Bernard Lemaitre, la taille patron du RC Toulon

2022 sera-t-elle l’année du réveil du RCT ? Il faudra attendre un peu après le report du match à Montpellier… En tout cas le président Bernard Lemaître, casquette vissée sur la tête, fait feu de tout bois : prolongation du contrat de Baptiste Serin, signature de l’ouvreur rochelais West et du Racingman Laborde, prise de position ferme contre les jauges de spectateurs dans les stades… Du haut de son mètre quatre-vingt dix ce chef d’entreprise imprime petit à petit sa marque sur le rugby français.

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Le mois de janvier sera crucial pour le Rugby Club Toulonnais et pour son président Bernard Lemaitre. Une fois de plus, et il n’a pas été épargné depuis son officielle prise de fonctions, le fringant octogénaire qui préside aux destinées du triple champion d’Europe (2013,2014,2015) voit son club empêtré dans les dommages collatéraux de la crise sanitaire.

Le report des matchs très attendus contre le leader bordelais puis la très en forme équipe de Montpellier et la réduction du nombre de spectateurs avec l’instauration des jauges dans les stades, mesure contre laquelle Bernard Lemaitre s’est respectueusement mais fermement opposé ces derniers jours, sont les dernières péripéties d’une série bien pénible pour le RCT.

Blessures et manque de réussite

Le manque de réussite de l’entraîneur Patrice Collazo, pourtant arrivé sur la rade auréolé de son parcours rochelais, a conduit les deux hommes qui s’apprécient réellement à se séparer à l’automne. Mais les deux dernières années ont été surtout marquées par une malchance incroyable pour le RCT avec les blessures du capitaine de l’équipe de France Charles Ollivon, du demi de mêlée des Bleus Baptiste Serin, de l’emblématique Sergio Parissé, du champion du monde sud-africain Eben Etzebeth et de bien d’autres joueurs de tout premier plan.

Si l’on y ajoute les incroyables péripéties européennes de l’an dernier avec un déplacement pour rien en Irlande suivi d’une élimination sur tapis vert, on peut parler de casse-tête sinon de cauchemar.

Un chef d’entreprise reconnu

Quand Bernard Lemaître a pris seul les rênes du RCT, le Covid n’avait pas encore déployé ses tentacules sur le rugby européen mais bien peu de choses ont été épargnées à ce chef d’entreprise auteur d’un magnifique parcours dans l’industrie pharmaceutique avec son entreprise Stedim un des leaders mondiaux dans les poches souples à usage unique dans les années 90 /2000. Après une belle carrière boursière , Stedim a été cédée au groupe allemand Sartorius  implanté à Aubagne, un des leaders du territoire en nombre d’emplois et en chiffre d’affaires.

Bernard Lemaître a investi plusieurs dizaines de millions dans le RCT, à titre personnel. Après des débuts marqués par une défaite honorable mais une défaite tout de même à Aix-en-Provence contre Bristol en finale de la Challenge Cup, un des rares titres manquant encore au palmarès du RCT, le président du RCT n’a pas eu beaucoup de chance sur ces premières années de mandat.

Mais revenons au présent, le calendrier très difficile de ce mois de janvier 2022 offre désormais aux Rouge et Noir, si la Covid ne s’en mêle pas d’ici là…, la réception de la Rochelle, qui reste sur cinq victoires dans ses six dernières confrontations avec Toulon

RCT-Stade Rochelais : des convergences

Les dernières saisons donnent l’impression de deux trajectoires qui se croisent avec l’émergence du club à la caravelle et ses deux finales en 2021 et la situation compliquée des Toulonnais dans les profondeurs du classement, mais, les Rochelais le rappellent d’ailleurs eux-mêmes à leurs laudateurs, c’est bien un adversaire vierge de tout titre majeur qui se rendra dans quelques jours à Mayol dans une confrontation entre deux clubs qui entretiennent apparemment de très bonnes relations.

Le RCT et le Stade Rochelais ont beaucoup de points communs, le plus important sans doute étant d’être dirigés par des entrepreneurs anciens joueurs qui connaissent parfaitement les valeurs du rugby. Les deux doyens des présidents du Top 14- Bernard Lemaître est le plus âgé et Vincent Merling le plus ancien dans la fonction- jouent le long terme en avalant parfois quelques couleuvres comme l’an dernier quand le Rochelais a été battu pour l’élection du président de la Ligue Nationale de Rugby.

Qu’à cela ne tienne, la gestion d’un club de l’élite du rugby français est bien suffisante pour satisfaire les deux dirigeants qui ont encore travaillé récemment ensemble en concluant le transfert de l’ouvreur néo-zélandais Ihaia West, formidable animateur d’attaques, en pleine forme actuellement après avoir digéré les finales perdues de 2021, et qui évoluera en rouge et noir la saison prochaine.

Et même s’ils priorisent l’obligation de résultats, Bernard Lemaître et Vincent Merling prônent un beau jeu, un rugby de mouvement parfaitement incarné par des joueurs exemplaires comme Kévin Gourdon. Passé par Toulon pendant sa formation puis fidèle à La Rochelle pendant toute sa carrière au plus haut niveau, le flanker international, contraint d’arrêter le rugby il y a quelques jours, avait d’ailleurs fêté son deux- centième match avec La Rochelle il y a un peu moins d’un an sur la pelouse de Mayol.

Le goût du beau jeu

L’ambition de Bernard Lemaître de proposer le meilleur spectacle rugbystique possible s’est traduite spectaculairement cet été avec le transfert d’un des meilleurs joueurs mondiaux, le springbok Cheslin Kolbe, chipé au prestigieux Stade Toulousain et qui, après avoir, lui aussi, été contraint à quelques mois de convalescence, pourrait s’avérer la recrue essentielle de la deuxième partie de saison. Comme quoi, le travail de fond n’exclut pas les coups d’éclat et la prise de risque. Un vrai job d’entrepreneur comme le démontre aussi le nouveau contrat de quatre ans signé par Baptiste Serin le 30 décembre.

Bernard Lemaître, président atypique, éloigné des provocations calculées et des sorties médiatiques de son prédécesseur, tient donc fermement la barre du vaisseau toulonnais. Son expérience de chef d’entreprise, son autorité naturelle et sa présence remarquée dans les instances du rugby français, sa compétence économique, et enfin ses qualités humaines dévoilées dans un bouleversant article de l’Equipe il y a moins d’un an, sont les meilleurs atouts pour sortir le RCT des profondeurs du classement du Top 14.

 

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