Et si c’était aussi simple que ça d’être moins malade ? Venir à une conférence où des médecins font des interventions-flash bourrées de conseils applicables dès la sortie de la salle.
C’est ce qui s’est joué ce jeudi 16 janvier à la Cinémathèque d’images de montagne, à Gap. La salle était bondée pour assister à la conférence sur les maladies cardiovasculaires organisée par MProvence en partenariat avec le Centre hospitalier intercommunal des Alpes du Sud (CHICAS). Quand on s’entend dire que 80% de ces maladies sont évitables si on s’en donne la peine, ça vaut le coup de s’informer ! Surtout quand on a la chance d’habiter en montagne où l’air y est pur et les possibilités d’exercice infinies.
Après l’accueil par la Dr Emmanuelle Sarlon, présidente de la commission d’établissement de l’hôpital, et Yves Blisson, président de notre média, voici quelques remarques parfois croustillantes, étonnantes, curieuses, additionnées de conseils pour vivre mieux, plus vieux et en bonne santé.
Les femmes sont plus en danger de mort que les hommes
Dr Eva Pradier, médecin généraliste au CHICAS : Les pathologies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes. « Avec de plus en plus d’infarctus et un risque croissant chez les moins de 50 ans. De plus en plus de femmes fument. A consommation égale, une fumeuse a trois fois plus de risque de faire un infarctus qu’un homme car elle a une sensibilité plus grande. » A noter que 46% des femmes ne connaissent pas les symptômes de l’infarctus.

Dr Audrey Boudes, cardiologue : « On sous-estime l’infarctus chez les femmes. Si on voit un homme se tenir la poitrine en ayant mal, on pense immédiatement infarctus et on agit comme tel. Si c’est une femme, on va penser plus facilement qu’elle fait un « malaise« … Dr Pradier : « Il est prouvé qu’une femme qui fait un arrêt cardiaque dans un lieu public a une prise en charge médicale retardée par rapport à un homme. Car les gens sont notamment gênés de la toucher car elle a une poitrine. »
Aliments à fuir ou à privilégier
Dr Léa Querion, médecin généraliste au CHICAS : elle met en garde contre l’emploi de graisses saturées : beurre, saindoux, fromage, crème, mais aussi l’huile de coco. Selon elle, il faudrait fuir tous les aliments qui contiennent des « huiles végétales hydrogénées ». Ce gras va participer à la formation de plaques pouvant aboutir à boucher une artère.

