Prélude au Festival olympique qui démarrera le 21 juin 2024 et se terminera avec la « Nuit Blanche », le 1er octobre 2024, l’Olympiade culturelle débutera dès l’été 2022 pour s’achever en septembre 2024 à Paris. Les acteurs culturels peuvent déposer leur projet depuis le 20 avril sur une plateforme dédiée (https://culture.paris2024.org/s/accueil). L’Olympiade se décline également en Région. À Marseille, elle a été lancée dès le mois d’octobre 2021, avec la manifestation Bleue imaginée par Karwan.
De l’évidence du dialogue entre sport et culture
L’Olympiade culturelle renoue avec la tradition grecque de l’olympisme, où les arts avaient toute leur place aux côtés de la pratique sportive, selon le principe du « kalos kai agathos ». Cette expression qui signifie « beau et bon » se rapporte à toute personne dotée de virtus, des vertus à la fois physiques et noétiques, c’est-à-dire morales et intellectuelles. Très usitée en Grèce antique, elle désigne l’idéal d’harmonie de corps et d’esprit dont l’athlète grec est le modèle parfait. Ce que Juvénal traduira par « mens sana in corpore sano ».
MPCulture se pose en poids lourd de l’Olympiade culturelle
Le COJO est l’organisateur principal de cette Olympiade culturelle, mais c’est l’association MPculture qui est aux manettes de l’Olympiade en Région Sud Paca. Jean-François Chougnet, président du Mucem et membre du comité artistique de MPCulture, rappelle en quoi consiste l’association.
A la faveur de « Marseille capitale européenne de la culture 2013 », une première association regroupant les acteurs culturels et économiques du territoire avait vu le jour, Marseille-Provence 2013. Avec l’envie de capitaliser sur cet événement, les membres de MP2013 ont créé en 2017 l’association MPCulture, afin de porter le projet de mini-capitale « MP2018, Quel amour ! »
L’association, soutenue par l’ensemble des collectivités locales de la région, regroupe les entreprises du Club Top20, la Chambre de commerce et d’industrie d’Aix-Marseille-Provence, Aix-Marseille Université, Mécènes du Sud (ses membres fondateurs), ainsi que 17 structures culturelles reconnues en Région (théâtres et scènes nationaux, centres chorégraphiques, festivals, musées…) et 10 comités nationaux et fédérations sportives.
Un leitmotiv : le jouer collectif
Forte du succès de MP2013 et de MP2018, l’équipe de MPCulture réitère sa recette gagnante. En réunissant et fédérant les acteurs économiques et culturels du territoire, l’association espère bien réussir cette Olympiade et faire ainsi un triplé gagnant en offrant à Marseille les moyens de rayonner par de là les montagnes et les mers. « Le dialogue et l’anticipation en sont la clé de voute », rappelle Raymond Vidil, président de MPCulture.
Les avis divergent cependant en matière de lead de l’Olympiade culturelle. « Pour moi, le coordinateur c’est le COJO », admet Jean-Marc Coppola, adjoint à la culture de la ville de Marseille, estimant que « avec MPCulture, on travaille à offrir les meilleures programmations, initiatives et actions liant le sport et la culture, deux disciplines incitant au dépassement de soi et participant à l’émancipation humaine. On travaille à l’organisation et à la coordination des propositions de façon à garder l’identité et la singularité de chaque partenaire et de chaque collectivité, et en même temps, rassembler dans une ambition commune. MPCulture fera partie des acteurs qui mettront en place des actions, mais cela n’empêchera pas la ville de Marseille de lancer ses propres appels à projet. »
Ceci étant posé, qu’en est-il du programme de MPCulture pour cette Olympiade ?
MP2024 : un thème maritime, Vent dessus dessous #bleue
Déclinant le thème de la mer à l’envi, l’Olympiade culturelle se veut ouverte sur tous les fronts avec le lancement d’une première salve d’appel à projet définis selon un calendrier précis et des critères tels que « l’excellence, la qualité artistique, l’adéquation avec le thème retenu ou encore la faisabilité financière avec un budget réaliste. Il faut que ce soient des créations nouvelles », précise Raymond Vidil.
