Kem One trouve un appui stratégique auprès d’EDF

Le chimiste français et l’électricien public scellent un partenariat stratégique pour stabiliser les coûts énergétiques de sept sites industriels face aux turbulences du marché.

Economie

Dans un contexte de volatilité des prix de l’électricité et de pression sur l’industrie chimique européenne, Kem One et EDF ont signé le 16 juillet 2025 un protocole d’accord en vue d’un contrat d’approvisionnement de longue durée. Cette entente concerne sept sites industriels du groupe chimique, situés notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et illustre la stratégie d’EDF pour accompagner les industriels électro-intensifs vers plus de visibilité et de compétitivité.

Un contrat de dix ans pour sept sites industriels en France

Le protocole d’accord fixe les principes d’un contrat d’approvisionnement en électricité d’une durée de 10 ans, avec une mise en service prévue au 1er janvier 2026. Il s’appliquera à sept sites français du groupe Kem One : Fos-sur-Mer, Lavera, Balan, Berre, Saint-Fons, Saint-Auban et Vauvert. Ces plateformes emploient directement près de 1 500 collaborateurs et alimentent des secteurs essentiels comme le bâtiment, l’automobile ou la santé.

Ce contrat prévoit des mécanismes équilibrés de partage des risques et des bénéfices, suggérant une indexation partagée sur les marchés. Il doit être finalisé avant la fin du mois de septembre 2025.

Marc Benayoun, directeur exécutif Groupe EDF en charge du Pôle Clients, Services & Territoires et Paolo Barbieri, directeur Général de KEM ONE

Un secteur chimique sous tension

Ce partenariat intervient dans un contexte difficile pour la filière chimique. Les coûts de l’énergie représentent jusqu’à 30 % des charges de production dans le secteur selon France Chimie. La guerre en Ukraine, la fin des approvisionnements russes et la volatilité du marché européen ont accentué la pression sur les industriels.

Kem One, acteur majeur de la chimie du sel et producteur de PVC, exporte plus de 80 % de sa production vers l’Europe. « Dans un contexte particulièrement tendu pour la chimie, bénéficier d’une visibilité à long terme sur nos coûts d’électricité constitue un levier stratégique », souligne Paolo Barbieri, directeur général de Kem One.

Une stratégie gagnant-gagnant pour EDF

Pour EDF, ce type de contrat permet de sécuriser des revenus industriels sur une décennie et de mieux anticiper les investissements nécessaires à la production. « C’est une nouvelle illustration de l’action d’EDF en faveur des industriels, qui vise à fournir une électricité fiable, bas carbone et compétitive favorisant la souveraineté énergétique et industrielle du pays », explique Marc Benayoun, directeur exécutif du groupe EDF en charge des clients industriels.

EDF, qui revendique une production décarbonée à 94 %, ambitionne de signer 30 TWh de contrats industriels d’ici fin 2025, dont ce partenariat avec Kem One constitue une nouvelle étape.

Une stratégie qui interroge sur les priorités du groupe

Si ces accords de long terme sont salués pour leur rôle dans la réindustrialisation, certains observateurs pointent un effet d’éviction pour les plus petits consommateurs. En garantissant des tarifs compétitifs aux groupes électro-intensifs, EDF limite sa marge de manœuvre pour offrir des prix stables aux PME, collectivités ou artisans, souvent plus exposés aux hausses soudaines du marché. Une tension qui soulève la question de l’équité d’accès à une électricité abordable sur l’ensemble du tissu économique français.

Des enjeux régionaux et des perspectives industrielles

La région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui accueille plusieurs sites de Kem One, dont Fos-sur-Mer et Lavera, est au cœur des enjeux de réindustrialisation et de souveraineté énergétique. L’accord contribue à maintenir sur le territoire des activités fortement consommatrices d’énergie, et donc sensibles aux fluctuations du marché.

Parallèlement à la sécurisation énergétique, Kem One poursuit des projets en matière de recyclage du PVC et de réduction de son empreinte carbone, appuyés sur une stratégie RSE renforcée.

La capacité d’EDF à proposer une offre stable, compétitive et verte devient un facteur clé de fidélisation des industriels sur le territoire. Ce modèle pourrait être répliqué dans d’autres secteurs électro-intensifs.

Une dynamique qui s’étend : EDF s’engage aussi avec Marcegaglia à Fos

Cette logique partenariale se confirme avec la signature, le 25 juillet 2025, d’une lettre d’intention entre EDF et le groupe sidérurgique Marcegaglia. Cette nouvelle entente porte également sur un contrat d’approvisionnement électrique d’au moins 10 ans pour le futur site industriel de Fos-sur-Mer, actuellement en cours de développement.

Ce projet illustre à nouveau la volonté d’EDF de soutenir les projets industriels stratégiques tout en assurant des conditions de fourniture d’énergie prévisibles, compétitives et bas carbone. Ce type de coopération permet à des groupes internationaux comme Marcegaglia d’envisager leurs investissements industriels en France avec plus de stabilité et de confiance.

Une évolution à suivre de près

En stabilisant les conditions d’approvisionnement électrique pour une décennie, ces contrats illustrent une évolution des relations entre fournisseurs d’énergie et grands industriels. Les prochains mois permettront de préciser les volumes, tarifs et modalités opérationnelles des partenariats.

Dans un marché encore instable, la réussite de ces accords constituera un test grandeur nature de la viabilité de ces nouveaux modèles contractuels. D’autres industriels, en particulier dans la métallurgie ou la chimie, pourraient s’inspirer de cette logique pour consolider la base industrielle française sur le long terme.

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