Figurez-vous l’arrêt complet du coeur et des poumons. La circulation sanguine est gérée par une machine et l’as du bistouri ouvre l’organe vital pour en détacher la grosse artère malade et la remplacer par un tube en nylon tressé. Bouquet final : le chirurgien masse littéralement le coeur pour le faire repartir… c’est absolument magique.
Mais non, ne vous figurez-plus cela ! Regardez plutôt ce reportage que j’ai eu le bonheur de réaliser avec Bruno Angelica derrière la caméra.
Je peux l’avouer : c’est l’un des moments parmi les plus émouvants qu’il m’a été donné de vivre lors de ma carrière de journaliste : la remise en route du coeur d’un homme de 78 ans, neutralisé 2 heures auparavant pour les besoins de la chirurgie.
Après avoir minutieusement sectionné et remplacé la partie anormalement dilatée – un anévrisme – de l’aorte thoracique ascendante, celle qui sort du coeur et propulse 5 litres de sang à la minute dans notre organisme, le professeur Gariboldi saisit l’organe à pleine main et le masse doucement pour le faire repartir. Instant de grâce.
L’organe central reprend sa course vers la vie, un peu désordonnée au début. Un choc électrique pour calmer ce petit moteur, et le voici qui reprend ses battements réguliers. La tension à ce moment est extrême. La moindre suture qui viendrait alors à lâcher, ou une bulle d’air non purgée lors du massage du coeur qui s’échapperait vers le cerveau, et ce serait la mort instantanée de l’opéré. Mais non, tout est sous contrôle des artistes du bloc et l’ensemble fonctionne à merveille. C’est reparti pour des années !
Des patients en urgence absolue sauvés par une équipe incroyable
150 patients sont ainsi pris en charge chaque année dans le service dirigé par le professeur Frédéric Collart à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, parfois en urgence absolue. Nous vous proposons, à travers ce reportage réalisé au rez-de-chaussée de ce paquebot hospitalier qu’est la Timone, de découvrir le ballet des soignants. Vous allez rencontrer l’étonnante fonction absolument vitale de l’infirmier perfusionniste : assis devant une sorte d’orgue à roulettes, il actionne des mollettes et des manettes pour purifier, refroidir ou réchauffer le sang du patient qui file à toute vitesse dans un entrelacs de tuyaux. Stupéfiant système de la circulation extra-corporelle, qui supplée l’arrêt du coeur pour alimenter le corps endormi.
Le septuagénaire opéré ce jour-là va très bien !
Que le Pr Gariboldi soit remercié pour nous/vous délivrer un cours de chirurgie cardiaque magistral tout en sauvant la vie d’un homme, avec ses formidables équipiers : interne en chirurgie, infirmier de bloc, infirmière circulante, infirmier perfusionniste, anesthésiste, infirmière anesthésiste, et le cardiologue Alexis Théron qui vérifie par échographie les paramètres du coeur alors que le thorax n’est pas encore refermé.
Et vous voulez connaître la meilleure nouvelle ? Notre patient du jour se porte très bien quelques semaines après l’intervention ! Car c’est bien cela l’essentiel. La magie talentueuse habituellement cachée des équipes chirurgicales n’a pas d’autre vocation que servir la société.
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