Après la manifestation célébrant la mer de Karwan en octobre 2021, plusieurs événements phares vont voir le jour au printemps et à l’automne de 2022 à 2024, jalonnant les deux années qui nous séparent de JO. Raymond Vidil revient sur les axes forts de cette olympiade culturelle et les principales thématiques retenues que sont : un territoire en bassin versant – ici commence la mer, Vent de Terre ou des cultures urbaines à la mer, Vue sur la Mer avec les belvédères et autres vigies, Welcome & care pour la préservation du littoral marin – ça c’est pour l’aspect vert des JO qui se veulent éco-responsables et vertueux.
Au total, seront proposées 40 résidences d’artistes dans des équipements sportifs ou en lien avec des clubs de sports jusqu’au printemps 2024. Depuis 2021, 4 résidences d’artistes au sein de clubs de voile sur les communes de Berre l’Étang, Saint-Chamas et Martigues ont déjà été initiées. Ces commandes artistiques vont déboucher sur des œuvres qui seront installées in situ ou partiront en itinérance selon le site investi, une façon de célébrer le patrimoine unique de notre littoral qu’il soit urbain, périurbain ou naturel. Un appel à projet sera lancé cet été pour les 5 premiers belvédères qui verront le jour au printemps 2023 sur un total de 20 belvédères d’ici 2024.
Une mallette sur le modèle de celle de MP2018 va également être conçue pour être diffusée dès le printemps 2023 auprès des jeunes, un des objectifs de cette Olympiade étant d’y associer la jeunesse en s’y adressant et la faisant participer. Car intégrer la jeunesse est une condition sine qua non de la réussite de la manifestation. Workshops, échanges, rencontres sont déjà dans les tuyaux pour mobiliser un maximum de participants avec un accent mis sur les nouvelles disciplines olympiques et la création liée aux cultures urbaines, le e-sport et les cultures numériques.
De l’implication des acteurs culturels
Aux côtés de ce vaste programme, vont être proposés de nombreux événements en lien avec la thématique retenue. Pour exemple, une exposition croisée Mucem-Frac autour des arts et des sports est programmée d’avril à septembre 2024. Elle rassemblera sur cette année olympique une collection d’objets inédits issus du fond de conservation du Mucem et d’œuvres artistiques témoins de la création contemporaine investiguant le mouvement sportif.
Plusieurs expositions auront lieu au Musée de Marseille sur le mythe de la fondation de la ville, en partenariat avec des chercheurs en archéologie ou encore à Salon en partenariat avec le Musée national du sport de Nice.
Isabelle Brémond, directrice de Provence Tourisme, association en charge du développement de l’action touristique dans le département des Bouches-du-Rhône, explique qu’elle travaille déjà avec les musées du département sur une exposition autour du sport. « Nous voulons offrir un mixte de sport et culture avec des expositions partout dans les musées afin de proposer un itinéraire culturel au visiteur en complément de son séjour. Pour nous, l’enjeu des JO est presque un prétexte pour travailler mieux ensemble avec les acteurs de l’environnement, de la culture, du sport, de la gastronomie et être un territoire d’accueil exceptionnel, laisser un souvenir inoubliable aux personnes qui viendraient nous découvrir ».
Les acteurs culturels sont ainsi appelés à intégrer dans leur programmation annuelle la thématique sport et culture.
Néanmoins, certains acteurs culturels se sont d’ores et déjà emparés de l’événement, à l’image de Medhi Haddjeri, directeur du Nomad’Café. Avec la Cité des Minots, un programme d’éducation artistique et culturelle mené en milieu scolaire depuis 2016, il propose aux enfants un éveil au spectacle vivant et un apprentissage de la musique par le chant, ainsi que la découverte des cultures du monde.
