Le 17 janvier 2022, H2V et le Grand port maritime de Marseille-Fos (GPMM) ont annoncé un investissement colossal, historique à Fos de 750 M€ visant à alimenter les industriels de la zone portuaire en hydrogène vert en particulier ceux de la pétrochimie et Arcelor Mittal Fos, principal émetteur de polluants atmosphériques de la zone industrialo-portuaire.
La transition énergétique se matérialisera donc par la construction progressive, entre 2026 et 2031, de six unités de production de 100 mégawatts au Caban Sud qui devraient produire 84 000 T / an d’hydrogène renouvelable par électrolyse de l’eau. Cette nouvelle unité devrait contribuer à la création de 165 emplois directs et 100 emplois directs indirects selon les deux porteurs du projet qui à ce stade n’ont pas contractualisé avec les industriels.
Hydrogène, GNL, éolien… Un vent nouveau sur les quais
« 2021 est une année dynamique pour les énergies nouvelles », a confirmé, le 18 janvier 2022, lors de la présentation du bilan des trafics annuels, Lionel Rivière. Occupant depuis juillet 2021, la toute nouvelle direction de la valorisation du patrimoine et de l’innovation du port de Marseille-Fos, il a annoncé après le revers en octobre 2020 de la Cour administrative de Nantes, la reprise du projet de Provence Grand Large qui va se matérialiser par l’installation de trois éoliennes à 17 m des côtes de Port Saint-Louis du Rhône par 100 m de fond avec une mise en service annoncée pour 2023.
« D’une capacité de 25 MW chacune, elles produiront l’équivalent de la consommation électrique d’une ville de 25 000 habitants », a précisé Lionel Rivière. A Fos également, le GNL qui affiche un bon score en 2021, devrait poursuivre son embellie avec l’arrivée en décembre 2021 du souteur « Gas Vitality » qui avitaillera depuis Fos Cavaou les porte-conteneurs de CMA CGM de 15 000 Evp dans le cadre d’un contrat avec TotalEnergies.
Un nouveau siège social pour le GPMM mais pas seulement…
Dans les bassins Est, la décarbonation se poursuit cette fois dans l’équipement des terminaux Corse, Maghreb et Croisière en courant de quai. Un investissement de 50 M€ qui permettra aux navires de stopper les moteurs lors des escales. Parmi les nouveautés, Hervé Martel, président du directoire, a annoncé la construction d’un nouveau bâtiment de 28 000 m2 à la Joliette à la place de l’actuel siège social du GPMM un « montage complexe » visant à confier l’investissement de 107 M€ à un promoteur immobilier.
« Le port préfère mettre de l’argent dans des outils industriels », commente Hervé Martel. Dans le cadre d’une opération mixte, le bâtiment abritera les agents portuaires sur 8 000 m2, des bureaux et des commerces pour 20 000 m2. Et la possibilité pour les Marseillais de se promener bord à quai à horizon 2026. Un calendrier qui devrait coïncider avec la métamorphose du J1 dont les travaux débuteront cette année.
Nouvelle gouvernance et rapprochement avec Lyon
2021, une folle année s’achève dans le transport maritime international de marchandises. Une année marquée par la flambée des taux de fret et la désorganisation totale de la chaîne d’approvisionnement mondiale. « Dans ce contexte, l’Europe a été épargnée la désorganisation touchant principalement l’Asie et les États-Unis », analyse Élisabeth Ayrault qui préside le port de Marseille-Fos par intérim depuis janvier 2021, au lendemain du décès de Jean-Marc Forneri.
Faute de successeur en vue après la condamnation de celui qui était pressenti pour occuper ce poste, l’ex patron d’Orange Stéphane Richard dans l’affaire de l’arbitrage de Bernard Tapie, Élisabeth Ayrault assure encore la transition malgré son départ de la présidence de la Compagnie Nationale du Rhône. Revenant sur la mission confiée par Emmanuel Macron lors de sa venue à Marseille en septembre dernier vouée à rapprocher Marseille de Lyon, à l’image de la création d’Haropa unissant les ports de l’axe Seine, elle a annoncé la présentation mi-mars de différents modes de gouvernance qui devrait rapprocher Marseille des ports de l’axe Rhône-Saône.
