Brigitte et Eric Lavenne élèvent des chevaux de trait à Upaix (Hautes-Alpes), mais celui qui tracte aujourd’hui la famille sur le plan professionnel, c’est Tristan, leur fils âgé de 20 ans. Passionné d’agriculture, il a entraîné les siens dans la grande aventure de l’agrivoltaïsme, avec succès pour le moment. Et sa petite sœur de 13 ans est déjà prête à lui emboiter le pas.
Un outil de travail moderne
Il y a trois ans, il a démarché une entreprise qui exploite des serres photovoltaïques pour en implanter sur les terres terres familiales, afin de diversifier des activités jusque là cantonnées à l’arboriculture et l’élevage équin. Aujourd’hui, les Lavenne disposent ainsi d’un outil de travail moderne, qu’ils peinent encore à apprivoiser mais qui leur permet de tester de nouvelles choses. « Je voulais me lancer dans le maraîchage et la production de plants en plus des arbres, explique Tristan, et compte tenu de l’investissement, qui s’élève à plus d’un million d’euros, jamais nous n’aurions pu le faire par nous-mêmes. Cela aurait été impossible de l’amortir. »
Avant l’implantation des serres, ils avaient toutefois posé quelques conditions, dont l’une non-négociable imposée par Brigitte : que les panneaux solaires soient fabriqués en France. C’est pourquoi ils se sont rendus à Agen pour visiter l’usine de fabrication, histoire d’être surs de ce qu’ils allaient avoir au-dessus de la tête. Aujourd’hui, ils disposent d’une serre de 6000 m2 pour le maraîchage et d’une autre de 9000 m2 avec des arbres fruitiers : cerisiers, pruniers, abricotiers et kiwis.
L’ombre, une problématique à régler
Dans la première, ils ont même mis une seconde serre chauffée avec des agrumes, pour voir quelles variétés s’adapteraient le mieux. Pour le moment, ils sont toujours en phase d’expérimentation et n’ont pas trouvé les cultures adéquates. Leurs fruitiers, qui auraient dû commencer de produire cette année, ont quand même gelé au printemps, comme ceux en plein champ. « Contrairement à ce que nous pensions au début, les serres n’empêchent pas le gel. En gros, il y a une différence de +3°C par rapport à l’extérieur », détaille Éric. Ils vont donc investir dans un système antigel pour éviter que cela ne se reproduise.
Cette année, dans la serre maraîchère, Tristan a planté des fraises. L’an dernier, il avait tenté sans grand succès de planter des tomates. Elles étaient de bonne qualité, mais avec des rendements trop faibles. Le principal écueil de cette installation, recouverte à 50 % de panneaux solaires, est l’ombre qui ne permet pas une photosynthèse idéale. Ils continuent donc à expérimenter, pour trouver ce qui marche le mieux.
Si elles ont été construites gratuitement, les serres qui produisent 1,3 MWh ne leur rapportent rien, à part une petite redevance règlementaire de 50 € par an. L’entretien et la maintenance sont assurés par l’exploitant, qui en est propriétaire pour 30 ans.
Alexandra Gelber
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