Chaque groupe scolaire est coaché par un griot : « pour cette première année, ce sont Amadou et Mariam ainsi que Christine Salem ». Ce projet, mené en partenariat avec l’Opéra de Marseille, s’étire sur les 3 années à venir auprès de 15 écoles et pas moins de 200 enfants. Une première série de représentation est prévue du 28 juin au 1er juillet à 19h30 à l’Opéra de Marseille en présence des griots.
Côté budget, une incertitude plane pour MPCulture
L’ambition budgétaire de l’Olympiade culturelle est positionnée entre 4,5 et 5 millions d’euros répartis sur 3 exercices. Il s’agit d’un budget nominal qui répond aux critères établis en 2018 par MPCulture. Le principe est qu’il doit être pris en charge à hauteur de 30% par le COJO et les partenaires officiels des JO, seules entreprises habilitées à apparaître sur les supports de communication de l’Olympiade culturelle. L’État via le Ministère de la Culture et de la Communication, les collectivités territoriales et les communes partenaires sont invitées à financer les 70% restants du projet.
A deux ans de l’échéance, l’armateur confie toutefois son inquiétude sur la réalisation des projets mis en place. « La ville de Marseille n’a toujours pas voté la délibération concernant son soutien financier à MPCulture » nous apprend Raymond Vidil. Jean-Marc Coppola confirme que tout n’est pas encore acté : « ce sont encore des discussions à venir, à savoir à quelle hauteur, comment etc… On doit tous se mettre autour de la table ».
Pourtant, il semble nécessaire pour le bon déroulé de l’opération d’anticiper en amont les budgets et les modalités de mise en place de l’Olympiade au plus tôt. L’incertitude du financement de MPCulture pourrait nuire à la concrétisation des projets à venir auxquels elle travaille avec le COJO depuis 2019.
Arrivée de la flamme olympique au printemps 2024
En parallèle de l’Olympiade culturelle, une série d’événements artistiques viendront accompagner l’arrivée en France de la flamme olympique depuis la marina, le Vieux-Port de Marseille et les villes croisées par le passage de la flamme : Aix-en-Provence, Martigues, Istres, Miramas, Aubagne, Arles et Salon. Ces événements contribuent à la mobilisation des communes et des acteurs labellisés Terre de Jeux JO 2024 (https://terredejeux.paris2024.org/).
Avec le département des Bouches-du-Rhône en tête, ces derniers ont déjà entamé les préparatifs d’accueil des athlètes. Marine Pustorino, conseillère départementale déléguée aux grands évènements et aux Jeux Olympiques & Paralympiques, revient sur le label et les actions menées par le département des Bouches-du-Rhône.
Diane Vandermolina
La politique sportive du Département des Bouches-du-Rhône dans le cadre du label « Terre de Jeux 2024 »
Fin 2020, le comité d’organisation des JO de Paris 2024 a attribué au Département des Bouches-du-Rhône les labels « Collectivité hôte » et « Terre de Jeux 2024 » lui permettant de bénéficier des logos, d’outils de communication spécifiques et de contribuer surtout aux actions sur le territoire, avec pour enjeu principal de développer un héritage durable des Jeux après 2024 et les compétitions.
Ce sont l’ensemble des 119 communes du département des Bouches-du-Rhône qui ont été mobilisées et approchées par les services de la collectivité pour postuler à l’obtention du label : « Terre de Jeux », et la collectivité départementale est aujourd’hui la seconde la plus représentée en France en nombre de communes labellisées, avec à ce jour 74, après les Yvelines. Par ailleurs il compte plus de 30 sites d’entraînement labellisés « Centres de préparations aux Jeux », des sites qui vont recevoir à partir des mois prochains de plus en plus de délégations internationales dans 27 disciplines et dix communes du territoire départemental.
