De nouveaux traitements arrivent contre le cancer de la prostate

Les traitements contre le cancer de la prostate évoluent et les possibilités se multiplient pour les patients, notamment pour les stades avancés. La Dr Gwenaëlle Gravis, oncologue médicale spécialisée en onco-urologie à l’Institut Paoli-Calmettes, dévoile les innovations en cours. Elle participera jeudi 16 novembre à Marseille à une conférence ouverte au public (infos en bas de l'article). Un entretien réalisé par Maëlle Riou-Bourdon et Anastasia Robin, étudiantes à l'Ecole de journalisme et communication d'Aix-Marseille.

La prostate parlons-en !

Entretien réalisé par Maëlle Riou-Bourdon et Anastasia Robin

Quels sont les traitements largement utilisés contre le cancer de prostate qui sont les plus innovants ?  

Les traitements les plus innovants qui ont modifié la prise en charge des cancers de la prostate sont les hormonothérapies de nouvelle génération. Ce sont des médicaments qui vont bloquer le récepteur à la testostérone ou la synthèse de cette testostérone. Cette testostérone est l’aliment principal des cellules du cancer de la prostate. On combine ces traitements à une hormonothérapie d’ancienne génération qui bloque également la sécrétion de testostérone. L’association des deux a révolutionné la prise en charge du cancer de la prostate avec des métastases. La chimiothérapie a également été associée à cette suppression androgénique et a apporté un bénéfice important dans le cancer de la prostate métastatique.

“Un nouveau médicament dont l’efficacité est prouvée”

Nous évoluons vers du traitement de plus en plus personnalisé. Nous allons avoir des résultats encore très importants qui vont être présentés au Congrès européen de cancérologie concernant la radiothérapie vectorisée, qui est une radiothérapie ciblant un antigène présent à la surface des cellules normales mais en particulier des cellules du cancer de la prostate qui vont diffuser dans l’organisme le PSMA (antigène membranaire spécifique de la prostate). Nous avons trouvé un médicament qui avait déjà montré son efficacité après les hormonothérapies de nouvelle génération, après la chimiothérapie et qui confirme cette efficacité dans des situations plus précoces. Donc c’est aussi une innovation.
Nous avons également déterminé, grâce aux analyses moléculaires, des altérations des gènes de réparation de l’ADN qui sont dans la tumeur (et dans certains cas qui sont dans toutes les cellules de l’organisme) pour lesquelles on a des traitements spécifiques dans le cancer de la prostate que l’on associe à l’hormonothérapie. Et puis d’autres molécules qui sont à venir.

Existe-t-il des effets secondaires potentiels à ce traitement ?

Bien sûr, l’hormonothérapie a de nombreux effets. La suppression androgénique va donc inhiber la sécrétion de testostérone qui est une hormone très importante chez l’homme. Cela va conduire à diminuer la libido, diminuer l’érection, et peut donner de la fatigue, des troubles cognitifs, de l’ostéoporose, des bouffées de chaleur, des modifications du cholestérol, des triglycérides, de la glycémie et parfois des syndromes métaboliques. Il est donc très important d’anticiper au maximum ces effets indésirables et de les prendre en charge pour que la qualité de vie du patient, qui subit ce traitement, soit la meilleure possible. Il y a donc toute une organisation et des soins à mettre en place pour limiter cette toxicité.

“Il ne faut pas mettre de côté la chimiothérapie”

La chimiothérapie semble être de moins en moins utilisée au profit d’autres traitements. Est-ce le cas et si oui, pourquoi ?

La chimiothérapie garde sa place dans la situation du cancer de la prostate métastatique et c’est une arme thérapeutique qui a prouvé son efficacité. Mais effectivement, parfois, on commence par d’autres hormonothérapies et on est amené à faire la chimiothérapie un peu plus tard. Mais elle garde son efficacité et il ne faut pas du tout la mettre de côté. Bien sûr, elle a des effets indésirables mais, encore une fois, on peut en diminuer les conséquences grâce à des traitements. Nous avons montré que, pour le cancer de la prostate métastatique qui est assez agressif, le fait de combiner la suppression androgénique, les hormonothérapies de nouvelle génération et la chimiothérapie apporte un bénéfice par rapport à l’absence de chimiothérapie, pour certains patients bien sûr.

Existe-t-il des traitements qui sont encore peu utilisés mais qui sont très prometteurs, dont on n’a pas encore parlé ? 

Bien sûr, il y a des nouveaux traitements qui reposent sur des altérations moléculaires que l’on a identifiées sur la tumeur. Ils ciblent spécifiquement ces altérations moléculaires et sont en cours d’évaluation dans des essais de phase 3, dans lesquels nous mesurons le bénéfice de ces traitements dans des cohortes de patients. Ce sont des études internationales pour lesquelles on attend encore les résultats.

“Associer la chimiothérapie, l’hormonothérapie et la suppression androgénique chez certains patients améliore la durée de vie”

De nombreux essais sont en cours en ce moment en France. Avez-vous connaissance de l’un d’entre eux en particulier, de près ou de loin ? Et si oui, pouvez-vous nous en dire un peu plus ? 

Alors oui, j’ai connaissance de ces essais puisque je travaille dans l’équipe du GETUG (groupe d’étude tumeurs urogénitales) français, qui est très actif, et qui fait de nombreux essais pour essayer d’optimiser la prise en charge du cancer de la prostate en augmentant la quantité de traitement. L’étude Peace-1 a montré qu’associer la chimiothérapie, l’hormonothérapie et la suppression androgénique chez des patients de haut volume améliore la durée de vie.
Nous travaillons actuellement avec des patients qui ne répondent pas bien à ces traitements pour essayer d’optimiser ces traitements. Ou au contraire avec des patients qui répondent très bien dans des projets de désescalade thérapeutique pour diminuer les traitements, et essayer d’individualiser les traitements sur des caractéristiques de réponses qui s’affinent, et améliorer la qualité de vie des patients.

Rencontrez la Dr Gravis jeudi 16 novembre à Marseille

La Dr Gwenaëlle Gravis participera avec 8 autres médecins à la conférence « La prostate, parlons-en pour vous protéger ! » organisée par MProvence. Rendez-vous jeudi 16 novembre à 16h30, amphithéâtre Gastaut, Université d’Aix-Marseille, jardin du Pharo, 58 boulevard Charles Livon, 13007 Marseille. Entrée libre. Parking public en face du jardin.
Venez poser vos questions !

cet article vous a plu ?

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partagez vos commentaires.

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partager vos commentaires.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *