J’ai un cancer de prostate : que va-t-il m’arriver ?

C’est la question que se posent chaque année 60 000 hommes auxquels on découvre cette maladie. À Marseille, le service d’urologie de l'hôpital de la Conception (APHM) a mis en place une consultation d’annonce, où une infirmière reçoit le patient après l’avis concerté de plusieurs spécialistes. Nous avons rencontré Jacques Noise, un juriste à la retraite de 70 ans pour qui cela a tout changé.

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Ce reportage a été réalisé par Morane Van Steenlant et Lorilyne Geffray, étudiantes en master 2 « Communication d’intérêt général » à l’Ecole de Journalisme et Communication d’Aix Marseille Université, dans le cadre d’un projet tuteuré portant sur la campagne de prévention du cancer de la prostate organisée par MProvence. Retrouvez leur vidéo avec les experts qui décident des traitements et le témoignage de Jacques, patient victime de deux cancers successifs.

“C’est un peu stressant puisque c’est un monde qu’on ne connaît pas, on ne connaît pas le monde de l’hôpital,” confie Jacques Noise, qui se souvient très bien de son premier sentiment lorsqu’on lui a diagnostiqué son cancer de la prostate en 2018.
Plongé dans un univers inconnu et forcément inquiétant, le patient peut se sentir perdu. L’équipe médicale joue alors un rôle essentiel dans son parcours de soins, que ce soit d’un point de vue organisationnel, physique ou psychologique.

Le ciel vous tombe sur la tête

Corinne Georges est l’interface de cette prise en charge. Infirmière d’annonce à l’hôpital de la Conception (Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille), elle a accompagné Jacques Noise, ainsi que des centaines d’autres patients, tout au long de ce parcours qui peut sembler flou, voire effrayant. “C’est quelqu’un qui vous accompagne un peu comme une canne blanche”, souligne astucieusement M. Noise.
Corinne Georges intervient directement après la consultation durant laquelle le médecin annonce au patient qu’il est atteint d’un cancer. Ce dernier peut en sortir totalement déboussolé, comme si le ciel lui tombait sur la tête.

Corinne devient la référente de Jacques

L’infirmière d’annonce reprend tout ce qui s’est déroulé pendant cet entretien. Lors d’une première consultation qui peut durer jusqu’à 45 minutes, dans une atmosphère chaleureuse où elle propose thé et café, elle éclaire de nombreux points que le malade n’a pas compris.
Radiologie, prise de sang ou intervention chirurgicale, elle joue un rôle clé dans l’organisation du parcours de soins. Elle programme les rendez-vous avec les différents professionnels et coordonne les acteurs impliqués dans la prise en charge. De plus, elle peut intervenir de manière plus holistique, en offrant un soutien psychologique lorsque cela est nécessaire. Elle accompagne également le patient après la chirurgie pour faciliter son retour à domicile, en faisant appel à une assistante sociale, par exemple.

Un 2e cancer et une prise en charge améliorée

Lors de la découverte de son premier cancer en 2018, Jacques Noise n’avait pas eu de consultation d’annonce car cette procédure n’était pas encore mise en place. C’est lors de son deuxième cancer en 2023, de l’uretère cette fois-ci, qu’il a pu en bénéficier. Depuis, il ne tarit pas d’éloges ! “Il ne faut pas hésiter à rester en contact avec l’infirmière d’annonce. Elle est là pour expliquer et gérer toute la logistique. C’est quelqu’un qui a une fonction essentielle dans la chaîne de soins.
Quelques jours avant sa consultation d’annonce, Jacques Noise a, sans le savoir et comme chaque patient atteint d’un cancer, bénéficié d’une réunion destinée à déterminer son avenir. Lors de cette rencontre hebdomadaire à l’hôpital de la Conception ciblant les cancers urologiques, plusieurs spécialistes ont discuté de son cas pour trouver le traitement le plus adapté à sa forme de cancer. C’est ce qu’on appelle la Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP), rendue obligatoire par la loi.
Durant cet échange, en présence de l’infirmière d’annonce, des radiothérapeutes, oncologues, chirurgiens-urologues et radiologues ont confronté leurs points de vue et discuté des différents traitements que le patient peut recevoir, en se basant sur des recommandations nationales établies tous les deux ans. Corinne Georges est ainsi aux premières loges pour synthétiser les orientations proposées aux patients qu’elle accompagne sur le long terme. Mais la décision ultime, l’acceptation pleine et entière ou le rejet du traitement, appartient toujours au patient qui demeure maître de son corps et de son destin.

« Dans mon malheur, j’ai eu de la chance »

Dans mon malheur, j’ai eu la chance d’avoir des équipes médicales tout à fait remarquables, insiste M. Noise qui connaît désormais l’hôpital comme sa poche. Je parle de toute la chaîne de soins : bien sûr des médecins, des chirurgiens, des anesthésistes, mais aussi des infirmières, des auxiliaires de vie et de tout le personnel soignant.

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