Cancer du poumon : les espoirs sont considérables en 2024

Le tabac reste le facteur principal du cancer du poumon, dans 80% des cas au moins. La pollution atmosphérique et le tabagisme passif complètent le tableau, avec la montée de cas liés à des anomalies génétiques chez les femmes. Les progrès thérapeutiques considérables et l'espoir de la mise en place d'un dépistage par scanner chez les gros fumeurs pourraient faire notablement reculer le nombre de décès. MProvence lance une campagne de sensibilisation en ce mois de mai avec le concours des plus grands spécialistes et le soutien du footballeur Dimitri Payet.

À Pleins Poumons
Le Dr Ilies Bouabdallah opère un cancer du poumon à l’Hôpital Saint-Joseph de Marseille (Photo DR).

Vous connaissez Marignane dans les Bouches-du-Rhône ? Elle abrite l’aéroport de Marseille ainsi que l’usine mondialement connue d’Airbus Helicopters. Vous avez sans doute également entendu parler de Villefranche-sur-Saône où passe l’autoroute A6 au nord de Lyon, et de Mâcon, la préfecture de Saône-et-Loire réputée pour sa bonne chère. Ces villes sont célèbres et ont en commun de compter entre 30 000 et 35 000 habitants.

Eh bien imaginez que chaque année l’une d’entre elles soit vidée de ses habitants et vous aurez là les effets effrayants du cancer du poumon. C’est la première cause de mortalité par cancer en France : plus de 33 000 décès par an (22 800 hommes, 10 300 femmes). C’est le 3e cancer le plus fréquent avec 52 777 nouveaux cas estimés en 2023 selon l’Institut National du Cancer (INCA). Dont 33 438 hommes et 19 339 femmes.

Plus de 8 cas sur 10 dus au tabac mais…

Le tabagisme en est la cause dans 80 à 85% des cas; le tabagisme passif, la pollution atmosphérique ou des prédispositions génétiques font le reste.  Depuis 2010, l’incidence de ce cancer régresse à peine chez l’homme (-0,5%) et progresse fortement chez la femme (+4,3% par an).  « Dans les deux à trois années à venir, la mortalité par cancer du poumon chez les femmes pourrait dépasser celle du cancer du sein », avertissait en juin dernier le président de l’INCA.

L’âge médian au diagnostic est de 68 ans chez les hommes et 66 ans chez les femmes. L’âge médian au moment du décès est respectivement de 69 ans et 68 ans. L’évolution de ce cancer est souvent brutale car, étant asymptomatique, silencieux, il est dépisté tardivement, quand il a déjà envoyé des métastases dans le cerveau et les os. C’est d’ailleurs souvent un examen réalisé pour un tout autre motif – de la fatigue, une perte de poids, un scanner thoracique… –  qui le révèle incidemment, fortuitement. L’espérance de vie à 5 ans ne dépasse alors pas 20%.

La région où l’on fume le plus

Le professeur Pascal Thomas est l’un des plus grands spécialistes de ce cancer. Chirurgien thoracique à l’Hôpital Nord (Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille), il participe à la campagne d’information et de sensibilisation organisée en mai 2024 par MProvence avec une série de conférences ouvertes au public à Marseille le 14 mai, Toulon le 15, Avignon le 22 et Nice le 30.
Que cette campagne se déroule ici-même n’est pas un hasard si on prend la prévalence des fumeurs comme baromètre. Provence-Côte d’Azur est la région où l’on fume le plus (29% des 18-75 ans déclarent fumer quotidiennement, soit un million de personnes).

Les progrès considérables des traitements

Le chirurgien rappelle qu’en vingt ans, le taux de survie à 5 ans a quand même doublé pour s’approcher des 20%. « Cela peut paraître peu, mais c’est considérable. On arrive à soigner et à guérir ce cancer. » Il précise : « Les progrès de la chimiothérapie, de l’immunothérapie et des thérapies ciblées ont permis dans certains cas de transformer ce cancer en maladie chronique. »
« Le profil de cette maladie est en train de changer radicalement du fait de l’effet très positif des traitements qui émergent de manière quasi exponentielle grâce à de nouvelles molécules, et ceci presque chaque année. Il y a aussi de nouvelles découvertes qui expliquent le développement des cancers et qui représentent autant de cibles possibles des traitements.« 

