Les métiers du bâtiment, une voie pour l’insertion

Le secteur du bâtiment, pourtant dynamique, souffre d’une pénurie chronique de main-d’œuvre. Face à cette situation, certaines entreprises comme PROMAN et Eiffage ont fait le choix de former des jeunes des quartiers difficiles. Une opportunité exceptionnelle pour ces personnes issues d’un milieu défavorisé d’obtenir un emploi sûr, et plus attrayant qu’on ne le croit.

Economie

À deux pas du tristement célèbre Centre pénitentiaire de Marseille, le chantier « Baumettes III », où est construite une extension de la prison qui se dressera en lieu et place des bâtiments historiques, bat son plein. Sous un soleil hivernal et à l’ombre des montagnes qui bordent le sud de la ville, travaillent des personnes parties de rien, à qui l’on a donné l’opportunité d’une vie. C’est tout le sens du programme d’insertion professionnelle « Capital Jeunesse », né du partenariat entre PROMAN, et le géant du bâtiment Eiffage. L’entreprise PROMAN, contraction de « Professionnels de Manosque », créée dans la ville éponyme en 1990, est devenue depuis l’un des leaders européens du travail intérimaire. Le lundi 12 décembre, la responsable RSE de PROMAN Samira Agem présentait à la presse les apprentis bénéficiaires du programme. Des jeunes accompagnés tout au long du processus par des partenaires de l’emploi aux petits soins : Acta Vista, la Mission Locale de Marseille, le CREPI Méditerranée, etc.

Des métiers en tension, plus attractifs qu’il n’y paraît

Concrètement, 8 jeunes originaires de quartiers difficiles de Marseille ont été sélectionnés pour une formation au métier de coffreur brancheur, indispensable sur les chantiers de construction, mais pour lequel la main d’œuvre manque cruellement. À l’issue de leur contrat, ils passeront des examens et obtiendront un diplôme, ainsi qu’un CDI chez Eiffage. Une opportunité exceptionnelle pour ces profils aux parcours souvent compliqués. « Ça se passe très bien pour l’instant, j’espère vraiment être recruté et progresser dans l’entreprise » témoigne Marcos, Portugais arrivé à Marseille il y a 12 ans. Mohammed, Comorien d’origine ayant grandi dans les cités 15ème arrondissement, affirme avoir été repéré sur sa motivation et son désir de gravir les échelons dans le métier. « Avant, je travaillais déjà dans la maçonnerie, et mon chef de projet a trouvé cette formation pour moi » explique Yawari, un réfugié Afghan pour qui cette formation est synonyme de stabilité et de sécurité de l’emploi.

À l’image d’autres secteurs comme la restauration, le bâtiment traîne une image négative, associée à des métiers ingrats et mal rémunérés. D’après un rapport de l’Observatoire des métiers du BTP de février 2021, 70% des entreprises du BTP anticipaient des difficultés de recrutement, malgré un dynamisme certain. Le départ à la retraite massif des travailleurs de la génération du « baby-boom » est un défi de plus à relever pour le secteur, de même que la fluctuation de l’activité en fonction des chantiers. D’où des besoins de recrutement significatifs : 40.000 personnes par an, sur un total de 300.000 travailleurs. « Nous faisons face à deux phénomènes : les besoins en personnel, et la gestion de la moyenne d’âge, ce qui nous oblige à un important renouvellement des ouvriers » explique Jean-Luc Aubert, Directeur régional délégué d’Eiffage constructions sud-est. « Pour cela, nous apprécions particulièrement ces programmes d’insertion, qui débouchent sur de belles réussites, car ce sont des jeunes très motivés » ajoute-t-il.

« Le métier de compagnon est de moins en moins pénible, avec des salaires très attrayants. Un manœuvre au poste le moins qualifié peut gagner 2500 à 2800 euros bruts payés sur 13 mois, plus l’intéressement, la participation et les autres avantages » décrypte Paulo Carvalho, Directeur des ressources humaines d’Eiffage Constructions. Surtout, la progression au mérite peut être rapide, à l’image d’« un jeune rentré il y a seulement 5 ans, devenu assistant chef de chantier ». Suite aux résultats encourageants de cette troisième « session test », après deux éditions réussies en 2014 et en 2019, Paulo Carvalho annonce qu’« un petit est en cours de gestation dans le nord, avant de mettre en place un partenariat national. Que ça vienne du sud vers le nord, je crois que c’est un beau message ! ». On ne le détrompera pas.

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