Et maintenant la liste des courses anti cancer du côlon !

Epinards, salade verte, tous les choux, betterave, brocoli, pastèque, fruits rouges, agrumes, poissons gras, les graines, bref tous les antioxydants ! L'étape toulonnaise de notre série de conférences MProvence a mis l'accent sur la prévention du redoutable cancer colorectal. Sans oublier le dépistage et l'amélioration des traitements qui font reculer la maladie.

Santé

Il y a d’abord le président de la Ligue contre le cancer du Var, l’oncologue Jean-Louis Wendling, qui a rappelé ce signal d’alarme : 1 homme sur 2 et 1 femme sur 3 se verront diagnostiquer un cancer avant l’âge de 85 ans. « Le tabac et l’alcool sont les gros pourvoyeurs parmi les facteurs de risque exogènes du cancer. » Une autre réalité, paradoxalement encourageante, explique également l’inflation des cancers, c’est l’espérance de vie qui augmente. « Plus on vieillit, plus l’immunité baisse et plus l’impact des facteurs de risque augmente. Nous avons 60 milliards de cellules et il y a des erreurs de division cellulaire que parfois l’organisme ne sait pas rattraper, et alors les facteurs de risque peuvent accélérer ces erreurs. » Jusqu’à les transformer en cellules malignes.

Dr Jean-Louis WENDLING, oncologue, président du Comité du Var de la Ligue Contre le Cancer
Dr Jean-Louis WENDLING, oncologue, président du Comité du Var de la Ligue Contre le Cancer

Le test dès 50 ans évite le cancer

La conférence organisée par MProvence en fin de semaine dernière à Toulon, dans le cadre de la campagne de prévention du cancer colorectal Mars Bleu, a permis de rappeler quelques vérités salutaires.

Dr Farid CHINOUNE, gastro-entérologue et hépatologue, hôpital Sainte-Musse
Dr Farid CHINOUNE, gastro-entérologue et hépatologue, hôpital Sainte-Musse

« C’est le 4e cancer en incidence dans le monde, a martelé le Dr Farid Chinoune, gastroentérologue et hépatologue à l’hôpital Sainte Musse. En France, l’âge médian du diagnostic du cancer colorectal est de 71 ans chez les hommes et 72 ans chez les femmes. Son incidence diminue grâce aux progrès médicaux et grâce à l’usage du test immunologique fécal recommandé tous les deux ans à partir de 50 ans. Son intérêt est de détecter les lésions pré-cancéreuses ou les cancers à un stade précoce. »

5% de tests positifs chez les hommes, 3% chez les femmes

Le Dr Chinoune déplore le faible taux de participation au test. Elle atteint 26,6% dans notre région. « C’est un taux beaucoup plus bas que l’Italie par exemple. On est des ânes. » Si on ajoute le dépistage de ces cancers par la coloscopie dans les cinq années précédentes, on arriverait à 46% de la population des Provençaux et Azuréens de 50-74 ans qui ont été dépistés.

Ce résultat médiocre a pour conséquence que des milliers de Français développent des cancers agressifs et souvent mortels (plus de 17 000 décès par an), qui aurait pu être évités. Le test revient positif dans 4,9% des cas chez les hommes et 3,2% chez les femmes. Il suffit ensuite, la plupart du temps, de retirer les polypes qui deviendront des cancers dix ans plus tard, s’ils ne sont pas enlevés lors de la coloscopie.

La coloscopie, c’est pas la fin du monde…

La coloscopie, c’est justement l’affaire de la Dr Stéphanie Morgant, gastroentérologue et hépatologue à la clinique mutualiste Malartic d’Ollioules. « La coloscopie doit être envisagée si on a du sang rouge dans les selles ou des selles noires, des douleurs abdominales inexpliquées, une modification persistante du transit ou si on a très mal quand on va à la selle. » La perte de poids inexpliquée doit aussi alerter. « On doit également directement aller à la coloscopie sans passer par le test si on a un antécédent familial de cancer au premier degré (parents) ou plusieurs cancers dans la famille, ou si on a des antécédents de polypes. »

Dr Stéphanie MORGANT, gastro-entérologue et hépatologue, Clinique Malartic
Dr Stéphanie MORGANT, gastro-entérologue et hépatologue, Clinique Malartic

La Dr Morgant a voulu banaliser la coloscopie, qui dure 20 à 30 minutes, sous anesthésie générale mais légère (pas d’intubation). A un auditeur, Killian, très inquiet du risque de perforation de l’intestin durant l’examen, elle répond que c’est « exceptionnel« . Bref, l’examen est très sûr et indolore. Seule la préparation la veille à la maison, avec la purge qu’il faut avaler pour nettoyer l’intestin et favoriser l’exploration visuelle par caméra, est désagréable.

Le jambon, c’est pas beaucoup…

Mais l’espoir est cependant bien là face à ce redoutable cancer. Et il passe par votre assiette et vos baskets. « On pourrait réduire de 40% les cancers en appliquant les règles d’hygiène de vie« , souligne le Dr Wendling. C’est justement ce que s’est employé à démontrer Christel Legrand, diététicienne à l’hôpital militaire Sainte-Anne.