Des non-fumeurs touchés, notamment des femmes

Le Pr Thomas insiste sur les causes multiples de ce cancer. « On voit des gens qui n’ont aucun facteur de risque particulier et qui font quand même des cancers du poumon, des non-fumeurs, des femmes chez qui on va trouver une anomalie génétique dans la tumeur. C’est toute la perspective des traitements ciblés pour bloquer cette voie d’activation du cancer. « 
L’expert se montre globalement optimiste. « C’est une maladie qui, au départ, est extrêmement grave, mais pour laquelle il existe des espoirs à la hauteur de cette gravité. Ils sont liés aux progrès thérapeutiques qui sont fantastiques car il y a un effort de la recherche qui est considérable. »

Un dépistage bientôt proposé à 50 ans

L’espoir viendra sans doute également d’un dépistage plus ou moins organisé et peut-être bientôt proposé aux gros fumeurs (1 paquet/jour depuis 15 ans) à partir de 50 ans. La France semble s’y préparer. Explication avec le Dr Ilies Bouabdallah, chef du service de chirurgie thoracique de l’Hôpital Saint-Joseph de Marseille, qui coordonne cette campagne de sensibilisation avec MProvence : « Le problème du cancer du poumon est que c’est une maladie insidieuse, découverte souvent trop tardivement avec, dans environ 80% des cas, une maladie avancée. C’est uniquement dans 20% des cas qu’elle est découverte à un stade localisé donc potentiellement guérissable. Si demain on met en place un dépistage par scanner, on espère faire passer ce seuil de 20 à 60% voire plus ! »

Pourquoi autant de femmes impactées ? Quel effet a la pollution ?

MProvence et ses partenaires dont les hôpitaux régionaux, Aix-Marseille Université, l’Ordre des Médecins des Bouches-du-Rhône, la Ligue contre le cancer, la Région Sud-PACA, le Crédit Agricole Alpes Provence, France Bleu Provence et Azur et les associations de patients comme  la Fondation du Souffle et le Souffle d’Après, invitent le public à rencontrer et interroger les médecins : Comment me faire dépister ? Pourquoi les femmes sont-elles autant impactées ? Comment arrêter de fumer sans douleur ? Quelle est l’influence de la pollution atmosphérique ? Quelles sont les innovations thérapeutiques pour soigner ce cancer ?

Dimitri Payet recruté à la pointe de l’attaque

A noter que cette initiative bénéfice d’un renfort de poids avec le footballeur Dimitri Payet. L’ex méga-star de l’OM au coup de patte magique – qui évolue aujourd’hui dans le club brésilien historique de Vasco de Gama mais revient constamment dans notre région – n’a pas hésité un instant à soutenir ce combat en répondant à la demande du Dr Bouabdallah.
Il est rare que des sportifs en activité s’impliquent dans la lutte contre le cancer. Lui aussi voit des proches affectés. Et le pugnace numéro 10 sait surtout combien avoir des poumons en bonne santé rend la vie plus légère, plus véloce, plus forte et plus longue. Son image déterminée et son message vont servir à interpeller des milliers de visiteurs dans nos hôpitaux et de passagers dans le métro marseillais et les gares de Toulon et Nice. S’interroger, c’est déjà s’engager dans le combat.

4 conférences du 14 au 30 mai

Pour participer à nos conférences il est recommandé de s’inscrire via le lien suivant https://docs.google.com/forms/d/1VonF8MCCDDnZvBsleeokHN6LCXE0-MCm3Wu9WBVdhI0/edit ou sur masanteprovence@gmail.com, le nombre de places est limité.
Marseille, mardi 14 mai à 18h à Aix-Marseille Université, Jardin du Pharo, 58 Bd Charles Livon, 13007 Marseille.
Toulon, mercredi 15 mai à 18h30, Campus du RCT, 53 rue Melpomène.
Avignon, mercredi 22 mai à 18h, amphithéâtre Crédit Agricole Amandier (à côté de Cap Sud), 168 avenue Pierre-Sémard.
Nice, jeudi 30 mai à 18h, Centre Universitaire Méditerranéen, 65 Promenade des Anglais.

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