Cancer de prostate : sport et alimentation font-ils des miracles ?

Dans le cadre du mois de prévention du cancer de la prostate et de la campagne d'information initiée par MProvence, nous avons rencontré le docteur Jennifer Campagna, chirurgienne urologue à Marseille (Hôpital Nord, APHM). Elle estime que 30 à 40 minutes d’activité physique par jour peuvent contribuer à diminuer le risque d’apparition de ce cancer. Elle évoque également l'alimentation, et les actions pour diminuer les effets secondaires des traitements. Un reportage à lire ou écouter de Lou Berlemont et Maëlle Riou-Bourdon, étudiantes à l'Ecole de Journalisme et Communication d'Aix-Marseille.

autre
Par Lou Berlemont et Maëlle Riou-Bourdon 

On entend de plus en plus parler des effets du sport sur différentes maladies. Concernant le cancer de la prostate, l’activité physique permet-elle de diminuer le risque de son déclenchement ?

Effectivement, l’activité physique en général est synonyme de bonne santé. Elle joue donc beaucoup dans la prévention de toutes les maladies, que ce soit les maladies cardiovasculaires et certains cancers. On sait effectivement que faire une activité physique régulière, même légère, c’est-à-dire 30 à 40 minutes de marche par jour, peut diminuer le risque de cancer et notamment de cancer de la prostate.

Sur internet, on peut lire qu’une activité physique régulière permet de diminuer les effets secondaires des traitements du cancer. Qu’en pensez-vous et qu’en est-il d’une éventuelle aide au rétablissement ? 

Oui c’est vrai. L’activité physique joue dans la prévention, mais elle joue aussi dans le traitement et la guérison des patients. Parce que diminuer la masse graisseuse va protéger contre les effets secondaires, notamment de l’hormonothérapie dans les cancers de prostate un peu plus agressifs. Cette hormonothérapie joue sur les risques cardiovasculaires donc cela améliore la guérison des patients en évitant les effets secondaires et les risques. Cela améliore aussi la qualité de vie des patients en général.

Du riz et des légumes pour diminuer le risque de cancer

Existe-t-il des recommandations alimentaires pour prévenir l’apparition du cancer de la prostate ? Est ce qu’on peut parler d’aliments “protecteurs” ou “destructeurs” ? 

Il n’y a pas vraiment d’aliments recommandés dans la prévention, dans la guérison ou dans la destruction de cellules tumorales. Certaines études ont montré effectivement que le sélénium, par exemple, qu’on retrouve dans le riz ou le blé complet peut améliorer – enfin, en tout cas  diminuer – le risque de cancer de prostate. Mais encore une fois, c’est à prendre avec précaution. Il n’est pas recommandé aujourd’hui de dire aux patients d’avoir ce type d’alimentation pour éviter un cancer de la prostate. La vitamine E ou l’aspirine ont montré dans quelques études un effet protecteur du cancer de prostate. 

Mais aujourd’hui, on ne peut pas recommander aux gens certains aliments. On sait qu’une bonne hygiène de vie avec des antioxydants, donc des fruits et des légumes, et une alimentation pas trop riche en gras va permettre de les protéger en quelque sorte. Cela va donc favoriser une meilleure santé globale et donc diminuer le risque de développer un cancer de prostate.

Et au-delà de l’alimentation et du sport, d’autres facteurs d’hygiène de vie sont-ils à prendre en compte, comme la gestion du stress ou la santé mentale ? 

Encore une fois, nous n’avons aucune preuve que le stress ou la dépression peuvent entraîner un cancer. Mais, effectivement, dans la pratique quotidienne, on peut s’apercevoir que dans un état de stress, le patient va avoir potentiellement une immunité plus fragile et donc risquer de développer un cancer. Cela demeure très hypothétique et il n’existe aucune preuve que le stress peut être à l’origine de cancers. Cependant, améliorer l’état psychologique améliore la qualité de vie et donc permet probablement aux patients d’être plus résistants au développement de maladies.

Les médecines alternatives : un substitut aux traitements traditionnels ?

Pensez-vous qu’il puisse exister un effet de mode sur des “remèdes miracles” ? 

Je ne sais pas si on peut parler d’effet de mode mais de nombreux patients sont demandeurs de médecines alternatives. Pourquoi pas si cela apporte un bien-être, une qualité de vie, mais sans jamais perdre l’objectif des traitements recommandés du cancer de prostate qui sont bien codifiés. Il est possible de proposer des alternatives pour améliorer le bien-être sans que cela ne se substitue aux traitements proposés par les hautes autorités scientifiques.

Le Dr Campagna répondra à vos questions le 16 novembre

Venez interroger le docteur Jennifer Campagna et 8 autres médecins à la conférence publique organisée par MProvence « La prostate, parlons-en pour vous protéger ! » : jeudi 16 novembre à 16h30, amphi Gastaut, Université d’Aix-Marseille, jardin du Pharo, 58 Bd Charles Livon, 13007 Marseille. Entrée libre. Parking en face du jardin.

Retrouvez articles, podcasts et vidéos dans notre rubrique dédiée à la prostate à l’occasion du mois de novembre, le mois consacré à la santé masculine

cet article vous a plu ?

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partagez vos commentaires.