Beautés insoupçonnées de la Camargue un jour d’hiver

« Camargue imperceptible, d’herbes et d’eaux » est une exposition de photographies de Jean François Debienne réalisée en Camargue, à Salin de Giraud entre février et mars 2020. Visible à la galerie Atelier 111, 111 rue d’Endoume, 13007 Marseille, jusqu’au 8 octobre, elle offre au visiteur un voyage poétique au coeur de la nature camarguaise et célèbre la vie de ses espèces endémiques.

culture

Jean-François Debienne : un couteau suisse de l’image

Ancien de l’hebdo culturel Taktik à la Plaine, responsable d’‘Images et Paroles engagées’ (association basée à Saint-André dans les quartiers Nord), Jean-François Debienne est un documentariste, auteur-réalisateur de métier.

En 2015, il s’est mis à la photographie, intégrant « l’école supérieure de la photographie à Arles pour une formation continue en tant que salarié de modules de formation à la photo, notamment sur le portrait et sur la photo reportage » explique-t-il. Depuis, il n’a de cesse d’exposer sur des sujets qui lui tiennent à coeur.

Après une expo sur les habitants de Saint André, le boxing club de Saint Louis ou encore les usines de l’Estaque-Riaux dont il ne reste que des traces, il s’est attelé à un nouveau projet autour des beautés de la Camargue, comme un prélude à son grand projet de sensibilisation à la disparition des espèces.

Quand la Camargue révèle sa beauté un jour d’hiver ©J-F Debienne

Une démarche de documentariste

Chemin faisant, son approche est restée celle d’un documentariste  engagé : « Lorsque je travaille sur une série, je vais d’abord sur place en spectateur, puis je rencontre des gens, j’écoute une histoire. Ça prend plusieurs jours, semaines. Je ne fais pas de la photo instantanée. C’est seulement après que je me dis ‘oui, il faut le faire, j’ai les lieux, j’ai les personnes.’ Je retourne sur le terrain par la suite avec mon appareil photo »

Son objectif est de raconter une histoire, son histoire « c’est-à-dire mon regard qui est un parmi tant d’autres. Avec ces photos, j’ai construit une histoire qui est mon regard sur cette histoire à laquelle je n’ai pas du tout participé mais dont il reste, en moi, des traces de ce que j’ai raconté. »

Etang baigné d’une douce lumière ©J-F Debienne

Une Camargue sous la lumière de l’hiver

« Venant du nord, la lumière du sud est quelque chose d’exceptionnel que j’ai parfois du mal à maîtriser. C’est une luminosité très forte, alors que je viens d’un endroit où justement la luminosité se voit à travers les nuages. Le soleil n’est jamais vraiment présent alors qu’ici, on en est inondé. J’en suis parfois à rechercher les nuages ou les ombres plutôt que le plein soleil. J’ai pris mes photos en hiver, parce que j’ai gardé cette façon d’être liée à la lumière des nuages plutôt que du soleil. » précise-t-il.

Il a ainsi arpenté Salin de Giraud, l’étang de Vaccarés, le canal de La grand mar, le Sambuc, les abords du Rhône prés de Giraud, Piemanson et quelques routes pour rencontrer ces quelques paysages plutôt désertiques en période de covid.

Exposition « Camargue imperceptible, d’herbes et d’eaux » ©J-F Debienne

Célébrer la beauté cachée de la vie

« La Camargue n’est pas toujours le rose et bleu des brochures touristiques. Elle est parfois grise, blanchâtre avec un ciel délavé qui se confond avec l’eau des marécages peuplés d’herbes. Lucien Clergue l’avait magnifiquement immortalisé avec sa Camargue secrète. L’eau, venue du Rhône et de la mer fait l’essentiel du paysage. Presque… Il y a aussi le sel, les arbres, le vent, les chemins, les reflets, les pierre, le riz et quelques animaux incertains qui passent au loin. Et bien sûr, le sable. » continue-t-il.

Avant de conclure dans un sourire poétique : « Il pleuvait parfois et le vent chassait les nuages pour en amener d’autres. Des moments étranges et suspendus, faits de regards vers des étendues silencieuses, vers un au-delà imaginaire et poétique dans une lumière toujours présente, toujours différente, parfois éclatante. Une beauté de chaque instant. Une autre rencontre avec un soleil souvent absent et caché derrière les nuages, et des couleurs qui se cherchent un peu, dans le pays d’Arles, que chacun peut faire, hors des sentiers battus. »

Une exposition à découvrir pour voir notre Camargue autrement.

cet article vous a plu ?

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partagez vos commentaires.