Maladies cardiovasculaires : la mort marche à 3km/h et nous poursuit !

Bouger c'est la vie ! Il n'a jamais été autant question de la nécessité à pratiquer l'activité physique qu'hier soir à Nice à l'occasion de la conférence proposée par MProvence et dédiée à la prévention des maladies cardiovasculaires. Le Pr Lefthériotis du CHU de Nice a rapporté une étude selon laquelle les personnes qui se déplacent à moins de 3 km/h décèdent plus vite que les autres. La forme, ça se travaille chaque jour !

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« A votre avis, la mort, elle marche à quelle vitesse : 5km/h, 3 km/h ou 1 km/h ? » La question lancée par le professeur Georges Lefthériotis, chef de l’unité de médecine et d’explorations vasculaires au Centre-Hospitalo Universitaire de Nice, a surpris les personnes venues assister à la conférence organisée par MProvence et intitulée « Vos artères ont besoin de vous« . Mais elle n’est pas une simple boutade. Une très sérieuse étude australienne réalisée sur 1700 individus âgés de plus de 70 ans, publiée dans une revue médicale britannique, s’est penchée sur la question on ne peut plus scientifiquement. Et elle intéresse bigrement le médecin niçois qui a ciblé son intervention sur l’artériopathie des membres inférieurs.

Attrape-moi si tu peux !

La vitesse de marche des septuagénaires a été mesurée puis on l’a mise en perspective avec l’âge de leur décès. Conclusion du Pr Lefthériotis : « Ceux qui marchaient à 5 km/heure n’avaient pas de souci particulier. Mais en dessous de 3 km/h, ils sont morts ! » Moralité, quand on marche, « il faut marcher d’un bon pas ». Précisons que 4 à 5 km/h est une vitesse de marche classique, que 1 ou 2 km/h c’est vraiment lent. OK Doc, mais si je n’arrive PAS à me déplacer plus vite ?

Eh bien il faut consulter. Le médecin souligne que lorsque les artères se bouchent à cause du cholestérol, cela peut déclencher une boîterie, une claudication (du nom de l’empereur Claude qui boîtait!). Dans ce cas le praticien « doit prendre la pression aux chevilles et pas seulement au bras, faire le rapport entre les deux pressions, et si vous êtes en dessous de 0,9 cela veut dire que vos artères se bouchent, qu’il n’y a pas assez de sang et de pression pour perfuser vos pieds. Si vous avez une claudication, on pourra vous opérer pour déboucher vos artères. »

Une dame lève la main : « Et le vélo, c’est bien aussi ? » Bien sûr ! Mais ce n’est visiblement pas suffisant. « Le vélo fait surtout travailler les cuisses. La marche fait plus travailler les mollets, et donc les petites artères qui s’y trouvent. »

7h de marche par semaine = 4 ans et demi gagnés

Le Dr Alain Fuch, médecin conseil chef de service à la CNAM et président d’Azur Sport Santé, a donné des chiffres saisissants : « 1 heure de marche par semaine, c’est 1,8 année d’espérance de vie en bonne santé de gagnée. 7 heures de marche par semaine (donc 1 par jour ou 2 tous les 2 jours) c’est 4 ans et demi de gagnés ! » L’activité physique régulière permet une baisse de 20 à 30% des risques de mort précoce, de maladies cardiovasculaires, d’hypertension artérielle, elle agit contre les risques de cancer, de maladies neurologiques… « Si on est sédentaire, on a une baisse des défenses immunitaires et de la vasodilatation des artères« , ajoute le médecin (qui se déplace à vélo).

Erection molle : et si c’était vos artères ?

Autre alerte inattendue à destination des messieurs et soulignée par le Dr Christophe Bonnin : « Dans le registre des maladies liées à l’athérosclérose, n’oublions pas la dysfonction érectile. Elle peut être un marqueur précoce de maladies cardiovasculaires. » En d’autres termes, si un homme a du mal à avoir une érection, c’est peut-être simplement dû à une mauvaise circulation sanguine et dans ce cas il est recommandé de voir un médecin vasculaire. Le Dr Bonnin a également lourdement insisté sur le tabagisme : le risque cardiovasculaire augmente dès une cigarette par jour.