Elle invite à remplacer le beurre par de la compote ou de la purée de légumes (par exemple dans les gâteaux faits maison), à fortement limiter sa consommation de fromage et de charcuterie et à manger moins de 5 grammes de sel par jour. Et on les atteint vite ! 1 tranche de jambon, 1 portion de camembert ou 1 pain au chocolat contiennent 1 gramme chacun. En moyenne, les Français consomment 10 grammes de sel par jour. Une catastrophe pour notre organisme. Essayez de le remplacer par des épices. Pour les matières grasses, privilégiez les huiles d’olive, noix et colza.
Et le sucre ? Là aussi, on abuse ! La Dr Querion préconise de bannir le sucre blanc, roux et leurs succédanés. A la rigueur, elle tolère un peu de miel ou de sirop d’agave car ils apportent d’autres nutriments. Le problème réside dans la nourriture quotidienne qui contient déjà du sucre, qu’il s’agisse des fruits bien sûr, mais également des biscuits, du pain surtout blanc ou des plats industriels, sans parler de l’alcool ni des jus de fruit.
Notre coeur voit passer 100 piscines olympiques
Dr Lionel Thébault, cardiologue au CHICAS : son truc, c’est l’activité physique qui fait des miracles pour prévenir les maladies cardiovasculaires. L’important est de bien alimenter ce bijou d’endurance qu’est notre coeur et dont il a rappelé les performances hallucinantes : cette « pompe » grosse comme le poing effectue 100.000 battements par jour pour envoyer le sang dans l’organisme, brassant ainsi l’équivalent de 8.000 litres en 24 heures. Soit 235.000 mètres cubes sur une vie de 80 ans. C’est comme si le contenu de… 100 piscines olympiques de 50 mètres de long passait par notre coeur !
Marcher rapidement, ça suffit !
« L’activité physique lui permet de bien fonctionner. Si les muscles des cuisses travaillent bien, le coeur travaille bien. La moitié du traitement du diabète, c’est l’activité physique. Car en marchant, on consomme le sucre. Or depuis quinze ans, nous sommes de plus en plus sédentaires. Il faut faire au moins 30 mn d’activité physique non stop par jour. Marcher suffit mais à un rythme soutenu, en étant essoufflé, sinon mon muscle ne consomme pas assez d’oxygène. » Comment savoir si on marche assez rapidement ? « Quand vous parlez en marchant, ça doit vous demander un effort, pas comme au repos« .
Un petit test pour savoir si on a la caisse : « On doit pouvoir monter 3-4 étages 2 marches par 2 marches sans être (trop) essoufflé. »
30% de maladies en moins grâce à la marche…
Surveillez donc chaque soir le podomètre de votre téléphone pour voir si vous arrivez à 7000 pas/jour, soit en gros 5,2 km, que l’on devrait parcourir de préférence en 40 mn. Et sinon, astreignez-vous à 3 séances hebdomadaires d’activité plus intensive (course, vélo, y compris le vélo d’appartement, natation…) de 30 mn chacune. « Avec l’activité physique régulière et durable dans le temps, on diminue de 30% toutes les maladies et le risque de mortalité prématurée » Mais il ne faut pas arrêter son effort, c’est la régularité qui compte.
Elle réduit encore de 58% le risque de diabète, de 15 à 29% le risque de cardiopathies, de 25% le risque d’AVC, de 24% le risque de cancer du sein, de 25% de cancer du côlon et de 30% de cancer de l’endomètre, de 10% le risque de fracture ostéoporotique. Elle fait baisser de 30% le risque de dépression (et elle a le même effet qu’un traitement antidépresseur); elle améliore la qualité du sommeil. Conclusion sans appel du Dr Thébault : sans la pratique d’activité physique, les gens vieillissent très mal.
Thrombose, anévrisme : on les surveille
Dr Fabien Devemy, médecin vasculaire : « On a 100.000 km de veines et d’artères dans notre corps, soit 2 fois le tour de la terre ! » C’est dire s’il est important d’en prendre soin car ils irriguent les moindres recoins. « Il existe deux grandes pathologies du système veineux : la thrombose qui touche 70 000 personnes par an en France, qui peut déclencher une embolie pulmonaire fatale, et l’insuffisance veineuse, quand le sang remonte mal au coeur. »

Idem pour les artères, avec le risque bien connu d’athérosclérose : « la formation de plaques due à une inflammation de l’artère, à son vieillissement, qui peut être prématurée si vous fumez ou si vous avez de mauvais gênes« . En se détachant, cette plaque d’athérome peut obstruer l’artère, former un caillot et provoquer un infarctus ou un AVC. Autre risque, l’anévrisme. Il s’agit d’une dilatation de l’artère qui peut rompre et provoquer une hémorragie massive et mortelle en quelques minutes. « Nous recommandons un dépistage de l’anévrisme de l’aorte abdominale chez les hommes de plus de 65 ans qui ont fumé ou qui ont une pathologie familiale. »
L’AVC, cette grande faucheuse
Dr Claire Vallée, neurologue au CHICAS : Et voilà l’intervention qui nous a tous fait trembler, celle sur l’AVC. « Il touche plus de 140 000 personnes chaque année en France. C’est l’équivalent de la population de notre département des Hautes-Alpes ! » 40 000 finissent directement au cimetière et beaucoup d’autres dans un fauteuil roulant.

1 Français sur 5 en sera atteint, si on continue comme ça. Autrement dit, si on ne modifie pas notre hygiène de vie et qu’on ne renforce pas la prévention. Notamment pour dépister l’hypertension artérielle. « L’hypertension artérielle est le facteur numéro 1 du risque d’AVC. Elle favorise la rigidité des artères du cerveau et la fabrication de plaques qui vont les obstruer. Malheureusement, 50% des hypertendus ignorent qu’ils le sont. » Achetez-vous un tensiomètre ou demandez au pharmacien de vous contrôler la tension, c’est à répéter tous les mois à partir d’un certain âge.
C’est la 2e cause de démence
En cas d’AVC chez un proche – ou de suspicion d’AVC caractérisée par un visage déformé avec la bouche qui s’affaisse d’un côté, l’impossibilité de parler ou des propos confus, une perte de vision brutale… – composez immédiatement le 15. « Un million de neurones meurent chaque minute, il ne faut pas perdre de temps. »
« L’AVC est est la 1re cause de mortalité chez la femme, la 2e cause de démence tous sexes confondus, la 1re cause de handicap acquis chez l’adulte. » Pourtant, 90% des AVC sont évitables en modifiant nos comportements et en réalisant les dépistages des maladies qui y conduisent.
Face à un signe d’infarctus, n’attendez JAMAIS !
Dr Jacques Quilici, chef du service de cardiologie, hôpital de Gap : « La 1re cause de mort subite après 35 ans, c’est l’infarctus. Face à une personne qui fait un infarctus du myocarde, appelez le 15, ne perdez pas de temps à aller chercher le voisin ! Ne sous-estimez pas les symptômes en pensant que c’est un coup de fatigue passager. Attendez les secours, ne conduisez pas vous-même la victime à l’hôpital car elle risque de faire un arrêt cardiaque dans votre voiture. L’idéal est de déboucher l’artère obstruée dans les 3 heures. Sinon les pertes pour le fonctionnement du coeur sont irréversibles. Le coeur est un organe incroyable et puissant, mais fragile. Au bout de 2 à 3h de manque d’oxygène, il est détruit, et la pompe perd 20 à 50% de ses capacités. Comme un moteur de voiture dont les pistons ne fonctionnent plus. Au moindre effort, comme monter une pente, on marche difficilement. C’est l’insuffisance cardiaque. »

