Cancer de la prostate : les 4 examens vérité

Prise de sang, toucher rectal, IRM et biopsie sont les 4 examens proposés pour repérer un cancer de la prostate qui touche 1 homme sur 8. Mais dès 50 ans, surtout si on est en bonne santé, nous devrions tous passer les 2 premiers ! Voici les recommandations du Dr Michaël Baboudjian.

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Nos programmes de recherche et développement portent sur des domaines où les besoins médicaux ne sont pas satisfaits.

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Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme puisqu’il touchera un homme sur 8 au cours de sa vie. Chaque année 60 000 nouveaux cas sont diagnostiqués. Mais alors justement comment se passe la prise en charge initiale lorsqu’il y a une suspicion de cancer ? Le docteur Michaël Baboudjian, chirurgien et urologue à l’hôpital Nord de Marseille, explique le parcours proposé pour vérifier s’il y a bien un cancer ou si c’est une fausse alerte.

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Quels sont les indicateurs qui vous font suspecter la présence d’un cancer de la prostate ?

Dr Michaël Baboudjian : Au cours du premier entretien concernant la détection précoce du cancer de la prostate, les 3 principaux indicateurs sont 1- l’élévation du PSA : le PSA c’est le marqueur biologique qu’on recherche sur la prise de sang et une élévation du PSA peut être évocatrice de début de cancer de la prostate; 2- C’est la réalisation du toucher de la prostate – toucher de la prostate (le toucher rectal) qui peut retrouver un nodule, qui peut être également évocateur d’un cancer de la prostate;

3- C’est la présence aussi d’antécédents familiaux, que ce soit de cancer de la prostate, de cancer du sein, de cancer de l’ovaire. Si ces antécédents sont importants – et on le recherche systématiquement – ils peuvent entrer dans le cas de formes familiales de cancer.

Un PSA élevé n’est pas forcément le signe d’un cancer

A partir de quel moment dites-vous au patient qu’il a peut-être un cancer ?

Il faut être assez prudent dans les annonces diagnostiques de suspicion de cancer puisque aucun examen dont on dispose actuellement – en dehors de la biopsie – ne permet d’établir un diagnostic de certitude. Ce sont juste des indicateurs. Un PSA élevé n’est pas forcément signe d’un cancer de la prostate. Au contraire, bien souvent un PSA élevé est associé à une hypertrophie de la prostate mais pas forcément à un cancer. Une IRM (imagerie par résonance magnétique), même si elle est anormale, n’est pas non plus systématiquement associée au diagnostic de cancer.

Ce sont des arguments que l’on va aller chercher pour conduire le patient jusqu’à la biopsie. Mais il y a seulement la biopsie qui permet d’affirmer ce diagnostic de cancer.

Après ces examens, vous réalisez donc une biopsie au bloc opératoire ?

On fait maintenant les biopsies en consultation, sous anesthésie locale et par voie trans périnéale. La voie trans périnéale a remplacé la voie trans rectale. Donc l’aiguille passe par le périnée, la zone de peau qui est entre les testicules et l’anus, et en faisant cette procédure là on se rend compte qu’on n’a plus du tout eu d’infections. Or ces infections sont redoutées. Avant, par voie trans rectale, les aiguilles passaient par le rectum donc il y avait un risque d’ensemencer les bactéries du rectum vers la prostate.

La biopsie confirme le cancer et son danger

Est-ce douloureux ?

Nous avons tout un protocole d’anesthésie locale qui est mis en place. On fait une anesthésie au niveau du périnée. On a aussi ce qu’on appelle le meopa – c’est le gaz hilarant qui va un petit peu assoupir les patients. Et on a aussi maintenant des casques de réalité virtuelle. Tout ça combiné avec la discussion en direct avec le patient fait que l’expérience est plutôt favorable et généralement la procédure se passe sans aucune douleur.

Que va montrer une biopsie de la prostate ?

La biopsie de la prostate va montrer plusieurs éléments qui sont extrêmement importants pour la suite de la prise en charge du patient. Premièrement, est-ce que oui ou non il y a un cancer ? Deuxième point qui est important : est-ce que ce cancer est un cancer de forme classique ou est-ce qu’il y a des variants qui peuvent montrer des signes d’agressivité ?