Diabète : le risque multiplié

Evoquant le diabète de type 2 qui touche entre 4 et 5 millions de Français et dont les cas ne cessent d’augmenter de 4% par an, la Dr Stéphanie Telo, endocrinologue, invite au dépistage de cette maladie « qui multiplie le risque cardiovasculaire par 2 ou 3.  Si en plus on a du cholestérol ou qu’on fume, c’est un cocktail très dangereux ! Heureusement, on peut équilibrer le diabète et agir sur plusieurs facteurs comme la sédentarité, le surpoids, la malbouffe. »

Toutefois, tous les médecins niçois ont alerté ce mardi soir sur l’explosion d’obésité dès l’enfance, qui devient affolante. En 2024, il n’est plus rare de voir des diabétiques à 25 ans – à tel point qu’on parle désormais de « diabésité » – et des infarctus du myocarde à 30 ans.

Et les femmes dans tout ça ?

On l’a écrit plusieurs fois déjà : elles sont au moins autant que les hommes victimes de maladies cardiovasculaires. 200 femmes et 200 hommes décèdent chaque jour en France de ces pathologies. La différence, comme l’a rappelé la Dr Elodie Ferret-Courjon, anesthésiste gynéco-obstétrique, c’est le manque d’écoute de leurs symptômes.

« Un homme qui s’effondre, on lui fait un massage cardiaque car on pense à un infarctus. Si c’est une femme, on lui lève les jambes en pensant que c’est un malaise. On a tous été conditionnés comme ça dans notre société, même nous les médecins. » C’est le syndrome de Yentl : un biais sexiste qui voudrait que les femmes présentent les mêmes caractéristiques que les hommes pour être prises au sérieux face à la maladie coronarienne. Or il sont bien souvent différents. Et les femmes elles-mêmes prennent moins soin d’elles, font toujours passer enfants et mari en premiers.

« Souvent, les femmes minimisent leurs symptômes. On assiste à une baisse globale de la mortalité cardiovasculaire mais on voit une hausse chez les femmes de moins de 55 ans », ajoute la Dr Ferret-Courjon. Bonne nouvelle, le service du Pr Lefthériotis au CHU de Nice (Pasteur 1) a ouvert le vendredi matin sur rendez-vous une consultation spécialisée pour l’évaluation du risque cardiovasculaire chez la femme.

Eviter la rupture de l’aorte

Enfin, il y a une préoccupation majeure que porte le professeur Elixène Jean-Baptiste, chirurgien vasculaire au CHU : l’anévrisme de l’aorte. « L’aorte est le principal tuyau qui transporte le sang vers les organes et partout dans notre corps. Ces artères peuvent se dilater et finir par exploser, comme un ballon, ou se déchirer ».  Le risque de mort immédiate est alors très élevé – 80% -, et particulièrement chez la femme.

Le nombre de personnes atteintes d’anévrisme de l’aorte ne cesse lui aussi d’augmenter. Il est actuellement de 6 à 7000 nouveaux cas par an et le médecin prévient : « On peut passer à côté pendant des années. » Voilà pourquoi il préconise un dépistage via une échographie.

« Et quand on a un anévrisme à un endroit, il faut chercher aux autres endroits ! » La chirurgie mini invasive permet désormais de poser des endoprothèses sans ouvrir l’abdomen. Pour répondre aux urgences de toute la région niçoise, le Pr Jean-Baptiste et ses confrères ont créé pour les médecins et les services d’urgence le service « SOS Aorte », fonctionnel 24H/24.

Merci aux équipes du magnifique Centre Universitaire Méditerranéen de Nice et à la Ville de Nice pour l’accueil chaleureux de cette conférence.

Dernier rendez-vous à Marseille

La dernière conférence publique sur la prévention des maladies cardiovasculaires a lieu ce mercredi 31 janvier à 17h30 à Marseille. Organisée par MProvence en partenariat avec l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, elle se déroule au siège d’Aix-Marseille Université (amphi Gastaut), jardin du Pharo, 58 Bd Charles Livon, 13007 Marseille. Entrée libre.

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