Dans le cadre de ce label « Terre de Jeux », chaque commune a la possibilité de recevoir des animations autour des JO et du thème des sports, en organisant des événements avec notamment des sportifs de haut niveau. L’idée est que les « JO aillent vers les plus petites communes ailleurs qu’à Marseille ou Aix-en-Provence ». La notion de « déplacer les valeurs portées par l’olympisme » est par exemple symbolisée par la tournée « Terre de sports de Provence » durant l’été, sous la forme d’un grand village itinérant avec des stands qui se déplacent dans les villes et villages du département des Bouches-du-Rhône pour faire découvrir différentes associations sportives et l’envie au plus grand nombre de faire une activité physique. Après son lancement l’été dernier, la tournée redémarre en 2022 avec une première étape prévue le 18 mai à Istres.
La collectivité annonce avoir investi 159 millions d’euros pour aider les communes à construire et -ou- rénover des installations sportives capables d’accueillir les délégations sportives du monde entier dans les meilleures conditions : à l’image du stadium Miramas Métropole pour l’athlétisme, de la piscine municipale de Martigues ou du complexe sportif Jean Bouin à Marseille pour le rugby et l’athlétisme.
Aujourd’hui, sur le territoire des Bouches-du-Rhône, 45 sites sont en capacité d’accueillir des athlètes olympiques en vue de leur entraînement. Les Bouches-du-Rhône disposent également de près d’une dizaine de bases nautiques labellisées « Centre de préparation officiels aux JO ».
Lien pour les découvrir : Nos sites d’entraînement | JO 2024 – Training Camp 13 (departement13.fr)
La voile en chiffres dans les Bouches-du-Rhône
- 12 191 licenciés
- 4 118 licenciées féminines
- 50 clubs affiliés
- 10 500 collégiens du département initiés à la voile
- 8 athlètes de haut niveau ont bénéficié d’une bourse pour un montant de 17 000 euros
- 4 sections sportives de voile soutenues dans les collèges du département pour 27 700 euros
Trente équipements situés dans 10 communes permettent aux athlètes internationaux de 27 disciplines différentes de s’entraîner avant les jeux. Les plus significatifs de ces équipements sont :
- Le skate-park de la base de l’Estéou à Marignane : skateboard
- L’Aréna du Pays d’Aix à Aix-en-Provence : handball
- Le stade Maurice-David à Aix-en-Provence : rugby à 7
- La piscine Yves-Blanc à Aix-en-Provence, water-polo et natation artistique
- Le stade Parsemain à Fos-sur-Mer : football
- Le stadium Miramas Métropole à Miramas : badminton, athlétisme
- La halle des sports à Fos-sur-Mer : athlétisme
Depuis les derniers mois, les équipements du territoire ont d’ores et déjà accueilli plusieurs délégations étrangères et leurs champions comme l’équipe d’escrime de Hong Kong et Cheung Ka Long, champion olympique de fleuret à Tokyo, venus s’entraîner au CREPS d’Aix-en-Provence, ou l’équipe de handball du Sénégal qui a choisi le gymnase des Ambrosis à Plan-de-Cuques.
L’ensemble des centres de préparation aux JO est disponible sur cette carte interactive : https://trainingcamp.departement13.fr/
Les athlètes et fédérations internationales de voile s’entrainent déjà sur le plan d’eau marseillais
Avec les régates olympiques de l’été 2024 en ligne de mire, les meilleurs navigateurs de la planète sont de plus en plus nombreux à venir tirer des bords en rade de Marseille, histoire de se familiariser avec le plan d’eau qui accueillera les compétitions.
A deux ans de l’événement, l’heure olympique a déjà sonné en rade de Marseille, où se disputeront l’ensemble des épreuves de voile des Jeux Olympiques de Paris, du 24 juillet au 11 août 2024. Depuis début avril, les différentes fédérations nationales de voile peuvent en effet découvrir les spécificités du futur plan d’eau olympique dans les meilleures conditions. Les équipes des USA, de Suisse, du Japon, d’Australie et du Royaume-Uni sont déjà arrivées ou bientôt annoncées sur les mini-bases d’entraînement aménagées et mises à disposition dans plusieurs clubs de voile de la ville. Mais rien d’exceptionnel dans tout ça : comme il est de coutume dans ce sport, la fédération internationale de voile et les fédérations nationales ont demandé au comité d’organisation des Jeux Olympiques (COJO) d’aider les fédérations à pouvoir venir s’entraîner sur place deux à trois ans avant la compétition.
