Du port de Marseille-Fos à l’hinterland : les flux multimodaux en Région Sud
La table ronde « Du port de Marseille-Fos à l’hinterland : les flux multimodaux en Région Sud » a réuni, sous la conduite du journaliste Yves Blisson, des acteurs clés de la transition énergétique et de la décarbonation en Région Sud.

Au cœur des débats : la mise en place d’un hub multimodal décarboné capable d’absorber la réindustrialisation de la zone industrialo-portuaire de Fos, de fluidifier les flux et de réduire l’empreinte carbone.
Réindustrialisation : un moment à ne pas manquer
Pour Jean-Michel Diaz, président du Groupement Maritime et Industriel de Fos (GMIF), la région vit « une nouvelle révolution industrielle ». Les annonces totalisent près de 20 milliards d’euros d’investissements et 10 000 emplois directs à l’horizon des prochaines années, avec des effets induits majeurs sur le logement, la formation et les mobilités.

Cette dynamique impose un changement d’échelle logistique : réduire les coûts par la massification, fiabiliser les temps de livraison et intégrer l’impact transport dans le bilan carbone des produits.
Électricité française : une énergie à disposition et indispensable à la décarbonation
La transition ne se fera pas sans un réseau électrique à la hauteur. En Région Sud, les besoins pourraient doubler d’ici 2030 (de 5–8 GW à 10–16 GW). Caroline Ritzenthaler, directrice de la transition écologique et des grands projets d’EDF Région Sud, a rappelé que l’électricité française est déjà décarbonée à environ 95 %.
L’enjeu porte donc sur l’acheminement : le renforcement 400 kV entre vallée du Rhône et Côte d’Azur est jugé incontournable pour sécuriser l’alimentation des sites industriels et des nouvelles mobilités. À la clé : une électrification des usages (industrie, logistique, derniers kilomètres) alignée sur les objectifs climatiques.
Marseille-Fos : foncier, intermodalité et corridors verts
Fabienne Margail, cheffe du département solutions intermodales et passage portuaire du Grand Port Maritime de Marseille-Fos (GPMM), a rappelé que le port dispose de 10 400 hectares d’emprise, dont une large part préservée.

Le foncier disponible, les embranchements ferroviaires, les bassins fluviaux et les pipelines (70 % des volumes énergétiques transitent déjà en pipe) font du site un atout stratégique pour la décarbonation logistique. La stratégie portuaire s’articule autour de la coopération public-privé et du développement des corridors verts Méditerranée–Rhône–Saône : une base fluvio-maritime intégrée reliant Marseille-Fos à Lyon et au-delà.
Rail : multiplier les sillons, doubler (voire tripler) le trafic
Thierry Jacquinod, directeur commercial & services région Sud de SNCF Réseau, a rappelé que sur le périmètre Fos/ZIP, environ 70 trains/jour entrent ou sortent aujourd’hui, avec une ambition de x2 à x3 d’ici 2040.

Le ferroviaire reste la colonne vertébrale du report modal : –90 % de CO₂ et –80 % d’énergie environ par rapport à la route à charge comparable. SNCF Réseau met l’accent sur l’optimisation des sillons, la modernisation des interfaces et la synchronisation des investissements pour absorber la montée en charge industrielle et portuaire.
Fleuve et hubs trimodaux : massifier au plus près du chargeur
Jean-Philippe Delmont, directeur général délégué du Groupe Combronde, a présenté l’exemple de la nouvelle plateforme trimodale d’Arles, connectée à Fos, Lyon, Bordeaux et Lille.
Le Rhône offre une capacité de massification immédiatement mobilisable. En complément du rail, la montée en puissance des liaisons barges permet d’ôter des camions de la route sur des flux réguliers. Pour Martin Feraud, président de l’Union Maritime et Fluviale de Marseille-Fos (UMF), il faut « additionner les forces plutôt que se concurrencer » et renforcer la gouvernance d’axe avec Lyon, Toulon, Sète pour reconquérir des parts de marché face aux ports du nord de l’Europe.
Entreprises et international : une compétitivité responsable
Matthieu Capuono, président du Club APEX, a rappelé que l’international se construit aussi « depuis Marseille », grâce à la formation, au réseau et à l’accueil de talents. Au-delà de la performance, il plaide pour une logistique responsable : limiter les transports superflus, arbitrer le délai vs l’empreinte et soutenir les centres-villes par des pratiques d’achat plus vertueuses.
Cap commun pour la décarbonation en Région Sud : coopérer
De l’énergie aux infrastructures, du port aux chargeurs, l’équation est partagée : sécuriser l’électricité, massifier les flux, brancher rail et fleuve au plus près des zones d’activités et planifier sur le long terme.
En filigrane, un récit collectif se dessine : faire d’Aix-Marseille-Fos un pilier européen de la logistique bas-carbone, au service de la réindustrialisation et de l’attractivité du territoire.
TOP TRANSPORT – 33e édition record à Marseille pour Top Transport
Un cru exceptionnel pour l’événement organisé par Jérôme Letu-Montois et les équipes de Comexposium One to One, division du groupe Comexposium, qui enregistre cette année encore des records de participation.
Pendant deux jours, 170 entreprises-exposantes et 345 décideurs du secteur étaient présents, soit une hausse de 20 % par rapport à 2024. Plus de 3 700 rendez-vous d’affaires ont été organisés, confirmant le rôle moteur de Marseille dans la logistique durable et multimodale, rassemblant l’ensemble des acteurs du transport autour des enjeux de décarbonation, de compétitivité et d’interconnexion portuaire.
Un grand merci à toutes et tous pour la richesse des échanges et la clarté des propositions partagées.

cet article vous a plu ?
Donnez nous votre avis
Average rating / 5. Vote count:
No votes so far! Be the first to rate this post.