Cancer du sein : la lutte s’intensifie au Sud

La Région Sud a lancé Octobre Rose en fanfare avec l'arrivée d'un Mammobile pour aller dépister le cancer du sein sur les places de villages et un forum d'experts qui montre les progrès de la recherche.

Santé

En matière de traitement du cancer du sein, la réputation de Marseille n’est plus à faire. Les patientes y sont rapidement et remarquablement prises en charges, que ce soit par exemple à l’Institut Paoli-Calmettes, à l’Hôpital Saint Joseph ou dans les hôpitaux de l’Assistance Publique. Les progrès sont également très significatifs dans le domaine de la recherche scientifique. Les présenter est tout l’intérêt de la table ronde qui a réuni une batterie d’experts ce jeudi après-midi, dans le cadre de la journée de prévention du cancer du sein organisée à l’Hôtel de Région.

L’IA voit des lésions très petites

Depuis 20 ans, c’est une montée en puissance continue symbolisée par le Cancéropôle PACA que dirige Clara Ducord. Il a favorisé la mise en réseau des médecins, des chercheurs, des scientifiques et des start-upper de toute la région. Appuyé dans l’agglomération phocéenne par l’incubateur interuniversitaire Impulse, un formidable écosystème interrégional est né, à l’image de la société niçoise Therapixel représentée ce jeudi sur scène par Pierre Fillard. Son apport dans la lutte contre le cancer du sein peut s’avérer décisif.

Table ronde sur le cancer du sein avec Clara Ducord, Pierre Fillard, Emmanuelle Charafe, Frédéric Barbarin, Laurence Olivier et Emilie Royère
Clara Ducord (Cancéropôle), Pierre Fillard (Therapixel), Emmanuelle Charafe (Institut Paoli-Calmettes), Frédéric Barbarin (Impulse), Laurence Olivier (Marseille Innovation) et Emilie Royère (Eurobiomed) ont participé au débat organisé par la Région Sud.

Son logiciel, boosté à l’intelligence artificielle et validé par les instances scientifiques européennes, est appliqué aux mammographies passées par les patientes. « Il met en évidence des petites zones de calcification que le radiologue pourrait rater, explique M. Fillard. La promesse de l’IA est d’aider le radiologue à dépister des choses très petites. Cela rassure le médecin car l’IA a été entraînée sur des millions d’images. Elle va lui dire : « ça je l’ai vu des milliers de fois, ce n’est rien, tu peux passer. » C’est un collègue virtuel hyper fort. »

Le radiologue reste décisionnaire

Il restera cependant à déterminer la responsabilité de l’interprétation, car l’IA peut… se tromper. L’avis du médecin est donc toujours primordial. Et puis il faut songer aux coûts supplémentaires. Qui va payer ? Le recours au logiciel renchérit l’examen.

La professeure Emmanuelle Charafe, anatomopathologiste à l’Institut Paoli-Calmettes
La professeure Emmanuelle Charafe (Institut Paoli-Calmettes).

Une mammo bientôt moins douloureuse ?

Et demain ? Therapixel essaie d’adapter l’IA pour rendre la mammographie moins agressive, en réduisant à la fois la dose de rayons et la douleur pour les patientes. En effet, et malgré le risque important de développer cette maladie qui touche 1 femme sur 8, certaines femmes refusent le dépistage car elles redoutent la douleur engendrée par l’écrasement des seins lors de l’examen.

Dans notre région, seules 30% des patientes âgées de 50 à 75 ans feraient ce dépistage gratuit en répondant à l’invitation de l’Assurance Maladie. C’est environ 46% au niveau national, un taux auquel s’ajoutent 10 à 15% de femmes se faisant dépister dans le cadre d’une démarche de détection individuelle.

Lire aussi : Cancer du sein, mes 7 conseils à toutes les femmes

Prédire le risque de cancer

Il n’y a pas que la mammographie qui profitera du concours de l’IA. La Pr Charafe explique : « Quand j’examine les biopsies, je dépiste plein de petites lésions qui expriment un risque de développer un cancer. On a besoin de savoir plus précisément dans combien de temps ces petites lésions vont éventuellement dégénérer en cancer. L’apport de l’IA va nous y aider. »

« S’il y a un risque, la patiente sera opérée. On sait que c’est dévastateur pour elle, il y a le stress de l’attente du résultat, les traitements, la vie sociale, professionnelle, familiale qui est bouleversée, et puis tout cela a un coût en termes de santé publique. Si on a un doute, on surveille tous les 6 mois, la patiente vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. L’IA va nous permettre d’améliorer la prédiction du risque. On a également de grandes perspectives de progression sur le risque de récidive qui concerne 2 patientes sur 10. »

Le Mammobile arrivera en avril 2026

Le public, et notamment les élèves infirmières de l’APHM présentes, toute de rose vêtues, et autrices d’une formidable flash-mob (voir notre vidéo), ont beaucoup appris. Avant cela, le gynécologue de l’Hôpital Privé de Provence Olivier Marpeau alias Mongynéco – très populaire sur les réseaux sociaux – avait répondu aux questions de Magali Maugeri, directrice de la Ligue contre le cancer des Bouches-du-Rhône. Le but : informer sans stresser.

Un public enthousiaste lors de la table ronde, avec les élèves infirmières de l’APHM vêtues de rose
Un public très enthousiaste avec notamment les élèves infirmier-e-s de l’APHM.

Une autre très bonne nouvelle est venu du président de la Région Sud. Dans le cadre de son Plan Cancer 2 (60 millions d’euros injectés sur deux mandatures), Renaud Muselier a confirmé la mise en service en avril 2026 du « premier Mammobile de France », insiste-t-il. Un petit camion équipé tel un cabinet médical mobile, doté d’un appareil de radiographie des seins. La patiente recevra le résultat 15 jours plus tard, comme son médecin. « Cela nous permettra d’aller au contact dans les territoires excentrés des lieux de prise en charge. »

Renaud Muselier, président de la Région Sud, annonce la mise en service du premier Mammobile de France en 2026
Le président de la Région Sud, Renaud Muselier.

« Une maladie comme une autre »

Renaud Muselier, qui est également médecin, se veut rassurant si on prend ce cancer à son début. Ce que doit permettre un dépistage tous les deux ans à partir de 50 ans, plus tôt en cas d’antécédents familiaux. « C’est une maladie comme les autres, elle peut se soigner. Si on prend tôt le cancer du sein, on a 90% des personnes qui récupèrent et qui sont en bonne santé ensuite. C’est pourquoi il faut soutenir l’information sur ces maladies. »

Voir aussi : Prendre soin de sa poitrine, ça s’apprend (notre vidéo)

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