Les équipes internationales en demande d’entraînement
» Les athlètes dans le domaine de la mer et de la voile ont en effet un peu plus besoin que les autres disciplines de repérer au mieux le site de la compétition « , explique Didier Réault, qui a porté le projet de Marina olympique au sein de l’ancienne majorité municipale à la Ville de Marseille, « car les délégations pour la voile ont l’impératif de comprendre le bassin, l’activité des vents, l’activité des courants, et donc cela passe par beaucoup de séances d’entrainement au préalable. Plusieurs fédérations, aussitôt acquis et connu le choix olympique de Marseille, ont pris les devants et sont venues régulièrement s’entraîner. Je pense notamment aux Britanniques, qui se sont organisés eux-mêmes pour être accueillis ici. Les derniers mois, au fur et à mesure, nous avons eu une demande croissante des autres fédérations de pouvoir s’installer sur place.
C’est dans ce cadre-là que nous avons permis l’installation d’une base sur le parking de la Pointe-Rouge d’une petite dizaine d’équipes qui sont actuellement présentes et qui viennent régulièrement pratiquer. Elles ont pour cela besoin de garder du matériel stocké et c’est pour cette raison que nous avons gardé ce village de containers qui facilite leur logistique. Mais nous avons vite constaté que d’autres fédérations voulaient aussi venir, et c’est normal. Il a fallu en être en capacité et la Métropole a décidé d’engager des travaux sur le Frioul, sur le site de l’ancien chantier naval, qui permettra de recevoir en tout une douzaine d’équipes.
Cette seconde base d’entraînement au Frioul sera bientôt opérationnelle et permettra d’accueillir une douzaine d’équipes. Nous sommes également en train de réfléchir sur le site de la Pointe-Rouge à travailler pour pouvoir y accueillir davantage d’équipes. Il y a sur place et dans ce but la question de l’accès plus facile à l’eau qui n’est pas encore réglée en totalité. Nous sommes en train de discuter avec la Ville de Marseille pour s’entendre sur un dispositif. Nous intensifions aussi nos rapprochements avec la préfecture de police afin de davantage sécuriser les lieux.
En plus de ces deux bases d’entraînement, les différentes équipes et fédérations internationales de voile ont la possibilité depuis les derniers mois de venir s’installer au sein des sociétés et clubs nautiques de la ville de Marseille qui ont « tous vocation à accueillir les équipes en fonction de leurs demandes« .
Le CNTL, la SNM, l’Anse de la réserve et le club de La Pelle sont sollicités dans ce cadre par chaque fédération internationale. » Les JO sont l’occasion rêvée pour ces clubs de signifier que Marseille est une vraie ville de voile, à côté du football qui a toujours monopolisé toute l’attention. La discipline est la 5ème la plus pratiquée ici et le 3ème sport sur le département en termes de licenciés « , observe encore Didier Réault, assurant que » contrairement à ce que l’on dit, la voile n’est pas un sport pour les riches. La base nautique du Roucas-Blanc le prouve depuis une bonne dizaine d’années en accueillant au quotidien des classes qui viennent s’éveiller et s’initier à la voile. La base du Roucas permet déjà aux scolaires de la découvrir à un prix assez faible. Sa rénovation a d’ailleurs été pensée pour faire de Marseille une place internationale dans le domaine et attirer, après les Jeux, de nouveaux pratiquants. »
Bruno Angelica
Tous derrière les Jeux ! A Marseille, tout le monde se prépare. La bonne mer n’a qu’à bien se tenir !
Des athlètes en plein ajustement.
