Monetech ressemble de plus en plus à une belle success story régionale. C’est elle, en effet, qui a été chargée par Ile-de-France Mobilités de la dématérialisation de la carte Navigo et du rechargement de la carte traditionnelle en plastique via les smartphones, en s’appuyant sur la technologie sans contact NFC. Selon Henry Castellan, cofondateur et directeur de Monetech, ce contrat décroché par ses équipes représente « à la fois un aboutissement et un commencement pour [sa] société ». Un succès qui conforte l’envergure nationale de l’entreprise et qui a un peu plus boosté ses résultats, puisqu’elle s’apprête à dégager un chiffre d’affaires de 1,7 million.
Ce challenge la pousse également à intensifier ses efforts sur la conception et le déploiement de services mobiles grand public, un domaine sur lequel elle collabore avec d’importantes sociétés et collectivités. Car le futur du sans contact en matière de transports, c’est d’aller vers l’utilisation d’un seul support – carte ou mobile – pour se déplacer et accéder aux services urbains. Un moyen unique utilisable de Marseille à Paris, sur une même journée, pour prendre à la fois les transports de la RTM, de la SNCF, de la RATP, louer un vélo ou encore aller visiter un musée de la capitale. Des services multicartes prisés et privilégiés par bon nombre de métropoles du pays, qui font appel à la société dans cet objectif.
Des projets sur la suppression du ticket magnétique
Mais Monetech ne se repose pas sur ses lauriers pour autant. « Quatre-vingt-dix pour cent de notre chiffre d’affaires provient du secteur public, explique Henry Castellan. Avec des projets de longue durée, comme à Paris ou Toulouse en ce moment, c’est la suppression pure et simple à terme du ticket magnétique qui est en jeu. Ces projets, qui mobilisent une grande partie de nos ingénieurs, sont bien évidemment des opportunités pour nous. En revanche, ils nous limitent sur les projets supplémentaires que l’on peut prendre en charge, notamment pour le compte d’acteurs privés. Nous comptons sur une diversification de nos clients et marchés, afin de changer la donne. Il nous faut pour cela des personnes qualifiées. Nous avons d’ailleurs lancé des embauches dans ce but. »
A la fois architecte et chef de chantier numérique
« Nous sommes positionnés dans le conseil autour du transport, mais la technologie et la dématérialisation sont exportables sur plusieurs domaines d’activités, souligne le patron de Monetech, rappelant que c’était notre pari, dès le départ, de se spécialiser dans cette stratégie de niches, d’experts. Comme il y a très peu d’acteurs aussi spécialisés que nous, nous arrivons à nous positionner sur de nombreux projets lors des appels d’offre. Nous avons aujourd’hui nos propres méthodes, une culture très opérationnelle, pour être de plus en plus compétitifs dans le domaine du delivery. Pour mieux comprendre notre rôle, nous sommes à la fois architectes et chefs de chantier numérique. Nous concevons les plans de solution, coordonnons les différents développeurs en charge de la réalisation du projet, en mettant la glu nécessaire entre eux. Notre mission consiste à faire en sorte que la solution soit parfaitement fiable, en détectant et corrigeant les bugs. Pour cela, notre spécialiste met des sondes dans les mobiles et parvient à s’immiscer dans les serveurs afin de cibler ce qui ne fonctionne pas. Car il connaît parfaitement les acteurs et le fonctionnement de la solution. »
Les JO 2024 en ligne de mire pour attirer industriels et collectivités
Les têtes pensantes de la société provençale sont toujours focalisées sur la phase d’après. Celle où le mobile sera davantage « le sésame de la mobilité », l’objet numérique qui donnera accès à toutes les formes de déplacement. C’est pourquoi elles collaborent étroitement avec les grands fabricants de téléphones mobiles, comme Samsung sur le projet Navigo, mais aussi avec les sociétés de transport comme la SNCF et la RATP.
Aujourd’hui, Henry Castellan ne cache pas son intérêt pour les JO de 2024 à Paris, qui permettraient selon lui à Monetech de « dynamiser son savoir-faire. » Parmi les atouts qui peuvent lui permettre de tirer son épingle des Jeux, il rappelle ainsi« le premier City Pass à Marseille, que l’on avait lancé avec l’Office de Tourisme et des Congrès pour l’année capitale européenne de la culture en 2013. » Et d’espérer « un même élan d’ici 2024, avec des industriels et des collectivités qui viennent à nous. Sur notre territoire, on sent que cela bout ! »
Une synergie entretenue avec le géant Thales
Selon l’entrepreneur, la France jouit ces dernières années d’une bonne réputation dans le domaine de la Tech, mais elle manque de relations avec les autres pays européens. Il compte sur le projet parisien pour donner à sa société une plus grande visibilité, mettre en valeur ses compétences et « faire boule de neige » dans d’autres métropoles du Vieux-Continent. Avec le sans contact, mais plus largement dans le domaine des Smart Cities, les « villes intelligentes » qui commencent à naître aux quatre coins du monde et réclament ce que Monetech sait faire : communiquer entre eux de plus en plus d’objets et de machines.
La volonté de se faire davantage connaître dans sa propre région
Des ambitions internationales qui n’empêchent pas l’entreprise de regarder aussi l’environnement proche, la région, où Henry Castellan regrette de ne pas travailler davantage.« Nul n’est prophète en son pays », sourit-il, estimant que « en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le fait d’être de Marseille, d’être local, peut clairement nous desservir. En n’étant pas des Parisiens, on peut paraître moins experts pour beaucoup de monde par ici… Très souvent, dans cette région, on peut ne pas supposer que la meilleure compétence, comme la meilleure solution, est au coin de sa rue ! »
La situation actuelle pourrait l’aider à le démontrer. Car avec la crise sanitaire, personne ne peut plus négliger les solutions de paiement et d’accès via le téléphone mobile, ni les besoins croissants en dématérialisation.
Bruno Angelica
Le chiffre : 70 %
Le marché du transport, qui a été dès le départ la spécialité de l’entreprise Monetech, représente aujourd’hui 70 % de son chiffre d’affaires.
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