’ancrer solidement tout un socle de missions, à ensuite mettre en musique afin de rendre le service attendu par ses adhérents. Certes, les actions se sont parfois trouvées un peu compliquées à mettre en place à cause du Covid, à commencer par l’installation pure et simple du nouveau bureau, en septembre 2020. « Il y a eu beaucoup de distanciels, mais en tant qu’organisme responsable et performant, nous avons su nous adapter vite », salue la directrice de la MSA AlpesVaucluse. L’opération se solde tout de même par une réussite, puisque les comptes ont été validés et que 85 % des adhérents ont exprimé leur satisfaction.
Maillon essentiel du territoire rural
« Le guichet unique, c’est l’ADN de la MSA », martèle Corinne Garreau. Accueil physique en agence, permanences téléphoniques, de plus en plus d’utilisations du site internet et de la messagerie du compte personnel pour les adhérents et aussi, partenariat avec France Service pour des maisons servant de relais local. Les actions ne manquent pas, et deux nouvelles maisons de services ont même vu le jour en 2020 – à Digne-les-Bains et à Manosque alors qu’un un nouvel espace était inauguré à Cavaillon, le jour même de l’assemblée générale de la MSA. Une 20 e labellisation saluée par le préfet de Vaucluse, Bertrand Gaume, qui tombe à point nommé dans un territoire fragilisé. Mais la grande nouveauté pour ce service de l’État, depuis l’année dernière, est la mise en place d’un bus itinérant pour le pays d’Apt-Luberon, afin de visiter près de 25 villages isolés, soit, environ 30 000 habitants. « Aller vers » est définitivement la démarche choisie par les élus de la caisse agricole.
« Face au gel comme au Covid, la MSA cultive sa singularité », déclare MarieClaude Salignon, présidente de la MSA Alpes-Vaucluse. « Nous devons tenir compte des particularités de la profession et nous adapter, afin de proposer des solutions sur mesure. Le maintien de l’ancrage territorial est nécessaire pour lutter contre la diversification des services publics. Alors oui, notre proximité est notre force », poursuit-elle. Ainsi la mutuelle se targuet-elle d’avoir un nouveau client : le territoire. « Aujourd’hui, on demande à la MSA de sortir de son rôle de payeur pour structurer le territoire et tout un écosystème. À l’avenir, il y aura toujours plus de demande d’’aller vers’. La réparation des territoires ruraux est un enjeu fondamental », confirme François-Emmanuel Blanc, directeur de la Caisse centrale de la MSA (CCMSA).
Cap sur 2025
Le territoire comme mission donc, mais avant tout une vision d’avenir pour la mutualité, qui met le cap sur 2025. « L’exigence de nos services a été inscrite noir sur blanc dans notre livre blanc, qui a servi de base à l’élaboration de la COG (Convention d’objectif et de gestion, ndlr). Nous n’avons jamais eu de négociation pareille la concernant, c’est une vraie réussite. À nous, maintenant, de mettre tout ça en place, ensemble », affirme le directeur de la CCMSA.
Un travail de concert réalisé avec les différents acteurs présents à l’assemblée générale. Bénédicte Martin, vice-présidente de la Région Sud en charge de l’agriculture, a d’ailleurs tenu à rappeler qu’ensemble, il faudrait « écrire une feuille de route proche de la profession, et pas juste des rêveries politiques ». Même credo pour le préfet Gaume : « Quand on est préfet de Vaucluse, on ne peut pas se désintéresser le quart d’un instant du monde agricole ». Il a par la suite tenu à saluer les équipes de la MSA pour leur implication durant la crise du Covid, et a assuré vouloir continuer à avancer sur les autres problématiques qui touchent le métier agricole. Puisque « partout il y a le monde agricole », chez tous, il y aura un effort de travail pour aller, ensemble, vers des solutions plus justes.
La COG loin de faire l’unanimité
La COG ne satisfait cependant pas tout le monde à la MSA. « Il paraît que chacun à son niveau doit faire des économies et être plus productif. Je veux bien l’entendre, mais prudence sur les conséquences : les dernières conventions ont créé des rapprochements. Mais nous devons veiller au maintien de l’activité sur le territoire », martèle Jean-Michel Mazet, vice-président de l’organisme. Afin que la MSA reste le maillon essentiel pour tous ses ressortissants, qu’ils soient agriculteurs eux-mêmes ou salariés dépendant du secteur. Alors, quels sont les objectifs de demain ? « Le début de la mandature a été particulier », rappelle une nouvelle fois la présidente, Marie-Claude Salignon. « Mais le cap a été tenu, ensemble, pour avancer. Être élu, c’est le choix d’être engagé auprès du monde agricole. Alors, nous allons continuer à renforcer la vie mutualiste ».
Formations et outils pour renforcer la mobilisation territoriale, implication accrue des élus dans la prévention santé, notamment concernant le cancer du sein en ce mois d’Octobre Rose, ou encore la reconduction d’actions telles que les paniers solidaires ou le Noël de la MSA avec le Secours Populaire… « Nous continuerons de servir le monde agricole et le territoire avec force et conviction », a ainsi conclu Marie-Claude Salignon, résumant les ambitions d’une caisse engagée pour assurer la vitalité de l’espace Alpes-Vaucluse.
Manon Lallemand pour L’Espace Alpin
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