Cancer de la prostate : Messieurs, suivez les conseils du Pr Lechevallier

C'est le cancer masculin le plus fréquent en France avec 50.000 nouveaux cas par an. Mais c'est un cancer silencieux, longtemps sans symptômes, et c'est pour cela qu'il est redoutable : il tue plus de 8.000 hommes. Le dépistage est recommandé à partir de 50 ans, car une fois détecté, il se soigne très bien. A l'hôpital de la Conception à Marseille, le professeur Eric Lechevallier dirige un service d'urologie en pointe contre ce cancer. Voici ses conseils pour le prévenir - 1 homme sur 7 aura ce cancer -, l'affronter et le surmonter. Mardi 13 décembre à 17h, il animera une conférence ouverte au public : "Cancer de la prostate : le dépister, le soigner, les progrès de la médecine", au Palais de la Bourse de Marseille (9, la Canebière). L'entrée est gratuite mais il est conseillé de s'inscrire en raison du nombre limité de places en laissant son nom par mail sur contact@dstmedition.com

Prostache 2022

Grosse comme une mandarine, la prostate est une glande masculine qui permet la reproduction. Elle est placée sur les voies urinaires, entre la vessie, le sphincter et le canal de l’urètre et elle est traversée par ce canal.

L’urètre, dans cette portion prostatique, est entouré de deux sphincters (anneaux musculaires), l’un à l’entrée, l’autre à la sortie. La prostate  a pour fonction principale de produire le liquide prostatique qui permet la survie, la maturation et la mobilité des spermatozoïdes, produits par les testicules.

Qu’est ce que le cancer de la prostate?

 Avec l’âge, le vieillissement de la prostate peut causer deux pathologies, à savoir l’adénome de la prostate et le cancer de la prostate qui est le sujet de notre interview.

Selon le professeur Lechevallier :“C’est l’apparition au sein de la glande prostatique d’une cellule cancéreuse qui se développe dans une partie de la prostate. C’est un cancer extrêmement fréquent chez l’homme. C’est un problème de santé globale qui fait partie de la prise en charge d’un homme actuellement, et il faut qu’il soit informé de cette éventualité du cancer de la prostate.”

Le cancer de la prostate : risques liés aux facteurs environnementaux, génétiques et ethniques

Le cancer de la prostate est une maladie assez silencieuse parce qu’elle présente très peu de signes. Ce cancer concerne évidemment uniquement les hommes. Il a des facteurs environnementaux, sociaux et ethniques  importants. Les cellules apparaissent tôt et évoluent très lentement.

Les populations d’origine africaine, plus exposées à la maladie…

Plusieurs éléments peuvent constituer des menaces en fonction des populations. Ces dernières varient d’une population à une autre. Des hommes sont plus à risque que d’autres de développer un cancer de la prostate, c’est le facteur ethnique et génétique.

On sait que les populations d’origine africaine ont un risque accru d’avoir le cancer de la prostate à cause des antécédents familiaux tant des ascendants ou des collatéraux masculins qui ont un cancer de la prostate. Lorsqu’il y a des femmes dans la famille qui ont eu des cancers du sein d’origine génétique ou des ovaires, cela augmenterait le risque de cancer de la prostate chez l’homme”, explique le professeur Lechevallier.

Nous pouvons prendre l’exemple des populations antillaises qui ont longtemps utilisé la chlordécone dans les bananeraies. La chlordécone est un pesticide organochloré utilisé entre 1981 et 1993 et employé dans le traitement des bananiers, pour lutter contre les insectes.“Aux Antilles, l’origine africaine de la population augmente le risque du cancer de la prostate mais il y a aussi un surrisque lié à cet insecticide qui a été longtemps utilisé dans l’agriculture aux Antilles, en particulier en Martinique”.

Aujourd’hui ce produit a été interdit. Il est reconnu comme augmentant le risque de cancer de la prostate. Tous les hommes exposés ne vont pas avoir un cancer de la prostate mais c’est une menace pour la population d’origine africaine aux Antilles, et en particulier les ouvriers qui ont travaillé dans les bananeraies durant ces années-là. Les populations d’origine africaine sont plus susceptibles d’avoir ce cancer au vu des facteurs de risques auxquels elles sont exposées.

“A l’inverse des populations africaines, les populations asiatiques quant à elles ont un risque moindre de cancer de la prostate”. Par contre, ces populations asiatiques, lorsqu’on les met dans des conditions de vie occidentales, augmentent leurs risques de cancer de la prostate. Il y a probablement des facteurs génétiques et ethniques mais aussi environnementaux.

Du dépistage au traitement, pas d’inquiétude!

Comment dépiste-on le cancer de la prostate et quels sont les moyens de dépistage?