Le 3e point important à la biopsie qu’on va collecter, c’est finalement le grade de ce cancer qui va du 1-c’est un cancer gentil et qui peut être surveillé à 5- c’est un cancer agressif. Et donc ces éléments là vont permettre à la fois de faire le diagnostic, d’évaluer le pronostic du patient et également de le guider vers le traitement qui est le plus adapté à sa maladie.

Voir l’urologue 1 fois par an

Je vais vous poser un cas clinique. Imaginons que le taux de PSA est élevé ou qu’une anomalie apparaît au toucher rectal, qu’on a une image suspecte à l’IRM mais que le résultat de la biopsie revient négatif. Que dites-vous au patient ? Qu’est-ce que vous faites avec ce patient ?

Ce qu’il est important de comprendre, c’est que le PSA  élevé et l’anomalie à l’IRM ne sont pas des examens qui sont parfaits. Très souvent on va avoir des biopsies qui vont être rendues négatives. Ces patients là, il faut continuer à les suivre. Parce qu’il y a une toute petite proportion d’entre eux – 5% – qui un jour dans leur vie, après leur première biopsie négative, auront un diagnostic de cancer. Parce que le PSA continue à monter et on a rebiopsé et puis finalement on a trouvé le cancer. C’est une vraiment une minorité des patients. Mais il est important de continuer à les suivre malgré une biopsie négative.

On continue à se faire suivre par son urologue tous les combien ?

Les recommandations nationales, c’est tous les 2 ans. Alors il n’ y a rien qui est organisé à l’échelle d’une population. Généralement on voit son urologue au moins une fois par an avec le PSA.

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Pas souvent d’urgence dans la prise en charge

Imaginons que tous les résultats convergent vers la présence d’un cancer. Comment prenez-vous une décision pour la mise en route des traitements ?

La décision est basée sur les recommandations que l’on a en France mais aussi en Europe. Elle est basée sur les caractéristiques de la maladie avec le PSA, l’IRM, la biopsie. Elle est basée également sur le bilan d’extension, ce sont les examens complémentaires qu’on va réaliser. Par exemple le TEP scanner pour s’assurer que la maladie est localisée à la prostate et qu’elle n’est pas diffusée aux ganglions ou à d’autres organes à distance.

Toute prise de décision concernant le traitement va être discutée avec les oncologues, les radiologues et les anatomopathologistes. Donc la prise en charge qui sera proposée sera celle qui reflètera le mieux le référentiel, c’est-à-dire celle qui est le plus adaptée au patient.

Est-ce qu’il y a urgence quand on nous annonce qu’on a un cancer de la prostate ?

Tout dépend le stade au moment duquel le cancer est diagnostiqué. Quand le cancer est localisé à la prostate, il n’y a jamais d’urgence. C’est-à-dire qu’on n’a pas cette pression de programmer une intervention, de débuter une radiothérapie, comme on peut avoir dans d’autres cancers qui touchent d’autres organes. Dans la prostate on a toujours un tout petit peu quand même le temps de se poser, de réfléchir et d’anticiper la prise en charge, de préparer le patient au traitement. C’est extrêmement rare quand le cancer est localisé qu’il y ait du rush.

Par contre, quand le cancer est métastatique et a fortiori si le patient a des symptômes liés à ces métastases, là il est très important de débuter un traitement rapide pour soulager les symptômes du patient liés à la présence de métastases.

90% des cancers restent localisés

La plupart du temps c’est un cancer qui est localisé à la prostate ?

Dans 90% des cas, lorsque le diagnostic de cancer est fait, il est localisé à la prostate. On a quelques patients – une dizaine de pourcents – qui sont diagnostiqués à un stade métastatique. Et bien souvent c’est parce que leur premier PSA été réalisé bien trop tard.

Dans quel cas préconisez-vous la surveillance active, c’est-à-dire qu’on ne va pas traiter le cancer tout de suite mais on va le surveiller. Comment se déroule cette surveillance ?

