D’abord les bonnes nouvelles en deux chiffres : 1- le nombre de greffes d’organes a progressé à Marseille avec une petite trentaine de malades supplémentaires transplantés (305 au total en 2024, soit près de 10% d’augmentation) par rapport à 2023. En France on a greffé 6 053 hommes et femmes contre 5 634 un an plus tôt (+7%).
2- A Marseille, le taux de refus de prélèvement d’organes a reflué de 61% en 2023 à 52% l’an dernier. C’est (un peu) mieux ! On reste néanmoins très loin du taux national de 36,5% (+ 0,5% en un an). Si on opère un focus sur notre région, on se rend compte selon les chiffres fournis par la Dr Sandrine Wiramus de l’Agence de la Biomédecine que la Région PACA pointait à 39% de refus en 2024. Elle était ainsi largement plombée par Marseille donc, mais également par Avignon qui affiche un taux d’opposition de 41,2%. Le Centre hospitalo-universitaire de Nice peut s’enorgueillir de seulement 29,6% de refus.
Les réussites sont fragiles
On pourrait croire cependant que c’est reparti dans le bon sens, que la sensibilisation au don d’organes progresse sereinement y compris dans les Bouches-du-Rhône. Mais les chiffres demeurent fragiles et, selon nos informations, 2025 n’est pour l’instant pas partie pour figurer dans les années records de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM) qui réalise la totalité des transplantations de coeurs, foies, poumons ou reins dans la 2e ville de France. Il faut donc poursuivre le travail de fourmi pour informer la population au plus près.
Car la loi ne suffit pas. Elle prévoit pourtant depuis 1976 que tout Français est potentiellement donneur d’organes, sauf s’il s’y est opposé formellement. Par exemple en s’inscrivant sur le registre national des refus où seuls 300 000 Français sont recensés, soit 1 sur 200. On peut aussi plus simplement partager son point de vue avec ses proches.
La parole de la famille est prioritaire
Si elle n’a rien dit sur son refus, les médecins pourraient donc légalement prélever toute personne en état de mort cérébrale après un AVC, un accident de la voie publique… Et ceci quoiqu’en pense la famille du disparu, qui est sous le choc. Mais ça, c’est la théorie.
Si la famille s’y oppose après avoir été informée par les infirmiers de la Coordination hospitalière des prélèvements d’organes de cette possibilité, la procédure de prélèvement n’est pas engagée. Les machines maintenant artificiellement les organes en état de fonctionnement, afin qu’ils soient perfusés, sont débranchées et le corps immédiatement rendu à la famille.
880 patients dont 32 enfants en liste d’attente en 2025
« Actuellement, près de 880 patients sont inscrits sur nos listes en attente de coeurs, foies, poumons et reins, dont 32 enfants », rappelle la professeure Valérie Moal, néphrologue à l’hôpital de la Conception et présidente des transplantations de l’AP-HM. Elle se félicite évidemment du recul (9 points) du taux de refus d’organes. Mais elle tempère : « Il est resté cependant beaucoup plus élevé que le taux national de 36,5% en 2024. Ici, un don d’organes sur deux possibles est encore refusé. »

Les médecins transplanteurs mobilisés 24h/24 espèrent qu’à l’occasion de cette Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe, on en parlera en famille. Et ce n’est pas forcément glauque, encore une fois pour deux raisons.
Tout le monde peut avoir besoin d’un organe
Premièrement, c’est justement à tête reposée que chacun peut dire s’il souhaiterait, en cas de décès brutal, accidentel, accomplir ce geste ultime de solidarité permettant de sauver en moyenne 5 vies. Deuxièmement, n’oublions jamais que chacun d’entre nous peut avoir besoin d’un organe pour vivre en cas par exemple d’hépatite fulminante, de certaines déficiences cardiaques ou rénales, de détresse pulmonaire. Absolument personne n’est à l’abri d’une telle pathologie.
Ajoutons quelques précisions de taille. Une personne dont on prélève les organes est déclarée morte par deux médecins AVANT le prélèvement; son cerveau est considéré comme détruit. Par conséquent, il n’y a aucun doute sur le fait qu’elle ne reviendra pas parmi les vivants. Elle n’est pas dans le coma ! Ses organes sont maintenus en fonctionnement quelques heures par des machines. Tout s’arrête quand on les débranche.
Aucune religion ne s’y oppose
Autre sujet d’opposition au prélèvement, fondé sur l’ignorance et qui est malheureusement récurrent : « Ma religion me l’interdit ». C’est totalement faux. Toutes les religions monothéistes sont en faveur du don d’organes, selon le principe universel suivant : « Qui sauve une vie, sauve l’humanité ».
Les dons d’organes en chute à Marseille, des médecins s’engagent
Enfin, il n’y a pas d’âge limite pour donner ses organes. Les chirurgiens prélèvent régulièrement des octogénaires, pour transplanter notamment des reins ou des tissus (cornées…) à des patients de 65, 70 ou 75 ans.
80 000 étudiants d’Aix et Marseille sensibilisés à la greffe d’organes
Au-delà de cette journée gravée sur le calendrier estival, notre média et l’APHM poursuivent la campagne de sensibilisation amorcée en 2024 pour tenter de réduire le taux de refus. Déjà 1 000 lycéens ont assisté à des conférences en présence de médecins, d’infirmiers et de jeunes greffés. Les 65 000 spectateurs d’OM – Lille au Vélodrome en décembre dernier ont été sensibilisés.

La tournée des établissements scolaires redémarrera en septembre. Nouveauté 2025 : à partir d’octobre les étudiants d’Aix Marseille Université entreront eux aussi dans la danse puisque des conférences seront organisés sur les campus. Et chacun des 80 000 étudiants et des 8 500 personnels de la plus grande université de France va recevoir un questionnaire sur le sujet à partir de ce lundi 23 juin.
Oui ça fait du bien de se déclarer donneur !
Alors dès ce dimanche 22 juin, dites carrément à vos proches si vous seriez donneur d’organes. Personnellement, je vais vous confier une chose : depuis que j’ai pris cette décision voilà 35 ans, que je l’ai répétée à moult reprises auprès de ceux qui m’entourent – d’ailleurs j’en ai convaincu certains – je suis assez fier de moi. Et ça, ça fait du bien.
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