Philippe Artières, historien, directeur de recherches au CNRS (Iris, EHESS, Paris-Condorcet) et Béatrice Didier, éditrice, enseignante et co-directrice du centre d’art Le Point du Jour, sont les commissaires de cette exposition.
Qui est René L. ?
René Louis L. est né à Perregaux (Oran) le 16 mai 1920. Ses grands-parents ont quitté l’Alsace en 1871 à la suite de la défaite et sont partis s’installer dans l’Oranais. Après avoir passé toute son enfance dans cette petite communauté coloniale, il est hospitalisé pour schizophrénie à l’âge de 20 ans dans différents établissements en Algérie, dont l’hôpital régional d’Orléansville, puis celui de Blida, avant d’être rapatrié en 1963 à l’hôpital psychiatrique privé du Bon-Sauveur, à Picauville, dans la Manche. Il a dessiné une quarantaine d’œuvres-témoignages au cours de ses internements successifs.

Mise en écho de la petite et grande histoire
La scénographie imaginée pour l’exposition repose sur un aller-retour entre les dessins de René L. qui ornent les murs de la salle et des documents d’archives hétéroclites en lien avec les hétérotopies, ou utopies réelles, qui l’ont inspiré pendant son internement : la colonie, les hôpitaux psychiatriques, les villages olympiques, mais aussi les bateaux ou les expositions universelles.
Les dessins ont été découverts par les commissaires de l’exposition, au fond d’un carton oublié dans un ancien asile psychiatrique voué à la destruction. En suivant la trace laissée par René L., ils remontent à tâtons et au gré des associations d’idées, le fil de l’Histoire : celle de René L., de l’Algérie et de la France, également celle des grands bouleversements du XXème siècle.

Collection particulière © Photo : Arthus Boutin
Sur la trace des Histoire(s)
Sur plusieurs tables, disposées en îlots autour d’une table principale, sont déposées pensées et textes de Foucault et Perec, esquisses architecturales de Le Corbusier, photos patinées par le temps de l’Algérie coloniale ou encore vieilles coupures de presse relatant l’inauguration du paquebot France.
Maquettes, toiles, photos de bateaux – un des motifs privilégiés de René L. -, forment un parcours distinct et complémentaire dans l’exposition.
Sur les murs, des images de barres d’immeubles entourent un athlète en bronze grandeur nature posté à l’entrée. Un meuble sculpté dans la tradition algérienne pose fièrement dans un coin, au fond de la pièce.

Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence © Coll. CCIAMP ; cliché : P. Domenech
Originalité de la démarche
Le visiteur est ici invité à découvrir l’exposition à la façon d’un enquêteur qui se rend sur les lieux d’un crime. Il se déplace d’une table à l’autre, peut revenir en arrière, interpellé par une image qu’il n’avait pas aperçue, ou encore aller plus en avant et glisser son regard alentour, se poser sur un banc puis achever sa déambulation.
Cette exposition s’accompagne pour les curieux d’un petit livret explicatif édité par le Mucem.
Diane Vandermolina
Mucem, Esplanade du J4 13001 Marseille – France/+33 (0)4 84 35 13 13
Ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le mardi
https://www.mucem.org/programme/exposition-et-temps-forts/histoires-de-rene-l
En une, photo de l’Hôpital psychiatrique de Blida-Joinville (Algérie), La Construction moderne. Revue hebdomadaire d’architecture, n° 25-26, 7 et 14 mai 1939, 312-313. Collection particulière © Arthus Boutin
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