Considérée comme plus difficile et exigeante qu’en plaine, l’agriculture de montagne continue malgré tout d’attirer des jeunes attachés à la qualité de vie et aux perspectives professionnelles qu’offrent ces territoires, qu’ils soient enfants d’agriculteurs ou néo-ruraux. Une tendance qui se renforce depuis 2015. Nous publions aujourd’hui un premier portrait de nouvel installé
Une centaine d’agriculteurs s’installent chaque année dans les Alpes-de-Haute-Provence et environ quatrevingt dans les Hautes-Alpes. Les deux départements sont plutôt de bons élèves dans la région, avec quasiment le double d’installa¬tions aidées que dans les autres départements. Ils représentent 23 % des installations en région Sud-Paca et 40 % des bénéficiaires de la dotation jeunes agriculteurs (DJA). Cette aide est assez prisée des candi¬dats alpins à l’installation, compte tenu de la zone de montagne et du plafond de revenus qui ne doit pas dépasser trois Smic.
Compenser les départs
La dynamique reste donc bonne, avec un taux d’ins¬tallation qui reste stable ces der¬nières années et un nombre qui permet peu ou prou de compenser les départs dans les deux territoires, ce qui est loin d’être le cas ailleurs en France. Au total, 45 % des nouveaux installés touchent de la DJA dans le 04 comme dans le 05, ce qui signifie que 55 % des installations n’en bénéficient pas. Soit parce qu’elles ne répondent pas aux critères (âge, revenus, diplôme, etc.), soit parce qu’elle n’a pas été demandée.
La porte d’entrée des aspirants agri¬culteurs est le point accueil installa¬tion (PAI) labellisé par la Direction régionale de l’alimenta¬tion, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). Chaque chambre d’agricul¬ture dispose d’un PAI. En 2020, 250 porteurs de projets ont ainsi été accueillis dans les Alpes-de-Haute-Provence et 162 dans les Hautes-Alpes. Ce chiffre est en constante augmentation depuis 2015 : une preuve que les métiers de l’agriculture continuent à être attractifs.
Un parcours fléché
Au PAI les candidats vont pouvoir recevoir les premières informations primordiales : les différents métiers, les formations, les démarches… etc. Ils vont ensuite être redirigés vers les organismes ou les personnes adé¬quates : MSA, juristes, conseillers de la chambre d’agriculture, Safer, Agribio, centres de formation, et autres organismes.
L’année 2021 affiche d’ores et déjà de très bons taux de fréquentation, avec une augmentation du nombre d’entretiens. La moyenne d’âge de ces porteurs de projets se situe entre 20 et 39 ans.
La moitié d’entre eux sont diplômés de l’enseignement agricole et issus de ce monde là. Depuis une dizaine d’années un très grand nombre de projets sont orientés vers les circuits courts et la vente directe. La moitié de ces projets reposent sur une société (Gaec, EARL) et les femmes représentent une part toujours plus importante des installations.
Plus encourageant encore : la hausse du nombre d’installations hors cadre familial (qui représentent plus de la moitié des dossiers) et le fait que que la DJA soit de plus en plus souvent octroyée à des productions tradi¬tionnelles. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, par exemple, une cin¬quantaine de demandeurs sont venus avec un projet de maraichage. Seuls quatre l’ont concrétisé en bénéficiant de la DJA.
Deux priorités : installations et transmissions
L’installation est l’une des priorités des chambres d’agriculture actuellement, au même titre que la transmission. Les cham¬bres de Paca ont d’ailleurs signé à l’occasion des « Terres de Jim », début septembre, un manifeste en ce sens (voir encadré).
Celle des Alpes-de-Haute-Provence réfléchit ainsi à des formations courtes pour les gens qui seraient attirés par les métiers de l’agriculture, afin de leur permettre de se tester en situation réelle etd’affiner leur pro¬jet en se confrontant à la réalité du métier. Car aujourd’hui, les chambres d’agricul¬ture souhaitent trouver un nouveau public hors cadre familial, compte tenu du nombre de départs à la retraite qui se profile. L’objectif est donc d’ouvrir le monde agricole à des populations jusque là éloignées de la ruralité, même si le problème du fon¬cier reste prégnant.
Garder un contact après l’installation
C’est aussi dans cet objectif que les chambres consulaires ont décidé de remettre en place un système de suivi des jeunes installés, en partena¬riat avec la Safer Paca. Depuis 2020, les Bas-Alpins peuvent en bénéficier et le même système devrait se développer dans les Hautes-Alpes dans les mois à venir.
Le besoin d’un tel dispositif avait clairement émergé à la suite d’une étude interne. Celle-ci avait révélé des diffi¬cultés administratives, d’organisa¬tion du travail et d’isolement chez les jeunes installés, même si en amont, ils avaient confiance en leur projet et ne pensaient pas en avoir besoin. « La remise en place de ce ser¬vice est née d’une véritable volonté politique, car nous souhaitions antici¬per les problèmes et ne pas agir trop tard, explique Mickaël Juran, secrétaire de la chambre d’agriculture 04. On voyait les agriculteurs quand ils venaient faire leur dossier, mais après, on les perdait de vue. Ce dispositif nous permet de faire connaître l’offre de services de la chambre et, quand on est habitué à quelque chose, on a plus de facilités à y revenir. Nous avons essayé de faire coller le plus possible ce suivi à la réalité du ter¬rain et de faire du sur-mesure. »
Ce suivi permet également aux nouveaux installés d’avoir un inter¬locuteur dédié et des visites sur le terrain durant quatre ans, avec la mise en place d’un plan d’actions. Pour les installations effectuées par le biais de la Safer, c’est cette der¬nière qui le prend en charge. Les autres peuvent bénéficier d’une aide à hauteur de 80 % du montant. Aujourd’hui, une dizaine de jeunes Bas-Alpins sont accompagnés et se disent très satisfaits de ce système. Qui remplit visiblement sa fonction : pérenniser la vocation agricole des deux départements pour les décennies à venir.
Une aide de la région Sud-Paca pour réaliser son étude de faisabilité
Le Conseil régional apporte un soutien financier de 1000 € aux porteurs de projet pour la réalisation de leur étude de faisabilité avec la chambre d’agriculture. Cette étude leur permet de réfléchir à toutes les dimensions de leur projet (technique, économique, juridique, travail, commercialisation,…) et de disposer d’un prévisionnel qui leur permettra de solliciter les financements nécessaires à leur installation. Cette aide est ouverte aux porteurs de projet de moins de 50 ans hors cadre familial et à ceux qui reprennent une exploitation familiale s’ils y apportent d’importantes modifications, notamment sur la production et la commercialisation.
Renseignements dans les chambres d’agriculture.
Un guide pour les candidats à l’installation
Les chambres d’agriculture ont effectué un tra¬vail d’actualisation d’un guide qui avait été réalisé par l’association régionale des PAI, à l’époque où les chambres d’agriculture n’animaient pas les PAI. Ce guide a donc été mis au goût du jour, notamment les évolutions réglementaires. Il est composé de fiches qui permettent au candi¬dat de bien définir son pro¬jet et de connaître les choix qui s’offrent à lui pour le concrétiser. Il est disponible dans les chambres d’agriculture, dans les PAI et sur Internet où les fiches sont télé¬chargeables.
Retrouvez toutes les informations pratiques sur les PAI et CEPPP en France : sinstallerenagriculture.fr
Alexandra Gelber pour L’Espace Alpin
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