Agriculture : Marion Curti, une reconversion par amour de la terre (4/6)

Economie

C’est au cours de l’été 2020 qu’elle a décidé de se lancer dans l’agriculture. Ingénieure agronome de formation, elle était jusque là responsable de la structure Raison’Alpes et conseillère technique en arboriculture, un poste qu’elle a occupé pendant neuf ans.

« Mon père était agriculteur et depuis toujours j’avais envie de reprendre l’exploitation, raconte-t-elle. Mon compagnon en avait repris une partie il y a quelques années. Un jour, j’étais dans mon potager pendant mes vacances estivales et je me suis dit que c’était là que je voulais être tout le temps. J’ai eu une vraie prise de conscience. J’avais ce projet en tête depuis longtemps, mais jusque-là, l’exploitation n’était pas viable et je n’arrivais pas à me projeter. En ajoutant le maraîchage à l’élevage et à l’apiculture, un nouveau schéma s’est dessiné dans ma tête et je me suis lancée. J’ai négocié mon départ et fin janvier, j’ai quitté Raison’Alpes. Je suis installée depuis avril 2021. »

Un projet atypique


Le père de Marion lui a cédé une partie de ses terres, même s’il n’a pas encore pris sa retraite. Cela lui a permis d’ajouter une large gamme de produits à son miel et à la viande issue des vaches galloway de son compagnon. Tous deux proposent leurs produits exclusivement en vente directe.

« Mon but est de produire toute l’année, annonce la jeune femme, et je compte doubler ma surface de culture sous serre et en plein air dans les mois à venir. Je fais du maraîchage diversifié bio intensif. C’est-à-dire que je cultive sur des buttes avec un gros apport de compost et j’associe les espèces pour optimiser les rendements avec un paillage organique du sol ». Une technique un peu particulière qui n’est pas très connue, mais le bagage de la jeune femme lui a permis d’obtenir le soutien de la chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence, qui a bien compris qu’elle était pressée et savait en grande partie où elle allait.

Un accompagnement complet

« Je connaissais déjà les étapes obligatoires de l’installation, poursuit Marion. Je suis donc allée au PAI (1) pour déclencher les démarches, faire le plan de professionnalisation et obtenir la DJA. J’étais un peu tenue par le temps, parce que je voulais pouvoir toucher les aides de la Pac 2021. Il fallait donc que ce soit fait avant la fin du mois de mai. Le plus compliqué a été d’obtenir l’autorisation d’exploiter avec la DDTM (2). Je m’y connaissais un peu, donc je m’en suis sortie, mais j’imagine que quand on ne s’y connait pas ou qu’on n’est pas très à l’aise avec la paperasse, ça doit être très compliqué. »


Afin d’avoir un soutien renforcé pour la suite, Marion Curti a décidé de souscrire à un Suivi jeune installé. « Sur le côté technique du maraîchage, je me faisais confiance, mais avoir un regard extérieur n’est vraiment pas négligeable. Sur le plan administratif, si jamais j’avais besoin de faire des avenants par exemple, eh bien je recevrais de l’aide pour bien rester dans le cadre et baliser mon parcours. Ce suivi me permet également d’appuyer mes choix ou de les valider. L’exploitation n’était pas rentable et pas menée convenablement. Donc il fallait épurer et donner une nouvelle dynamique, avoue- t-elle. Je me rends compte que c’est rassurant, car même si j’étais rompue à l’administratif, on perd vite l’habitude d’être devant un ordinateur et ça permet de garder le cap. »


L’objectif de la jeune femme est de faire vivre son foyer en n’étant plus dépendante des aides, contrairement au fonctionnement passé de l’exploitation.

– (1) : PAI – Point d’accueil installation des chambres d’agriculture.
– (2) : DDT – Direction départementale des territoires et de la mer.

Espace Alpin

L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin


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