Quand les chevilles gonflent…
Dr Anne-Sophie Canu, cardiologue : « L’insuffisance cardiaque, c’est le coeur qui ne pompe plus suffisamment et cela impacte l’ensemble de l’organisme. Dont les reins qui vont recevoir un message d’erreur qu’il faut garder de l’eau dans l’organisme pour aider le coeur, et ne pas l’évacuer. Cela se traduit par 4 conséquences : prise de poids rapide, des oedèmes (gonflements) au niveau des chevilles, un essoufflement inhabituel même en position allongée, une grande fatigue. Si vous avez ces symptômes, il faut suspecter l’insuffisance cardiaque. C’est une maladie de plus en plus fréquente. Après 70 ans, une personne sur 10 est touchée. »

Dr Florent Semeria, médecin généraliste au CHICAS : quel impact à la pollution sur les maladies cardiovasculaires ? Il est énorme ! « La pollution est la 3e cause de mortalité évitable en France. Cela représente 40 000 morts par an (dont 50% par maladies cardiovasculaires), soit 7% des décès, ex-aequo avec le tabac. Tous les organes sont impactés. »

Cheminées ouvertes = empoisonnement
« La pollution augmente le risque de faire de l’hypertension. Les riverains des grands axes routiers sont les plus concernés. Cela augmente également le risque de cancer. Heureusement la pollution aux particules fines, par exemple émises par les moteurs Diesel, diminue en France. » Que peut-on faire à part déménager loin des autoroutes, des grandes villes et des zones industrielles, ce qui s’avère souvent impossible ?
Intervenant en milieu de montagne, le Dr Semeria pointe du doigt la dangerosité du chauffage au bois. Deux situations sont critiques : les cheminées à foyer ouvert qui distillent leurs micro-particules dans toute la maison, et les vieux poêles qui ne sont pas très hermétiques.
Produits ménagers, meubles neufs : gare aux polluants !
Gare aussi aux produits ménagers comme les sprays ou liquides industriels pour laver les sols, les vitres ou les sanitaires. « Ils produisent des émanations qui perdurent. On augmente ainsi la pollution intérieure. Je conseille de les remplacer par du vinaigre blanc, du bicarbonate de soude ou du savon noir. » Attention encore aux meubles neufs, surtout dans les chambres d’enfants : leur structure agglomérée, leurs colles, relarguent beaucoup de polluants dans l’air ambiant et ça peut durer des mois. Conseil du médecin : acheter des meubles en bois massifs ou d’occasion, ils auront déjà relargué leurs polluants.
Un dernier pour la route ? « Aérer votre intérieur au minimum 2 fois par jour, pendant 5 à 10 minutes« .
Conférences à Marseille, Aix et Nice
Prochaines conférences gratuites sur la prévention des maladies cardiovasculaires organisées par MProvence : INSCRIPTION ICI
- Marseille : mardi 21 janvier à 17h30, amphi Gastaut, Aix-Marseille Université, jardin du Pharo, 58 Bd Charles Livon, 13007 Marseille
- Aix-en-Provence : jeudi 23 janvier à 18h, amphithéâtre du Centre hospitalier Montperrin, 109 avenue du Petit Barthélémy (à côté de la gare routière)
- Nice : jeudi 30 janvier à 17h30, salle Linné, Parc Phoenix, 405 Promenade des Anglais (entrée par le portal coulissant avenue des Grenouillères). Arrêt tramway : Parc Phoenix
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