La surveillance active historiquement est dédiée aux cancers de faible risque, ceux qui sont de grade 1, donc les patients à faible risque. De plus en plus, depuis maintenant 5-6 ans, on va même étendre cette surveillance active aux patients qui sont à risque intermédiaire. Ce sont des patients qui sont sélectionnés, mais on sait que chez ces patients là on a aussi un bénéfice à retarder voire à éviter le traitement puisque certains ont une maladie qui n’évoluera jamais.

Surveillance active : pas de traitement immédiat voire jamais !

La surveillance active, comme son nom l’indique, c’est une surveillance active, mais qui est très active ! On a besoin d’une participation du patient, on va doser régulièrement le PSA – au moins 2 fois par an – et on va réaliser une IRM de la prostate une fois par an. Au cours du suivi on va parfois proposer aux patients la réalisation de nouvelles biopsies. Ces nouvelles biopsies seront indiquées par exemple si à l’IRM il y a une modification du nodule, s’il a grossi. Dans ce cas-là on peut proposer une nouvelle biopsie pour s’assurer que la maladie n’est pas évoluée. Et généralement le patient quittera la surveillance active pour un traitement uniquement si la biopsie montre que la maladie a progressé.

Globalement, si on prend une cohorte de 100 patients qu’on va suivre 10 ans, seulement la moitié d’entre eux auront un jour un traitement. Et la moitié ne seront jamais traités et n’auront une maladie qui n’aura jamais évolué.

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Une solution proposée dans les 3 mois

Eh bien c’est une bonne nouvelle ! A l’inverse, si le cancer est classé comme étant agressif, dans quel délai le patient pourra-t-il bénéficier d’un traitement ? Est-ce que ça va vite ?

Généralement on essaie de proposer un traitement dans les 3 mois suivant le diagnostic. Après, encore une fois, on a l’avantage dans le cancer de la prostate de toujours avoir la possibilité de prendre un peu plus le temps pour préparer le patient, trouver la bonne solution, faire les examens complémentaires. Généralement on essaie de proposer dans les 3 mois. C’est une règle assez commune bien qu’il n’y ait pas de recommandations officielles à ce sujet.

L’importance des cancers dans votre famille

Dans quel cas d’antécédents familiaux un homme doit-il s’inquiéter ?

Les antécédents familiaux, c’est important. Il faut les rechercher au moment de la première consultation parce que peu de cancers de la prostate – 5% seulement, mais ils existent ! – sont associés à des mutations génétiques. Il y a des formes génétiques de cancer de la prostate parce que vous avez hérité du mauvais gène dans votre famille.

Les cancers qui doivent vous mettre la puce à l’oreille, c’est la présence de cancers de la prostate dans votre famille évidemment mais il faut aussi regarder du côté des dames puisque le cancer du sein, le cancer de l’ovaire et plus rarement même le cancer du pancréas, peuvent être associés à des formes génétiques du cancer de la prostate de la prostate.

Quand on parle de cancer de la prostate dans notre entourage, c’est quoi ? C’est mon père, c’est mon oncle, mon frère ? On va jusqu’où ?

Généralement on regarde au 1er et au 2e degré du même côté de la branche familiale. C’est-à-dire que si vous avez un cancer du sein du côté de votre mère et un cancer de la prostate du côté de votre père, ça ne marche pas. Il faut que ce soit du même côté, la même branche, donc soit du père soit de la mère. On va regarder le 1er et le 2e degré, c’est-à-dire parents et grands-parents. On va regarder également la fratrie et pourquoi pas les enfants, si les enfants commencent à être âgés et sont potentiellement en âge d’avoir un cancer.

Le docteur Michaël Baboudjian participe à la campagne d’information organisée par MProvence dans la région Sud-PACA durant tout le mois de novembre 2025 : « Cancer de la prostate : comment le dépister, le prévenir, le soigner ? » Retrouvez toutes les informations sur ce sujet dans notre rubrique Santé.

 

Soirée "La Prostate, parlons-en pour nous protéger"
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