Le cancer de la prostate fait très peur aux hommes, non seulement parce qu’il est potentiellement mortel mais parce que sa prise en charge médicale risque fortement d’impacter leur sexualité. Nous avons suivi une intervention chirurgicale sur un quinquagénaire consistant en l’ablation de la glande reproductrice à l’Institut Paoli-Calmettes. Une opération robot-assistée avec le Dr Thomas Maubon, chirurgien urologue.
L’un des objectifs majeurs est alors de préserver les nerfs érecteurs qui bordent l’organe malade à retirer et de sauvegarder ainsi les conditions d’une sexualité la plus épanouie possible. Un reportage vidéo réalisé par Lorena Alvarez-Ramos et Yasmina Motassim, étudiantes en master 2 Communication d’intérêt général à l’Ecole de Journalisme et Communication d’Aix Marseille Université, dans le cadre de la campagne de prévention « La Prostate, parlons-en pour nous protéger » organisée par MProvence.
Ce matin-là de l’automne 2024, le patient allongé au bloc opératoire a une cinquantaine d’années. Il est atteint d’un cancer agressif et l’ablation de sa prostate malade est une nécessité pour ne pas risquer sa vie. Une décision qui lui offre cependant les meilleures chances de guérison. Comme lui, en France, chaque année, près de 20 000 hommes subissent une prostatectomie, une opération qui consiste en l’ablation partielle ou totale de la prostate.
Dysfonction érectile, perte de l’éjaculation…
Avant l’opération, et dès la première consultation, le Dr Maubon s’assure de clarifier les enjeux de la chirurgie avec ses patients. « Il est essentiel de détailler chaque étape du processus avec le patient, de lui présenter toutes les options possibles et de respecter ses souhaits, en fonction de l’agressivité de son cancer, de sa qualité de vie et de ses désirs de préserver sa sexualité« , explique le chirurgien, qui insiste sur le fait que chaque situation est examinée au cas par cas.
La prostatectomie, bien qu’efficace pour éradiquer le cancer, entraîne des effets secondaires souvent redoutés – dysfonction érectile, perte de l’éjaculation, et incontinence urinaire – qui concernent entre 50 % et 80 % des patients après l’intervention. La très grande majorité retrouvera une continence urinaire au bout de quelques mois, grâce à la rééducation. C’est moins évident pour le retour des capacités sexuelles, même si certains (rares?) patients de 50 ou 60 ans sont moins soucieux que d’autres de perdre en puissance sexuelle, voire de devenir impuissants.
On récupère mieux à 55 ans qu’à 75
Dans le cas de ce patient, la chirurgie a été choisie non seulement pour maximiser les chances de guérison, mais aussi pour permettre, en cas de récidive, un recours possible à une radiothérapie de rattrapage. Le jeune âge du patient joue également en sa faveur pour une meilleure récupération des fonctions sexuelles, souligne le Dr Maubon.
« On récupère beaucoup mieux à 55 ans qu’à 75 ans« , confie-t-il. Ainsi, les patients plus jeunes ou en meilleure santé sont souvent orientés vers la chirurgie ou la radiothérapie. Pour les patients plus âgés, fragiles ou présentant un moindre risque, des traitements moins invasifs, comme la surveillance active, sont privilégiés, notamment pour limiter les effets secondaires.
Opération réussie
L’opération elle-même est délicate. L’aide du robot, que le chirurgien pilote depuis une console placée à deux mètres du patient, offre une approche très fine, minutieuse. La conservation des bandelettes, essentielles pour la fonction érectile, est réussie. « Nous avons bien préservé les bandelettes à droite et à gauche de la prostate. Le patient, étant jeune et ayant des érections normales avant l’intervention, a de bonnes chances de retrouver une fonction érectile satisfaisante« , souligne le chirurgien.
La période post opératoire est une phase de grande importance. Les prochaines étapes dans le suivi du patient porteront sur la gestion des effets secondaires tels que l’incontinence urinaire et les troubles liés à la sexualité. C’est pourquoi le cancer de la prostate a toujours représenté un sujet tabou et sensible pour les hommes.
« Il faut rassurer les hommes »
Pendant ce moment difficile, un soutien psychologique de la part des professionnels de santé ainsi que des proches est indispensable afin que le patient se sente rassuré et accompagné dans son chemin vers la récupération. « Il faut rassurer les gens, et c’est parfois la tâche la plus difficile« , reconnaît le Dr Maubon.
Chaque année, en France, plus de 60 000 nouveaux cas de cancer de la prostate sont diagnostiqués. C’est le cancer le plus fréquent chez l’homme, mais pas le plus mortel (8 100 décès tout de même). Les progrès constants dans les traitements et la prise en charge médicale représentent un réel espoir pour les patients de retrouver une qualité de vie et une activité sexuelle satisfaisante.
Conférence à Marseille
Le Dr Thomas Maubon participera à la conférence publique « La Prostate, parlons en pour nous protéger » mercredi 13 novembre à 18h. Amphi Gastaut, Aix Marseille Université, jardin du Pharo, 13007 Marseille. Entrée libre. Il évoquera justement les troubles sexuels liés à ce cancer.
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