La semaine dernière, Hyppolite Machetti, et Aloise Retornaz ont obtenu une belle 2ème place en 4.70 à la semaine olympique française, qui réunissait les concurrents des 10 séries olympiques qui seront représentées aux Jeux de 2024. Hyppolite Machetti, 26 ans, est un pur produit de la Région Sud. Né à Nice, il a commencé la compétition à Antibes et s’entraîne aujourd’hui au Pôle France de Marseille. Elu meilleur espoir marin en 2017, il raconte sa préparation en vue des jeux aux côtés de Julien Bunel, un équipier prometteur issu du pôle jeune, originaire de Corse.
Ce sont les premières régates du binôme Aloise et Hippolyte. Et pour cause… Effet de mode ou véritable prise de conscience, la nouvelle donne de ces jeux de 2024, c’est la mixité. Pour la première fois, des supports comme les dériveurs 4.70 – dont les équipages étaient jusque là exclusivement féminins ou exclusivement masculins – se voient obligés de mixer les genres et de recomposer des binômes opérationnels à seulement deux ans des jeux. Un enjeu crucial pour une période de temps limitée.
Jean-Philippe Coin, plus connu sous le nom de Bilou, entraîneur incontournable du Pôle France à la base du Roucas, nous explique les chamboulements causés par cette nouvelle donne.
Des jeux mixtes
Effet de mode ou véritable prise de conscience, la nouvelle donne de ces jeux de 2024, c’est la mixité. Pour la première fois, des supports comme les dériveurs 4.70, dont les équipages étaient jusqu’à présent soit exclusivement féminins, soit exclusivement masculins, se voient obligés de mixer les genres et de recomposer des équipages à seulement deux ans des jeux. Jean-Philippe Coin, entraîneur du Pôle France sur la base du Roucas-Blanc, explique ce que cela change.
Comment fait-on pour recomposer un équipage mixte ?
« C’est compliqué, parce que les équipages qu’on avait avant, qu’ils soient exclusivement féminins ou masculins, étaient constitués depuis leur plus jeune âge. Ils se connaissaient depuis longtemps avaient un certain mode de communication… Maintenant c’est un challenge de retrouver les bons binômes. On a essayé de reconstituer des équipages par ordre de performance, c’est à dire les meilleures filles avec les meilleurs garçons, la meilleure équipière avec le meilleur barreur, et vice versa. Sachant qu’on doit aussi prendre en compte les gabarits en voile, chaque athlète doit respecter un rapport poids taille, certaines équipières ont dû prendre de la masse, certains barreurs en perdre, ou inversement, pour que le binôme puisse fonctionner sur le support de manière optimale. Trouver des filles qui sont grandes et physiques au trapèze n’a pas toujours été facile. On a pas voulu perdre des barreurs garçons de qualité, alors il y a eu un gros travail de préparation physique pour les équipières. Pas facile pour elles parfois d’accepter de prendre 5 kg.
La mixité implique t-elle une nouvelle modalité d’entraînement ?
« La problématique de la mixité, en tant qu’entraîneur, c’est que c’est pas du tout la même chose d’entraîner des filles ou des garçons. Avec les filles on est plutôt dans l’affectif, on prend le temps de dire les choses et de les inscrire dans le projets, et les garçons ont besoin qu’on soit percutant et concret. Bien sûr il y a des cas particuliers et ça peut s’intervertir. Par exemple en course, quand le 4.70 s’arrête à coté du bateau coach, c’est pas facile pour nous de trouver le discours qui va correspondre à tous les deux. Il n’y a pas de recette miracle. Là, on en est au stade où on essaye. Il y en a déjà qui ont décidé d’arrêter, qui se sont rendus compte que leur entente ne pouvait pas générer de la performance.
Quels sont les avantages de la mixité à bord ?
« Je trouve que les barreuses sont plus fines à la barre, dans le petit temps. Ça crée des combinaisons intéressantes, plus subtiles. On compense les gabarits plus menus des filles par des équipiers assez costauds, qui travaillent sur la prise de masse, et qui gagnent en qualité. Un équipage mixte est beaucoup plus polyvalent par tous les temps. Les équipages masculins étaient plus bourrins et forts dans la brise et moins dans les petits airs, et les féminins plus doués dans les petits airs et moins dans la brise. Il a fallu trouver le bon juste milieu.
