Enjeux de décarbonation : Marseille se tourne vers la mer

Du 30 janvier au 1er février 2024 se tenait la sixième édition du salon Euromaritime à Marseille. Alors que l'économie bleue fait face aux enjeux de transition écologique, le sujet de la décarbonation était au coeur de l'évènement. Électrification à quai, cargos à voile ou encore propulsion à l'hydrogène, nombreux ont été les sujets évoqués pour un secteur en pleine effervescence.

Economie

L’édition 2024 du salon Euromaritime se tient dans un contexte de grandes mutations du secteur de la mer. L’enjeu de décarbonation fixé à 2050, la transition écologique et les innovations technologiques sont autant de défis auxquels l’industrie maritime doit s’adapter. » 50% des solutions dont nous avons besoin pour 2050 n’existent pas. Aujourd’hui, nous n’avons pas assez d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers dans l’univers énergétique, et les métiers de la décarbonation », précise Frédéric Busin, directeur Action régionale d’EDF Provence-Alpes-Côte d’Azur.

L’électrification à quai : enjeu de décarbonation

Mise en oeuvre dans une quinzaine de ports mondiaux, l’électrification à quai permet une réduction de l’empreinte carbone des engins, en évitant de faire tourner leur moteur au port. À cet effet, l’Union Européenne a mis en place la connexion électrique des navires à quai, obligatoire dès 2030. Un chantier colossal, amenant plus d’une centaine de ports à être aménagés. Depuis 2017, celui de Marseille-Fos s’est équipé d’installations permettant aux ferries de se brancher à quai. Plus récemment, c’est la métropole Toulon Provence Méditerranée TPM qui a annoncé se doter de quais électrifiés pour fin 2023.

Cargos à voile, solution pour décarboner le transport maritime ?

Lise Detrimont est cofondatrice déléguée de l’association Wind Ship. Ce développeur de transports maritimes propres grâce à la propulsion par le vent a vu le jour en 2019. L’utilisation du vent comme moteur ou complémentaire à celui-ci est une des seules solutions décarbonées à ce jour disponible pour tout navire  » et c’est une solution encore trop méconnue », appuie Lise Detrimont. Un « carburant » alternatif qui ne date pas d’hier… mais qui offre des possibilités. « Le vent est une source d’énergie renouvelable, inépuisable et directement utilisable, et sans être stockée à bord. »

Avec un objectif annoncé par la Commission Européenne de 10 000 cargos hybrides sur l’eau pour 2030, cette innovation reste néanmoins en quête de soutien industriel. Chez Wisamo, le spin-off de Michelin, un prototype de voile de 800m2 par 100m2 a vu  le jour. Rétractable en fonction du vent, celle-ci a été mise à l’épreuve sur un roulier. Un pas de plus vers la réalisation d’un projet.

Des modèles de propulsion à l’hydrogène

La volonté de verdir le transport maritime passe également par la conception de modèles à propulsion hydrodynamique. Pour certains, il est indispensable de former afin d’accéder à ces nouvelles compétences. C’est le souhait de Neptech, EDF et l’Ensam (Arts et Métiers) qui ont décidé de collaborer à cet effet. « L’objectif est de soutenir une thèse portée par les ingénieurs et doctorants des Arts et Métiers sur la conception de navires fonctionnant à partir de l’hydrogène et de l’électricité via une pile à combustible, des batteries, et des moteurs électriques. », encourage Frédéric Busin. Un levier formateur qui permet d’accélérer la décarbonation par les compétences.

« Le fait d’imaginer des moyens de propulsion à l’hydrogène bouscule le champ des compétences. Il va falloir former des agents de maintenance, de fabrication et de montage en utilisant cette énergie renouvelable. »,  précise Alain Mahé. Un pas de plus vers l’innovation de propulsion hydrodynamique, que la CMA CGM souhaite également expérimenter. Pour l’acteur souvent pointé du doigt pour son activité jugée polluante,  » l’enjeu de décarbonation et de transition environnementale est fondamental ». Avec l’objectif d’atteindre le net zéro carbone en 2050, le géant se voit travailler sur plusieurs volets :  » la source de propulsion des navires, mais également l’aérodynamique et l’hydrodynamisme des navires. », détaille Damien Denizot, porte-parole du groupe.

Soutenir les compétences de demain

Euromaritime a pu mettre en lumière un secteur qui regorge d’emplois. Ingenierie, manutention, construction navale… les formations abondent dans une région  » qui prospère autour de la mer. Il y a beaucoup à faire dans la transition écologique dans le secteur maritime. « , se réjouit Alain Mahé, directeur Rhône Alpes de l’Afpa.

L’accompagnement de la jeunesse représente un véritable levier pour l’Agence nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes (AFPA). « Nous avons des programmes d’innovation, qui permettent de créer et de faire émerger de nouveaux métiers. « , spécifie le directeur de la structure. Un centre de formation qui se caractérise par sa pédagogie, basée sur la mise en pratique. « Elle se fait par la mise en situation concrète de travail. « , précise Alain Mahé. Face au principal enjeu, la décarbonation, le secteur maritime reste pourvoyeur d’emplois, et développe les compétences du futur.

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