Pour le cancer de la prostate, il n’y a pas de dépistage pour toute la population comme pour d’autres cancers. Il s’agira de proposer aux hommes après 50 ans, s’ils le veulent, un diagnostic précoce en les informant sur la façon dont se passent le diagnostic et le traitement. Mais ce n’est pas ce qu’on appelle un dépistage qui va concerner toute la population, on va cibler des hommes à partir de 50 ans, et les conseiller de faire des tests.

Toutefois, c’est à partir de 40 ans selon le médecin pour les peuples d’origine africaine et vivant en Martinique et en Guadeloupe, car leur niveau de risque est beaucoup plus élevé. Ces tests sont: une prise de sang par lequel on pourra détecter le cancer (PSA: Prostate Specific Antigen) et un toucher rectal qui est fait par un médecin. Les hommes ont tendance à préférer la prise de sang au toucher rectal par souci d’intimité mais il faudrait les deux.

Après avoir effectué le PSA et le toucher rectal, s’il existe un risque d’avoir le cancer de la prostate, un prélèvement par voie rectale des ponctions de la prostate doit être fait. Mais bien avant, les médecins procèdent à une IRM (imagerie par résonance magnétique) pour voir la structure de la prostate et voir s’il y a une zone particulière à biopsier.

Il n’existe pour le moment aucun autre moyen de dépister ce cancer, selon le professeur Lechevallier. La science travaille sur des pistes et envisage dans un futur proche de coupler l’IRM et le PSA pour arriver à un diagnostic.

Qu’est ce que vous pouvez dire aux hommes pour les encourager à se faire dépister par le toucher rectal ?

Pour les hommes qui n’aiment pas le toucher rectal, il s’agira pour les médecins de les informer et de les rassurer sur l’intimité de cet examen. “C’est au médecin de les sensibiliser et  de leur dire qu’ils ont intérêt à avoir un diagnostic précoce du cancer de la prostate et que, grâce à ce diagnostic précoce, on va pouvoir leur proposer une prise en charge adaptée” affirme le professeur Lechevallier. Il ne s’agira pas forcément d’un traitement, ça pourra être une surveillance adaptée, mais ce qu’il y a de sûr c’est qu’ils seront vite pris en charge.

“C’est vrai qu’on peut considérer qu’avec le dosage sanguin du PSA on va diagnostiquer une grande majorité des cancers, mais certains cancers ne sécrètent pas ce produit dans le sang.” Certains hommes vont avoir un dosage de PSA normal dans le sang et nécessiter un toucher rectal.  La prise de sang et le toucher rectal sont donc complémentaires, on ne peut pas privilégier l’un au détriment de l’autre.

“Aujourd’hui, grâce au toucher rectal et au PSA on arrive à estimer et apprécier si le cancer va être agressif.” Cela va permettre de savoir quel cancer surveiller pour que le patient vive normalement avec quelques cellules cancéreuses et quel type de cancer il faut traiter. Par la suite, la prostate sera traitée par radiothérapie ou alors les médecins procéderont à une ablation de la prostate et des vésicules séminales par voie chirurgicale.

Pour prévenir le cancer de la prostate et mener une vie saine

Comment prévenir le cancer de la prostate?

Il n’existe pas d’action concrète et directe pour éviter le cancer de la prostate, d’après le professeur Lechevallier. Toutefois, la pratique du sport et une alimentation saine sont fortement recommandées, afin de mener une vie saine. Une activité sportive de 30 minutes par jour, la consommation de beaucoup moins de graisse, de plus de fruits et légumes, des nourritures bio, tout cela a un impact considérable sur la santé, et contribue à prévenir de nombreuses maladies, pas seulement le cancer de la prostate. “On peut réduire le risque mais on a vu que le cancer de la prostate fait partie du vieillissement normal de la prostate. La meilleure prévention pour ne pas en mourir, c’est de se faire suivre et de mener une vie saine.”

Mener une vie saine avec la maladie, c’est possible !

L’activité physique est également conseillée pour un malade atteint du cancer de la prostate et d’une façon générale tous les patients atteints d’un cancer, quel qu’il soit, tirent bénéfice d’une activité physique normale. Le sport et “une alimentation équilibrée en protéines, en sucre, en sel, en gras comme un régime pour une maladie cardiaque” sont préconisés. Aussi il est important de noter que l’activité sexuelle n’est pas liée au cancer de la prostate, et même s’ il y a un cancer de la prostate qui n’est pas traité, on peut mener une vie sexuelle normale.

Propos recueillis par Grâce Gnamien , Jean Nerva Noel et Nathan Pulvar Iphaine. Étudiants en Communication des organisations Santé, Social et bien être à l’Ecole de Journaliste d’Aix Marseille.

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