Avec OM Fondation, M24 lance le foot pour les collégiennes

Le football est indéniablement un langage universel. Tout le monde en comprend le sens et rares sont les pays à ne pas pratiquer ce jeu très simple qui se joue de préférence avec un ballon, quoique parfois n’importe quel objet rond peut faire l’affaire !

A Marseille, ce jeu est élevé au rang de quasi religion et il faut bien reconnaître – même ceux préfèrant le rugby en conviennent – que le Vélodrome rassemble au-delà des appartenances partisanes et que ce sport incarne l’esprit volcanique de la 2e ville de France. Des cités des quartiers Nord et Est aux villas huppées du Roucas-Blanc, du centre-ville populaire aux collines de Pagnol, tout le monde se pique de parler foot et revendique une passion flamboyante pour l’OM. Fiers d’être Marseillais n’est pas un slogan, c’est un signe de reconnaissance.

En 2023 : olympisme, athlétisme, natation, danse, rugby… et maintenant le foot !

Les responsables de l’association marseillaise M24 Sport Santé – pour beaucoup des enseignants et des chefs d’établissement scolaires – constatent cet engouement pour le ballon rond lors de chaque récré dans leurs écoles. Et cet automne voit éclore un programme dédié au foot, mais sous une forme un peu inédite : ça s’appelle « Le foot donne des Elles ».

Après une journée olympique et paralympique en avril à Endoume, une compétition d’athlétisme en mai au stade Delort, un relais de natation en juin au Cercle des nageurs qui a prêté ses moniteurs et son bassin de 50m, la Coupe du Monde de Rugby des écoles au SMUC en octobre, et deux challenges de danse autour du sport en juin et actuellement, M24 a donc remis le turbo en cette fin d’année avec une initiative centrée sur les adolescentes.

L’association que préside Muriel Pruvot, cheffe d’établissement à Saint-Charles Camas (5e arrondissement), avance par petites touches ciblées dans le but de permettre aux élèves des établissements partenaires de participer à des projets novateurs dont l’objectif est de les reconnecter à l’exigence de la pratique sportive. La sédentarité fait des ravages dans la population adolescente, avec une baisse des capacités cardiovasculaires et une augmentation du surpoids et de l’obésité notamment.

La santé des jeunes en France est très préoccupante

« Il fallait réagir parce que, maintenant, on voit survenir des infarctus à l’âge de 30 ans, déplore Hervé Collado, médecin du sport et vice-président Santé de M24. A ce rythme, et particulièrement à cause de l’augmentation de l’obésité, la génération des ados d’aujourd’hui sera la première qui vivra peut-être moins longtemps que celle de ses parents. »

Le Doc a malheureusement raison. Les chiffres sont catastrophiques. 37% des 6-10 ans et 73% des 11-17 ans n’atteignent pas les standards d’activité physique recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé. La France se classait 119e sur 146 pays pour le niveau de pratique d’activités physiques et sportives chez les ados en 2020. En 25 ans, les enfants ont perdu 40% de leurs capacités cardiovasculaires.  Et un enfant sur 3 âgé de 2 à 7 ans est en surpoids ou obèse !

En 6 semaines de sport, ça repart !

Vous en voulez encore ? Eh bien en voici : 1 jeune sur 2 déclare passer plus de 6 heures par jour devant les écrans. 49% des 6-17 ans font face à un risque sanitaire « très élevé » avec plus de 4h30 d’écran ou moins de 20 minutes d’activité physique par jour.

Mais les courbes peuvent vite s’inverser : après 6 semaines d’entraînement, les collégiens regagnent 5% de leurs capacités cardiorespiratoires (chiffres tirés du rapport du Gouvernement présentant l’activité physique et sportive comme « Grande Cause Nationale 2024 », document publié le 21 novembre 2023).

