Les cancers urologiques – prostate, testicules, vessie, reins … – sont parmi les plus fréquents mais on peut également les soigner s’ils sont détectés suffisamment tôt. Quels sont les signes qui doivent alerter ?
Les symptômes sont assez variés en fonction de l’organe concerné. Pour les cancers de la vessie ou du rein, le signe d’alerte le plus fréquent est la présence de sang dans les urines, qui doit amener le patient à consulter très rapidement son médecin généraliste ou un urologue. Pour le cancer du testicule, c’est la perception par le patient d’une augmentation de volume d’un de ses testicules, généralement sans douleur, qui doit alerter. Pour la prostate, les symptômes sont généralement très tardifs, d’où l’intérêt d’un diagnostic précoce par dosage du PSA et toucher rectal.
Cancer de la vessie : c’est le tabac
Peut-on les prévenir avec une certaine hygiène de vie ?
Les cancers de la vessie sont dans la majorité des cas liés au tabac. Les patients n’en ont généralement pas connaissance, et pensent que seul le risque de cancer du poumon est augmenté. Il est donc indispensable de bien les informer et d’essayer de les accompagner dans le sevrage tabagique. Il n’y a en revanche pas de preuve établie entre l’alimentation ou la consommation de certains aliments et la survenue d’un cancer urologique, même si on entend beaucoup de choses autour du cancer de la prostate ; ces rumeurs ne sont pas fondées et ne doivent pas conduire à des régimes alimentaires injustifiés.
Si l’on parle du cancer de la prostate, le plus fréquent chez l’homme, la population est-elle suffisamment informée ?
L’information est présente mais elle n’est pas forcément qualitative. Le débat s’est cristallisé autour du dépistage et du risque de sur-diagnostic, alors que la prise en charge a complètement évolué depuis 10 ans avec des stratégies de diagnostic précoce et de traitement adapté en fonction du risque, qui permettent aujourd’hui de proposer pour chaque patient une prise en charge personnalisée en limitant au maximum les effets secondaires potentiels de nos traitements.
Détection précoce dès 50 ans
Quelles sont les conditions pour se faire dépister ?
Même si on ne parle plus aujourd’hui de dépistage, mais de diagnostic précoce, la finalité est la même : éviter les formes métastatiques qui tuent encore 8 000 hommes chaque année, soit près d’un mort chaque heure, en France. Aujourd’hui, une détection précoce doit être proposée dès 50 ans, chez les hommes ayant une probabilité de survie d’au moins 10 ans, avec l’accord du patient, après une information loyale sur le diagnostic mais aussi les modalités thérapeutiques du cancer de la prostate intégrant les séquelles éventuelles. La détection précoce repose alors sur le toucher rectal et le dosage du PSA.
Quels messages employer pour convaincre les hommes de se faire dépister ?
Il faut avant tout les rassurer sur le fait que certains cancers indolents ne nécessitent pas forcément de traitement, mais que ce qui nous intéresse, en tant que médecin, est de ne pas méconnaître et laisser évoluer un cancer agressif qui, à terme, risque de donner des métastases et d’entraîner le décès du patient. Il faut aussi les informer de l’évolution des techniques chirurgicales et de radiothérapie qui nous permettent aujourd’hui de traiter mieux, avec moins de séquelles.
Des solutions pour retrouver des érections
Et s’ils vous répondent qu’ils préfèrent ne pas savoir car le traitement chirurgical ou de radiothérapie risque de les rendre impuissants, que leur dites-vous ?
Il faut bien sûr respecter ce choix. Même si les techniques chirurgicales et de radiothérapie se sont améliorées ces dix dernières années, il peut y avoir un problème d’érection dans les suites du traitement. Des médicaments existent pour récupérer des érections de bonne qualité et retrouver une sexualité satisfaisante, et nous sommes là pour les accompagner après le traitement. Si malgré tout le patient ne veut pas se faire dépister, c’est son choix et nous devons le respecter.
Il faut le rappeler, le cancer de la prostate peut désormais faire l’objet d’une surveillance active, sans forcément une intervention. Dans quels cas ?
Lorsque le cancer est faiblement agressif, il n’y a aucun bénéfice pour le patient à le traiter, car ce cancer peut ne jamais évoluer et donc n’aura aucun impact sur l’espérance de vie du patient. Dans ces cas-là au contraire, le traitement peut même être délétère en entraînant des effets secondaires ou des séquelles sans aucun bénéfice pour le patient. En pratique, il s’agit des cancers de score de Gleason 6 (ou ISUP 1) sur les données de biopsies prostatiques. Il est donc nécessaire d’avoir réalisé des biopsies de prostate, idéalement ciblées sur les données de l’IRM, afin de mieux caractériser le cancer, avant de pouvoir proposer au patient cette stratégie. Cette surveillance active consiste à ne pas traiter, mais à surveiller de près l’évolution du PSA, de l’IRM et des biopsies, pour pouvoir proposer un traitement de manière différée si le cancer venait à évoluer dans le temps.
Des progrès à tous les étages d’ici 10 ans
Peut-on espérer de nouveaux progrès thérapeutiques ?
Bien sûr ! Le cancer de la prostate est l’un des cancers qui a vu le plus d’innovations diagnostiques et thérapeutiques sur les dix dernières années. Il y a fort à parier que la prochaine décennie nous apportera encore son lot d’innovations, avec des techniques d’imagerie de plus en plus performantes, des traitements de moins en moins invasifs et de nouveaux médicaments qui viendront probablement élargir les possibilités thérapeutiques. Jour après jour, nous mettons tout en œuvre pour améliorer encore la prise en charge de nos patients.
Dans le cadre de l’opération « Soyez Prostache ! » organisée par MProvence, le docteur Géraldine Pignot participera ce mardi 13 décembre à 17h à Marseille à une conférence ouverte au public et intitulée « Cancer de la prostate : le dépister, le soigner, les progrès de la médecine, les conseils pour vivre et surmonter la maladie. » Avec le Pr Eric Lechevallier (CHU Conception), le Pr Cyrille Bastide (CHU Nord), le Dr Jean-Laurent Deville et le Dr Xavier Muracciole (CHU Timone). L’entrée est libre. Rendez-vous au Palais de la Bourse, 9 La Canebière. Métro ligne 1 station Vieux-Port. En partenariat avec l’Association Française d’Urologie, la Ligue contre le cancer, France Bleu Provence, la Chambre de Commerce d’Aix-Marseille Provence et le laboratoire Bayer.
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