Elle invite d’abord à maintenir un poids de forme avec un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 25. Autrement dit, essayer de rester mince. Problème, on pèse de plus en plus lourd dans notre pays avec 32% de la population adulte en surpoids (IMC entre 25 et 30) et 17% d’obèses. Et ces chiffres augmentent inexorablement. C’est pourquoi Mme Legrand incite à modifier notre alimentation en limitant les apports de viande rouge (500g/semaine) et de charcuterie (maximum 100 grammes de saucisson ou jambon, soit 3 tranches de jambon par semaine…).

Infographie
Infographie nutrition

Légumes verts et fruits rouges

Augmenter sa consommation de fibres est déterminant « car elles accélèrent le transit intestinal et réduisent la surface d’échange entre votre intestin et les aliments. » Du côté des légumes, il convient de privilégier les verts (épinards, chou frisé, salade), les crucifères (brocolis, chou-fleur, choux de Bruxelles), les légumes rouges (betterave, chou rouge, tomate), l’ail, l’oignon, le céleri branche, les asperges, les patates douces…

Pour les fruits, la diététicienne propose la pastèque, le raisin, la papaye, la grenade, les baies (myrtilles, fraises, framboises, mûres, cassis), les agrumes (oranges, citrons, pamplemousses). Il y a encore toute la sarabande des graines (pavot, sésame, chanvre, lin, courge, tournesol, pignons de pin) riches en oméga 3, antioxydants et oligoéléments à broyer (ou bien mâcher) pour une meilleure digestion. Méfiez-vous du sel, à remplacer par des épices dont aucun – y compris la harissa – n’est jugé néfaste.

Infographie nutrition
Infographie nutrition

Pas d’armes anti cancer absolues

Et le fromage ? « On peut manger de tous les fromages, à raison d’une portion de fromage par jour. » L’organisme a besoin de 2 à 3 produits laitiers quotidiens. Qui du thé vert ou du curcuma, que l’on fait volontiers passés pour des armes anti cancer ? « Il n’existe pas d’aliments miracles« , insiste Mme Legrand, qui ajoute : « Le jeûne et la restriction calorique ne sont pas non plus des armes anti cancer. »

Christel LEGRAND, diététicienne nutritionniste, HIA Sainte Anne
Christel LEGRAND, diététicienne nutritionniste, HIA Sainte Anne

Serge Oddo, président de « Sportez-vous bien 83 », a expliqué les vertus du sport dans la prévention de la maladie et durant sa prise en charge. Avec son association, ce passionné de rugby et fan du RCT développe une palette d’activités adaptées aux patients et à toutes les personnes qui souhaitent se remettre en mouvement.

La grande révolution des traitements

Enfin, on a parlé traitements lors de cette soirée riche en enseignements. La Dr Caroline Prieux-Klotz, oncologue et hépato-gastroentérologue à l’hôpital Sainte-Anne, a précisé que « la mortalité diminue car on est meilleurs sur le soins.  » Ces 25 dernières années ont en effet connu des progrès considérables. « Depuis les années 2000 on a amélioré les chimiothérapies, on peut exactement cibler la cellule cancéreuse grâce aux thérapies ciblées que nous utilisons au quotidien. » De multiples essais thérapeutiques sont en cours, sur la modification du microbiote par exemple afin que l’organisme absorbe mieux la chimiothérapie.

Dr Caroline PRIEUX-KLOTZ, gastro-entérologue et cancérologue, HIA Sainte Anne
Dr Caroline PRIEUX-KLOTZ, gastro-entérologue et cancérologue, HIA Sainte Anne

« Les CAR-T cells sont la grande révolution en cours en cancérologie, souligne la Dr Prieux-Klotz. C’est comme une super immunothérapie ciblée contre la tumeur du patient. C’est encore difficile à réaliser, peu disponible et hyper cher, mais on y travaille, on y croît ! » L’oncogramme est une autre voie d’avenir en test à Sainte-Anne.

Le Pr Tristan Montchal, chirurgien viscéral et digestif à Sainte-Anne, intervient quand il faut retirer une tumeur. « On enlève un segment du côlon de 30 centimètres en moyenne, plus les ganglions adjacents qui peuvent contenir des cellules cancéreuses.  » Les suites opératoires ne sont généralement pas très compliquées. Pourtant, le public a souvent la hantise de se retrouver avec une stomie, une poche, un anus artificiel recueillant les excréments fixé sur le ventre et qu’il faut vider. « En dehors des urgences temporaires, on ne fait en général des poches que pour les tumeurs du rectum. » Là aussi, on a donc bien progresser !

Pr Tristan MONCHAL, chirurgien viscéral et digestif, Hôpital national Sainte Anne
Pr Tristan MONCHAL, chirurgien viscéral et digestif, Hôpital national Sainte Anne

Prochaines conférences publiques :

  • Avignon mardi 18 mars à 18, Chambre de Commerce et d’Industrie, allée des Fenaisons (entrée libre)
  • Nice mardi 25 mars à 18h, salle de spectacles Le Stockfish, 5 rue François-Mitterrand (entrée libre).
    Photos des invités

 

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