A la campagne, les malades du cancer sont aussi bien soignés

Ville de montagne, Gap a clôturé la campagne d'information sur le cancer colorectal organisée par MProvence. Les médecins du Centre hospitalier des Alpes du Sud et ceux de l'Institut Paoli-Calmettes de Marseille travaillent notamment ensemble pour offrir les mêmes prises en charge aux patients des zones rurales qu'à ceux des grandes villes. Et dans les Hautes-Alpes le taux de dépistage le plus élevé de la région.

Santé

A la question de savoir si un malade du cancer du côlon pris en charge au Centre hospitalier des Alpes du Sud (CHICAS) de Gap-Sisteron aura les mêmes chances de survie qu’un malade à Marseille, le docteur Jean-Guy Bertolino, gastro-entérologue et chef de pôle à Gap, n’a pas l’ombre d’un doute : c’est oui. Il faut dire que l’hôpital de la préfecture des Hautes-Alpes dispose d’un plateau technique de pointe pour traiter le 2e cancer le plus meurtrier, comme l’ont rappelé Marie-Anne Ruder, directrice du Groupement hospitalier de territoire, et le docteur Emmanuelle Sarlon, présidente de la commission médicale d’établissement.

770 cancers repérés grâce au dépistage

« 1 personne sur 30 sera touchée par ce cancer, on compte 1.300 décès par an en région PACA et 3.600 nouveau cas (47% de femmes, 53% d’hommes), pointe Mme Sarlon. Grâce à la campagne de dépistage organisé, en deux ans nous avons pu repérer et traiter 770 cancers et 3.000 adénomes avancés. »

La prise en charge du cancer colorectal mobilise des matériels de plus en plus sophistiqués – et coûteux – et des équipes hautement spécialisées.  Quand la ressource n’existe pas sur un hôpital régional, une collaboration est mise en place avec un centre de référence. C’est ainsi que le CHICAS et le centre régional de lutte contre le cancer Paoli-Calmettes (IPC) de Marseille oeuvrent de concert, comme on a pu le constater en fin de semaine dernière à l’occasion de l’ultime conférence d’information de la population dans le cadre de l’opération « Plus Bleu le Printemps ! » organisée par MProvence.

Gap-Marseille, une relation complémentaire

Ainsi le docteur Jean-Philippe Ratone, gastro-entérologue et endoscopiste interventionnel à l’IPC, opère si nécessaire en appui de ses confrères alpins. « Nous pouvons désormais éviter des interventions chirurgicales lourdes grâce aux progrès technologiques, en enlevant des lésions pré-cancéreuses par endoscopie. » Le process de soins est allégé, se faisant parfois même en ambulatoire.

M. Ratone a rappelé utilement au public de Gap qu’il faut généralement jusqu’à une dizaine d’années pour qu’un polype se transforme en cancer. L’assuré social, qui fait son dépistage gratuit et recommandé tous les deux ans à partir de 50 ans, a donc toutes les chances d’être soigné et guéri si son test de dépistage repère du sang libéré dans les selles par cette petite excroissance interne du côlon qu’est un polype.

L’appui décisif du robot

Un autre médecin fait régulièrement la navette entre Marseille et Gap. Il s’agit du docteur Elika Loir, cancérologue digestif à l’IPC. Là aussi, les chimiothérapies et les thérapies ciblées ont bien progressé et les mêmes traitements sont proposés sur l’ensemble du territoire régional. Quid de la fameuse immunothérapie ? Est-elle également prescrite ? « Oui, indique Mme Loir. D’ailleurs tous les malades en parlent. Mais elle n’est adaptée que dans 5% des cas, c’est restreint. »

Chirurgiens digestifs au centre hospitalier des Alpes du Sud, les docteurs Julien Bonnet et Frank Delacoste ne chôment pas. Ils se félicitent des progrès accomplis avec l’appui du robot qui permet une vision en 3 dimensions, une image stable et des gestes plus précis. Leurs récits des opérations du foie atteint de métastases suite au cancer primitif du gros intestin sont saisissants. « Si on ne peut pas retirer les tumeurs trop importantes de la partie malade du foie, on peut boucher les artères qui les alimentent pour les réduire et faire grossir la partie saine du foie. Nous devons préserver 30 à 40% du volume initial du fois pour que la vie du patient soit possible. »

Les Hautes-Alpes en tête

C’est donc une équipe complémentaire et soudée qui est au service d’une population alpine, qui d’ailleurs fait preuve d’un souci plus marqué du dépistage que le reste de la région Paca. C’est ce qu’a souligné le docteur Claude Gaultier, médecin coordonnateur du Centre régional de dépistage des cancers. Dans les Hautes-Alpes, ce taux atteint 40% des 50-74 ans, quand il plafonne à 34% au plan régional, un point de plus au national. C’est évidemment encore trop peu.

Si ce taux passait à 65%, on pourrait épargner 10.000 vies par an en France. Car un cancer colorectal dépisté tôt se guérit 9 fois sur 10, comme l’a rappelé le docteur Elena Gentilcore, hépato-gastro-entérologue à l’hôpital de Briançon. Pris tardivement en revanche, il est de très mauvais pronostic. Cela explique les 17.500 décès annuels.

Notre mode de vie inadapté nourrit le cancer

Il était également utile ce soir-là d’entendre les conseils d’un coach en nutrition de la Ligue contre le cancer de Gap. Stéphane Reynaud a détaillé les bienfaits de l’arrêt du tabac, de la limitation de la consommation d’alcool (2 verres par jour maximum pour les hommes, 1 pour les femmes, et pas tous les jours), de viande rouge (maximum 500g par semaine), de charcuterie (150g) et les bénéfices incroyables d’une pratique régulière d’activité physique. « 1 cancer colorectal sur 2 est lié à un mode de vie inadapté« , avait prévenu d’emblée le docteur Emmanuelle Sarlon. En théorie, nous savons tous ce qu’il nous reste à faire…

Cette campagne d’information et de sensibilisation au dépistage du cancer colorectal intitulée « Plus Bleu le Printemps ! » a été initiée par MProvence, en partenariat avec le Centre régional de dépistage des cancers (CRCDC) et la Fédération francophone de chirurgie digestive. Remerciements au CHICAS Gap-Sisteron et ses médecins, à la Ligue contre le cancer 05, à Aix-Marseille Université pour la mise à disposition de l’amphithéâtre du pôle universitaire de Gap, et à Bayer pour son soutien institutionnel. Retrouvez tous nos articles pour savoir comment prévenir et affronter ce cancer sur la rubrique santé de notre site.

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