Comment communiquent-ils à bord entre eux ?
« A Marseille, les athlètes sont suivis par Ingrid Petitjean, qui les prépare psychologiquement et qui leur apprend à communiquer entre eux, accepter les erreurs de l’autre, etc. Toutes ces choses qu’on travaillait avec les équipages très jeunes, on doit les reprendre à zéro sur nos équipages mixtes. Réapprendre à se parler, à s’entendre, à se comprendre. C’est primordial, ça vaut de l’or. »
Des clubs prêts à surfer sur la vague
Alors que les jeunes voileux sont en pleine préparation, les grands clubs de Marseille sont eux aussi prêts à relever le challenge des jeux.
A la prestigieuse Société Nautique de Marseille, qui fête cette année ses 135 ans d’existence, Pierre Sathal, son vice-président en charge de la régate et ex président, nous raconte son enthousiasme.
« Nous avons eu une réunion la semaine dernière à la mairie du 6/8, avec tous les représentants de la métropole, nous sommes au début des préparations mais tout le monde est très enthousiaste. C’est une chance inouïe. J’ai 80 ans et je peux vous dire que c’est extraordinaire d’avoir les JO à Marseille, et qu’on ne les reverra pas de sitôt, alors il faut en profiter et les célébrer. Pour la Nautique, c’est encore plus significatif, notre club fête ses 135 ans et il a été fondé par des régatiers ! Une de nos adhérentes, Lili Sebesi, a même couru les jeux de Tokyo en 2021. Depuis toujours à la SNM nous partageons l’esprit olympique. »
Quant à la légitimité de Marseille à accueillir les jeux, Pierre Sathal n’en doute pas un instant.
« Marseille est une vraie ville de voile, peut-être que les gens l’ignorent, mais il y a 100 ans, la voile était un vrai spectacle pour les Marseillais. Aujourd’hui on a des tas de loisirs à portée de main, mais la voile tient historiquement une place particulière dans nos cœurs. Les gens se rassemblaient sur la Corniche à l’entrée du port rien que pour voir les bateaux… Je pense que les provençaux sont des marins dans l’âme. La Société Nautique de Saint-Tropez par exemple, date de 1862 ! La Provence est vraiment une région de voile, tout particulièrement de la voile sportive. On pourrait dire que les Bretons ont pratiqué une voile nourricière, avec la pêche au centre des usages de la mer, et ce sont de formidables marins. Chez nous aussi ! Mais on a cultivé une voile légère, ludique et sportive. D’ailleurs, tous les grands marins bretons sont déjà venus naviguer à la Nautique. » Cette voile légère sera soutenue autant que possible par le club pendant les jeux.
« A la nautique, nous avons été sollicité pour fournir des aménagements pour recevoir des équipes et des délégations. Les premiers contrats vont se passer dans les six mois à venir. La Banque Populaire, qui est la Banque officielle des jeux est aussi notre partenaire principal depuis des années, nous savons déjà que nous allons travailler tous ensemble, dans l’esprit de coopération propre aux jeux ». Des jeux dont le terrain sera exceptionnel souligne Pierre Sathal.
« La rade de Marseille est reconnue dans le monde entier pour être une rade magnifique pour la pratique de la voile. La voile, c’est le plaisir des complications et à Marseille nous avons une rade compliquée, dans le bon sens du terme. On est abrité à certains endroits, pas à d’autres, c’est une rade qui pose un certains nombre de défis, et c’est ce qui fait son charme ! Sans parler de la beauté des îles environnantes ! Les calanques, le frioul… Quelle chance on a d’avoir un lieu pareil. On est même en pourparlers pour voir si des spectateurs pourront assister aux régates à bord de bateaux accrédités depuis une zone délimitée. Ce sera un moment unique ! ».
La voix MProvence du jour, c’est celle de Julien Bunel, jeune équipier de 4.70 au pôle France de Marseille, qui nous raconte sa préparation de jeune athlète.
Laure Lochet
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