Un climat de défiance qui s’aggrave
« Longtemps, le paradoxe français a été : la France va mal, mais moi je vais bien. Aujourd’hui, un nombre croissant de citoyens affirment : moi aussi je vais mal », observe Stéphane Benhamou, président du MEDEF Sud.
Cette inquiétude nourrit une défiance envers les institutions politiques. Pourtant, l’entreprise conserve un capital précieux : 62 % des Français font confiance aux entrepreneurs, contre seulement 26 % aux institutions politiques (source INSEE).

L’entreprise, encore un repère solide
Ce constat guide la feuille de route du Medef Sud : consolider ce lien de confiance par un effort massif de pédagogie. « Les entrepreneurs incarnent l’intérêt général. Ils créent des emplois, investissent, innovent, forment la jeunesse. Mais ce rôle est mal compris et trop peu enseigné », insiste le président.
Réhabiliter la culture économique dès l’école
Pour Stéphane Benhamou, il faut introduire une véritable culture économique dès le collège. Dans de nombreux pays de l’OCDE, l’économie est enseignée comme matière de base. En France, elle reste marginale. Résultat : des caricatures et une méconnaissance de la réalité de l’entreprise.
« Comprendre ce qu’est un compte d’exploitation, un investissement ou une transmission d’entreprise, c’est donner aux citoyens des clés pour appréhender la société et sortir des clichés », plaide-t-il.
L’entreprise, projet collectif
Dans un podcast enregistré à Cannes avec le journaliste économique Yves Blisson lors du Prix DG–DRH Grand Sud, Stéphane Benhamou a illustré cette vision : « Le binôme dirigeant–DRH montre ce qu’est vraiment l’entreprise : un collectif d’hommes et de femmes qui avancent ensemble vers un objectif commun. »
Pour lui, l’entreprise n’est pas une simple machine économique, mais un lieu d’inclusion, de solidarité et de transmission.
L’alternance, un levier majeur
Le Medef Sud veut mettre en lumière les réussites concrètes. L’alternance, avec près d’un million de contrats chaque année, est au centre de cette dynamique : « L’alternance, c’est la preuve que l’entreprise forme et intègre. Huit jeunes sur dix trouvent un emploi durable à l’issue de leur contrat. »
Le syndicat patronal soutient notamment les Pépites de l’alternance, qui valorisent les initiatives d’accueil et de formation dans les entreprises régionales.
Transmission et pérennité des entreprises
Autre priorité : préserver la pérennité des entreprises familiales. Le Medef Sud défend bec et ongles le pacte Dutreil, qui permet de transmettre une société avec une fiscalité allégée.
« Le patrimoine professionnel doit rester dans l’entreprise. C’est la garantie des emplois et de la capacité à grandir », martèle Stéphane Benhamou.
Pour lui, la remise en cause de ce dispositif constituerait une « ligne rouge ».
Charges et compétitivité : alerte sur la limite atteinte
L’entrepreneur rappelle aussi la fragilité de la compétitivité française : « Nous sommes parmi les pays les plus taxés de l’OCDE. Supprimer les exonérations sur les bas salaires, ce serait un danger pour la pérennité des entreprises. »
S’il reconnaît que les entrepreneurs savent s’adapter, il alerte : « Nous avons atteint une courbe maximale au-delà de laquelle il ne faut plus aller. »
Un ancrage régional fort
Stéphane Benhamou veut aussi incarner un Medef Sud ancré dans son territoire. Il met en avant les projets de réindustrialisation et de décarbonation sur la zone industrialo-portuaire de Fos-Berre, menés avec la Région Sud et l’État.
La question énergétique est centrale : « Une ligne de 400 000 volts n’est plus une option, c’est une obligation pour accompagner ces projets » (Ministère de l’Économie).
Logement et mobilité : enjeux sociaux et économiques
Au micro du podcast, le président a insisté sur la crise du logement, « un véritable drame » dans la région. « Chaque offre de location attire entre 25 et 40 demandes. Ce n’est pas acceptable en 2025. »
Il plaide pour la libération du foncier, la simplification des procédures et la création d’un statut du bailleur privé afin de relancer l’investissement locatif.
Concernant les transports, il met en garde contre la gratuité « qui n’existe pas, car toujours financée par le contribuable » et dénonce le poids du versement mobilité payé par les entreprises.
Interpeller les élus et préparer l’avenir
Dans la perspective des élections municipales de 2026, le Medef Sud veut peser dans le débat public. « 70 % des Français demandent que les questions économiques soient mises en haut de la pile. Nous allons interpeller chaque candidat », annonce Stéphane Benhamou.
Des événements pour incarner cette pédagogie
La feuille de route du Medef Sud passe aussi par plusieurs événements phares :
– Le Prix DG–DRH Grand Sud, vitrine du lien humain au cœur de l’entreprise.
– Les Pépites de l’alternance, pour valoriser les jeunes et leurs tuteurs.
– La Compétition nationale des métiers WorldSkills, du 16 au 18 octobre 2025 au Parc Chanot à Marseille, vitrine du savoir-faire et de la passion de la jeunesse.
« Redonner confiance aux Français »
En filigrane, une conviction : l’entreprise est un acteur d’intérêt général.
« Redonner confiance aux Français, c’est leur expliquer ce que fait l’entreprise, ce qu’elle apporte et pourquoi elle est indispensable à la société. »
Le Medef Sud veut être une force de pédagogie et de propositions. Dans une société en quête de repères, Stéphane Benhamou en est persuadé : sans entreprises, il n’y a ni emplois, ni innovations, ni croissance durable — et donc pas de confiance retrouvée.
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