75 MT et 1,2 million de passagers en 2021
Avec 75 MT traités sur les quais en 2021, le port de Marseille-Fos a vu ses trafics reculer de 5% comparé à 2019, dernière année de référence avant la pandémie.
En 2021, la Covid 19 et ses variants ont continué d’affecter l’activité voyageurs à Marseille avec de nombreuses fermetures de frontières et donc des interdictions d’opérer des lignes de passagers en particulier vers le Maroc et l’Algérie.
Côté croisière, après l’année blanche de 2020, l’activité a retrouvé un peu de couleur en juillet 2021, totalisant 350 000 croisiéristes. Ainsi, avec 1,2 million de voyageurs (en cumulant les lignes sur la Corse), Marseille est loin des niveaux d’avant-crise avec 3 millions de passagers. Côté flux de marchandises, l’année écoulée a été marquée par un pic d’activité de flux conteneurisés à 1,5 million d’Evp (+2% comparé à 2019), des conteneurs qui se tournent de plus en plus vers le rail pour les pré et post acheminement.
« Duisburg Ramp », CMA CGM se lance dans le ferroviaire en France
D’ailleurs CMA CGM débutera les 24 et 25 janvier prochains deux services ferroviaires entre Marseille et Duisbourg et Fos-Duisbourg ce qui devrait accroître un peu plus la part du ferroviaire. Au rang des investissements dans la filière conteneurs, Hervé Martel, président du directoire de l’établissement public, a annoncé le transfert de portiques à conteneurs par CMA CGM d’un port de Méditerranée vers Mourepiane, l’arrivée également d’un portique ferroviaire en prévision du transfert de la gare du Canet et la possible extension de Fos 2XL dans quelques mois.
Marseille-Fos a bénéficié de la bonne tenue en 2021 des flux de remorques avec l’ouverture de la ligne Marseille-Tanger par la Méridionale et Marseille-Homs en Lybie par Glenhallen. Les trafics automobiles ont progressé de +4% par rapport à 2019 avec l’arrivée depuis 2019 du coréen Hyundai et la montée en puissance de Stellantis qui expédie ses véhicules depuis Kenitra.
Mutation dans les vracs liquides et solides
C’est dans le domaine des vracs liquides qui s’opère la mutation du port de Marseille, historiquement tourné vers les imports de pétrole brut. Restructuration du raffinage européen, fermeture de Cressier en Suisse, conversion de Total La Mède aux biocarburants… Résultats le brut continue son déclin.
Restructuration également de la filière des vracs solides marquée par l’arrêt des imports de charbon pour la Centrale de Provence désormais aux mains de Gazel Energie et l’arrêt également des entrées de bauxite pour Alteo qui dans le cadre d’un changement de process industriel importe désormais via les basins Est des hydrates de bauxite depuis la Guinée.
Appel à la grève le 26 janvier prochain
Des décisions qui impacte directement les travailleurs portuaires qui ont décidé d’intensifier les mouvements sociaux. Ainsi après une matinée de grève le 13 janvier dernier à Fos, la CGT du port, des dockers, des Mines et de l’Energie annonce un arrêt de travail le 26 janvier.
« Depuis l’arrêt de la Centrale de Gardanne, nous avons perdu 800 000 tonnes par an de charbon depuis deux ans, soit 70 ETP de dockers, d’agents de maintenance et de personnels administratif de perdus. L’Unité biomasse qui représentait 400 000 tonnes par an d’importation de copeaux de bois est également stoppée. Au lieu de bénéficier de relais de croissance promis, nous subissons l’arrêt de l’importation de bauxite par Alteo soit un million de tonnes avec des journées de travail en moins pour des dockers du BCMO », déplore Christophe Claret, nouveau secrétaire général CGT des dockers des bassins Ouest.
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