La lavande candidate au patrimoine mondial de l’Unesco

La candidature des champs de lavandes provençaux au patrimoine mondial de l’Unesco a été officialisée le 4 juillet. Une ambition commune au Comité des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (CPPARM), à la Commanderie de la lavande, à l’université européenne des saveurs et senteurs (UESS) et le syndicat Plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) de France, aux prises avec une règlementation européenne peu favorable.

société

Les organisations professionnelles de la filière « plantes à parfums, aromatiques et médicinales » sont tombées d’accord pour tenter de faire reconnaître l’or bleu de Provence à l’échelle mondiale. Mais le parcours s’annonce semé d’embûches pour faire entrer les « paysages olfactifs et poétiques de lavandes » dans cette grande famille, qui comprend déjà des paysages emblématiques français. On citera, entre autres, le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais , les Causses et les Cévennes, paysages culturels de l’agropastoralisme méditerranéen, ou encore les climats du vin de Bourgogne.

Pour lancer cette candidature et la faire connaître, une journée itinérante a été mise sur pied. Un premier rendez-vous a eu lieu dans la Drôme, au pied du château de Grignan, avant que les participants ne prennent le chemin de Sault, en Vaucluse, puis de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, où ils ont achevé leur périple.

Unesco

Une candidature à la hauteur

Fidèles à la mémoire de Jean Giono, l’écrivain manosquin qui ne cessait de clamer que « la lavande était l’âme de la Haute-Provence », tous les acteurs de la filière se sont unis derrière cet objectif de long terme. Car avant d’espérer entrer au patrimoine mondial, il faudra à coup sûr patience et persévérance de la part des professionnels, qui ont recruté Nadia Bedar pour diriger cette candidature. La jeune femme avait déjà accompagné la ville de Grasse dans cette démarche, avant de prendre en charge le dossier des ganteries de Millau, elles aussi candidates à ce classement. Lors de son allocution, en conclusion de cette « tournée des lavandes »,  elle a avoué trembler depuis le début de la journée, comme si elle tombait amoureuse pour la première fois. Amoureuse de cette lavande qui, selon elle,  s’adresse « à nos cœurs d’enfants » et renvoie à toutes ces familles d’agriculteurs qui soignent et transmettent ce patrimoine. Elle a ainsi évoqué un « chemin rude, difficile mais passionnant », avec une « épreuve du feu » à passer avant la reconnaissance. Nadia Bedar estime que cette candidature est à la hauteur des 49 déjà reconnues, voire même au-dessus, car elle marie des objectifs de développement durable, une reconnaissance d’un savoir-faire et des paysages immatériels. L’heure est actuellement à l’inventaire pour recenser tous les événements et biens culturels liés à la lavande.

Cette candidature suscite déjà l’engouement de nombreuses personnes, dont des parfumeurs qui se sont déjà engagés à valoriser encore plus la lavande dans leurs produits. Toutes les bonnes volontés sont cependant bienvenues pour construire cette belle aventure, qu’elles soient issues du tourisme, de l’économie, de la politique… etc.

Dans son discours introductif, Laurent Depieds, président du CPPARM et de l’UESS, a tenu à rendre hommage à Francis Vidal, président de la Commanderie de la lavande de Haute-Provence, à l’origine de cette idée un peu saugrenue suggérée par une étudiante dans sa thèse de fin d’études.

Lionel Terrail, en charge de la Route des lavandes, s’est félicité que les producteurs aient souhaité associer le monde du tourisme à cette démarche.

de laurens
Patrice De Laurens Directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt a été fait chevalier de la commanderie de la lavande de Haute-Provence. ©AG

Un soutien unanime

De nombreux soutiens politiques bas-alpins, drômois et vauclusiens, s’ajoutent à la longue liste des partisans de cette candidature. Qui bénéficie également du soutien de l’État, représenté le 4 juillet par Violaine Démaret, préfète des Alpes-de-Haute-Provence et Patrice de Laurens, directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). Lequel  a été intronisé chevalier de la Commanderie de la lavande de Haute-Provence, quelque semaines avant de prendre sa retraite. Tous ont rendu hommage à « l’ange gardien des Papam » et au travail exceptionnel qu’il a fait durant toutes ces années.

Patrice de Laurens n’a pas été le seul à passer sous le fil de l’épée de Francis Vidal, puisque David Gehant, le maire de Forcalquier, a lui aussi été distingué. Il a eu une pensée émue pour l’enfant de sept ans qui avait bricolé un alambic dans la cuisine de ses parents et qui serait très fier aujourd’hui de se voir honoré par la Commanderie. Il en a profité pour rappeler le soutien de la Région, qui s’associe officiellement à cette démarche et la volonté farouche de défendre la filière face à toutes les menaces qui la guettent.

Le jeune Filéas, 11 ans, a conclu cette journée forte en émotions avec un texte de Jean Giono, lu avec brio devant une assemblée attendrie et déterminée à s’unir pour défendre la petite fleur bleue de Haute-Provence.

Une route qui sera longue mais qui a déjà été ouverte par d’autres qui ont prouvé que c’était possible, comme le Géoparc de Haute-Provence qui a été le premier au monde à obtenir cette distinction comme l’a souligné Violaine Démaret.

Alexandra Gelber

Les dix critères de sélection de l’Unesco :

  1. représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain ;
  2. témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ;
  3. apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue ;
  4. offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine ;
  5. être un exemple éminent d’établissement humain traditionnel, de l’utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d’une culture (ou de cultures), ou de l’interaction humaine avec l’environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l’impact d’une mutation irréversible ;
  6. être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle (Le Comité considère que ce critère doit préférablement être utilisé en conjonction avec d’autres critères) ;
  7. représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles ;
  8. être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification ;
  9. être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ;
  10. contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.

cet article vous a plu ?

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partagez vos commentaires.