La Région au soutien des communes touchées par les incendies

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A l’occasion de l’hommage rendu aux victimes des incendies qui ont ravagé une partie du Var au mois d’août, François de Canson, vice-président de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur revient sur ce triste été et la stratégie de la Région pour préserver les forêts. En charge du Développement économique, de l’Attractivité touristique et de la Prévention des risques majeurs, François de Canson s’est exprimé depuis la chapelle Notre-Dame de la Queste, à Grimaud, aux côtés d’Alain Bendetto, maire de Grimaud et Christine Amrane, présidente du syndicat mixte du massif des Maures.

Que peuvent attendre les acteurs du territoire en termes de solidarité interdépartementale ?

François de Canson : Après la catastrophe survenue dans le Var et qui a détruit plus de 7000 hectares de notre territoire, la guerre du feu est plus que jamais l’une des priorités de la Région. A ce jour, ce sont 4 millions d’euros du budget régional qui y sont consacrés chaque année. La Région a déployé de nombreux dispositifs afin de préserver nos forêts et lutter contre les incendies, dont le Fonds Respi,r qui réunit propriétaires forestiers et financeurs privés.

Ce combat vous tient particulièrement à cœur ?

Mon engagement dans le combat des risques naturels n’est pas le fruit du hasard. Je suis un enfant de ces Maures, bercés dans cette région magnifique, rare et précieuse, que tout le monde nous envie, que tout le monde visite, mais qui est si fragile. Sur les 20 dernières années, 80 % des communes de la région ont fait l’objet d’un arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. Toutes les communes de la région sont exposées à au moins l’un des cinq risques naturels majeurs. De Montgenèvre à Menton, nulle exception.


C’est le sens de mon engagement : dépasser les inerties, quelle qu’en soit l’origine, les dogmes, les contre-sens, y mettre la sueur, l’énergie, la hargne nécessaires, mais passer la barre pour un nouveau paradigme dans la gestion des risques. Et le faire ensemble.

Une intervention de la région en complément des assurances

La Région va donc apporter un soutien aux communes ?

En effet. Dans le cadre de sa politique de solidarité avec les communes victimes de catastrophes naturelles, la Région apporte un soutien aux communes qui ont engagé des dépenses exceptionnelles pour faire face aux incendies du mois d’août dans le Var et le Vaucluse. Ce soutien vient en complément du cadre d’intervention de restauration des terrains incendiés. Lits de camp et couvertures, poteaux incendie, curage de buses, nettoyage de vallons, reprises de voieries, aide aux viticulteurs et agriculteurs sinistrés.

Dans le Var, ce sont 73 exploitations viticoles et cinq caves coopératives qui ont été touchées par l’incendie de Gonfaron. La Région interviendra, si besoin, en complément de l’intervention des assurances, dès que celle-ci sera précisée, à l’instar de ce qui a été fait en avril lors des épisodes de gel.

Selon vous, il faut une vraie concertation ?

Je le disais en introduction, sur la gestion des risques, d’autant plus en zone méditerranéenne, une réflexion pragmatique, concertée et inclusive doit être menée. On a tendance à négliger la concertation. Aujourd’hui, elle doit être mise en place rapidement. L’avenir ne peut s’écrire sur des pages de rancunes, comme je le lis trop souvent ces derniers jours. On doit sortir de l’ornière, écouter et se souvenir. A nous tous de rester lucides et constructifs, loin des querelles qui appellent par facilité à faire se lever les uns contre les autres.


Nos forêts sont le théâtre de multiples usages, promeneurs, habitants, visiteurs, touristes, chasseurs, sylviculteurs, agriculteurs, professionnels du liège ou des châtaignes, c’est un fait. Nous ne pouvons tolérer des situations bloquantes au risque d’exposer notre territoire.


Il faut faire appliquer les obligations de débroussaillement, trouver des pistes de protection des espaces via des coupes feux ou des solutions d’irrigation et oser poser clairement la question de la prévalence systématique de la réglementation environnementale sur celles des risques. Cette posture souvent unilatérale, radicale, dogmatique, administrative, mène à des aberrations. C’est vrai en matière de lutte contre les incendies, c’est vrai aussi dans les Papis et la protection des habitants contre les inondations.


Par exemple, d’un côté on va être drastiques sur les opérations de débroussaillement, allant jusqu’à exiger un travail exclusivement manuel pour certains sites, c’est une vue de l’esprit, une posture peut être louable sur le papier, mais irréaliste, et quand ça brûle les équipes attaquent à grands coups de bull pour ouvrir des voies sur ces mêmes sites sensibles.

Une collaboration nécessaire avec l’administration centrale

Quelles sont, selon vous, les mesures urgentes à prendre ?

Il convient dès à présent de développer l’éco-pastoralisme, les cultures coupe-feu, les réserves d’eau collinaires, l’implantation du canal de Provence, la culture DFCI, la levée d’embâcles. Comme j’ai eu l’occasion de le dire au président de la République, au ministre de l’Intérieur et au commissaire Européen en charge de l’Environnement, nous devons être suivis par l’administration centrale, aidés, épaulés.


Emmanuel Macron m’a confirmé sa volonté de nous assister dans la lutte contre les risques naturels en permettant des facilités administratives. Comme je l’ai toujours fait, je resterai en première ligne sur ce dossier, car on ne peut plus se contenter de beaux mantras répétés en boucle, nous passerons cette traction nécessaire.

Gilles Carvoyeur

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