« Pas une affaire de garcons ! »

« A travers son programme « cOMmunauté », OM Fondation s’est montrée très sensible à notre programme « Le foot donne des Elles », se réjouit Muriel Pruvot. Notre souhait était de mettre en place des équipes de filles alors que traditionnellement ce sport, à cet âge-là en particulier, est surtout affaire de garçons. C’est un engagement totalement assumé par notre association que de permettre à des adolescentes de s’approprier cette pratique sportive qui ne doit pas être réservée à leurs collègues masculins. Les participantes pourront ainsi, elles aussi, s’épanouir dans le sport-roi à Marseille et bénéficier de l’aura de l’OM. Ce label pourra bien sûr servir la communication des collèges engagés !« 

Chacun des 10 collèges concernés pourra constituer 2 équipes de niveau 6e et 5e et/ou de niveau 4e et 3e. Les équipes comporteront 10 joueuses (7 titulaires + 3 remplaçantes). Soit une vingtaine de filles par collège, et donc au moins 200 participantes à ce projet sur l’année scolaire. « L’idéal est qu’elles puissent s’entraîner régulièrement sous la houlette d’un enseignant ou d’un éducateur, en vue d’un tournoi inter-établissements final prévu le lundi 17 juin sur le prestigieux OM Campus (Marseille 9e), détaille la présidente de M24. Un match entre une sélection de collégiennes M24 et l’équipe professionnelle féminine de l’OM clôturera cette journée. »

Premier entraînement à l’OM Campus en décembre

Bien sûr, les collèges pourront organiser entre eux des rencontres en amont. S’ils le souhaitent, ils pourront également solliciter la venue de membres d’OM Fondation pour évoquer la pratique sportive à haut niveau, et ses exigences éducatives ou en termes d’hygiène de vie. A la présentation du projet la semaine dernière, Véronique Brunel et Chloé Marty, respectivement cheffe d’établissement coordinatrice et cheffe d’établissement du primaire à Saint-Mauront, juste en face de la cité Bellevue Félix-Pyat, voyaient là une opportunité supplémentaire de stimuler leurs élèves. « La très grande majorité ne pratique pas de sport en club ou en dehors des heures de cours d’EPS« , indique Mme Brunel.

Une première rencontre avec des joueuses pro est prévue mardi 5 décembre à l’OM Campus. Une vingtaine d’élèves des quartiers de la Cabucelle et du Camas, emmenées par Dominique Rabier, vice-président Sport de M24, y participeront. Un entraînement aura lieu en fin de séquence.

Entraînements dans la cour, « on part de loin! »

De la Cabucelle avec Saint-Joseph Viala (15e) à Saint-Giniez avec Provence (8e) en passant par la Blancarde avec Vitagliano (4e), des établissements ont commencé à former et entraîner des équipes de collégiennes. « On part de très loin car on n’a pas spécialement de filles jouant au foot, souligne Cathy Boyer, professeure d’EPS à l’ORT-Bramson dans le 10e arrondissement. Mais ça ne fait rien, ce sera une belle aventure avec un tournoi magnifique en juin. On y va évidemment pour gagner !« 

Comme en témoigne la photo prise mardi et illustrant cet article, déjà 22 élèves de 6e, 5e et 4e de Saint-Charles Camas ont débuté les entraînements dans la cour de l’établissement, sous la houlette d’une professeure surmotivée, Fanny Bouis.

Des rencontres généreuses, à l’image de Marseille

Un autre objectif de M24 est justement de favoriser la mixité sociale, culturelle et géographique grâce à des rencontres entre groupes scolaires qui n’auraient aucune raison de se croiser. En octobre les élèves de l’Ecole de Provence ont ainsi disputé la finale du tournoi de rugby contre les Orphelins Apprentis d’Auteuil-Vitagliano. Le collège-lycée juif ORT Bramson a livré un match de basket remarquable face aux collégiens de l’établissement musulman Ibn Khaldoun en avril. Et qui a oublié la mémorable course de natation entre les lycéens de Lacordaire et de La Viste, arbitrée par la championne de France handisport 3 nages, Clara Mattei ?

2024, année olympique à Marseille… où M24 tiendra toute sa place au bénéfice de la santé des enfants. Il n’échappera à personne que le tournoi de football des collégiennes le 17 juin se déroulera à un mois des JO. Des Jeux pour lesquels le Vélodrome accueillera du 24 juillet au 6 août dix matchs de foot masculins et féminins, dont deux quarts de finale et deux demi-finales. L’équipe de France masculine jouera notamment les 24 et 30 juillet. Les collégiennes de M24 Sport Santé seront au coeur de l’actualité !