La sécheresse laisse la Provence exsangue

Vendredi 5 août, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et Christophe Béchu, de la Transition écologique et la Cohésion des territoires, se sont rendus dans les Alpes-de-Haute-Provence pour évoquer la question cruciale de la sécheresse. Une urgence qui touche l'ensemble du pays !

société

Marc Fesneau et Christophe Béchu, respectivement ministre de l’Agriculture et ministre de la Transition écologique, ont effectué un déplacement en duo dans les Alpes-de-Haute-Provence, avec la volonté affichée de faire front commun face à la sécheresse qui frappe tout le territoire.

En effet, personne n’est épargné et le ministre de la Transition écologique n’a cessé de rappeler qu’à l’heure où il parlait, 62 départements avaient au moins promulgué un arrêté de crise et que plus d’une centaine de communes connaissait des soucis d’approvisionnement en eau potable. Le successeur de Barbara Pompili a également souligné que cette visite intervenait le jour de l’activation de la cellule de crise gouvernementale. Ils ont martelé, à plusieurs reprises, que la situation était inédite et ont appelé à la solidarité, l’anticipation.

Alpes-de-Haute-Provence, un département en avance

Le choix des Alpes-de-Haute-Provence n’était donc pas un hasard, puisque le territoire illustre parfaitement les multi-usages et que l’adaptation y est le maître-mot, depuis déjà de nombreuses décennies. Les ministres rendaient en cela hommage aux anciens, qui avaient déjà commencé à réfléchir à ces problématiques avec la création des grands lacs du Verdon. Ces derniers démontrant chaque année, encore plus aujourd’hui, leur utilité à la fois pour l’irrigation, la production d’énergie et le tourisme…

Tout un secteur durement touché par la sécheresse

Pour leur permettre de toucher du doigt la réalité agricole du territoire les ministres avaient tout d’abord été conviés sur l’exploitation des époux Chaillan à Roumoules, lavandiculteurs et distillateurs sur le plateau de Valensole. « Nous sommes très inquiets, nous n’avons aujourd’hui aucun sujet de satisfaction concernant nos cultures, déplorait Delphine Chaillan. Nous avons l’impression d’être dans un tunnel sans fin. »

Olivier Pascal vice-président de la chambre d’agriculture a tenu à distinguer les enjeux structurels et conjoncturels en mettant notamment en avant les éleveurs qui se retrouvent dans une situation catastrophique ne sachant pas comment abreuver leurs troupeaux. « Nous allons avoir besoin de l’État, interpellait-il les ministres. Il ne faut pas laisser les agriculteurs sur le bord de la route. »

Concernant les enjeux structurels, il a rappelé que le plateau de Valensole était l’objet d’un vaste projet d’irrigation de la part de la Société du canal de Provence (SCP) pour lequel, là encore, l’État se devait d’être présent « afin qu’il aille au bout, même si les agriculteurs mettraient également la main à la poche ».

visite ministre Riez
À Riez, ils ont pu constater la sécheresse du Colostre qui a pourtant bénéficié d’un programme de réhabilitation. Les représentants de l’Office français de la biodiversité, de l’Agence de l’Eau, de la fédération départementale de pêche et du parc du Verdon ont abordé la question de la biodiversité et des dangers qui la menacent. ©AG

Un dialogue constructif et raisonné

En réponse aux nombreuses craintes, Christophe Béchu a souligné que les agriculteurs étaient en première ligne du réchauffement climatique, qu’il fallait trouver un équilibre et des solutions dans un contexte totalement inhabituel. Face à lui, Jérémy Lieutier, secrétaire général de Jeunes agriculteurs 04, a souhaité que l’agriculture reste prioritaire sur les autres usages et qu’elle soit sanctuarisée.

Enfin, Marc Fesneau a fait appel à la raison à plusieurs reprises, à la fois dans la répartition des usages, mais aussi dans leur hiérarchie, « sans les opposer, en se plaçant sur une échelle globale ». Il a bien entendu rappelé qu’il était impossible de produire des denrées alimentaires sans eau ! D’où la nécessite de se projeter dans l’avenir et regarder ce que faisaient également nos voisins qui savent, par exemple, utiliser l’eau des stations d’épuration.

Une visite au pas de course sous un soleil de plomb qui rappelle à quel point la question de l’eau est l’affaire de tous.

Alexandra Gelber

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