Cancer du sein : la Région Sud prend les choses en main

La collectivité a invité ses employé-e-s à s'informer en présence de 3 médecins et à participer à des ateliers. Le besoin de sensibilisation demeure très important. La Région annonce pour l'été 2025 le déploiement d'une "mammamobile", un bus rose itinérant équipé d'un appareil de mammographie pour dépister les femmes des secteurs peu dotés médicalement. Trop de cancers du sein ne sont pas encore repérés.

Santé

Il y avait de la gravité et une solidarité palpable en ce jeudi 17 octobre dans l’atrium et les couloirs du Conseil régional Sud-Provence Alpes Côte d’Azur situé Porte d’Aix à Marseille. Gravité car on y parlait cancer du sein avec trois des meilleurs experts médicaux de la région. Solidarité parce que la centaine de femmes (et quelques hommes !) réunies pour s’informer se sentaient engagées dans le même combat face à la maladie. C’est l’illustration du plan Cancer de la collectivité présidée par Renaud Muselier qui déploie les grands moyens, avec 40 millions d’euros investis sur la mandature.

Josy Chambon, vice-présidente de la Région et présidente de la commission Santé, a cadré le sujet d’emblée en rappelant que le taux de dépistage pourtant organisé n’est pas très bon dans notre région. Il fluctue autour de 50% parmi les femmes de 50 à 74 ans auquel il est systématiquement proposé. On doit donc faire mieux car ce cancer continue à faire des ravages avec plus de 60 000 nouveaux cas et plus de 12 000 décès chaque année en France. « Et que les hommes fassent également attention s’ils ont une boule dans la poitrine, car ils peuvent être touchés par ce cancer eux aussi ! » alerte l’élue. Ils représentent en effet 1% des cas, soit 500 à 600 hommes par an dans notre pays.

Josy Chambon, présidente de la commission Santé de la Région, a introduit le débat.

« On reçoit un immeuble sur la tête »

« Quand on vous annonce que vous avez un cancer, vous recevez un immeuble de trois étages sur la tête« , souligne Mme Chambon. Qui annonce que sans doute à partir de juin 2025, en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé et le Centre régional de dépistage des cancers, la Région fera circuler un bus – « une mammamobile » – équipé d’un appareil pour faire les mammographies dans les campagnes et les quartiers les plus excentrés.

Puis la Dr Marie Bannier, chirurgienne spécialisée dans le cancer du sein à l’Institut Paoli-Calmettes, rappelle que le dépistage par mammographie est fondamental « car 80% des cas se déclarent au-delà de 50 ans. Il faut se faire dépister tous les 2 ans jusqu’à 74 ans, puis c’est le dépistage individualisé qui prend le relais. » Mais ce n’est pas tout ! « L’examen annuel des seins est recommandé tous les ans à partir de l’âge de 25 ans ». De plus en plus de cancers du sein surviennent en effet avant 50 ans.

Les médecins de l’Institut Paoli-Calmettes : Dr Marie Bannier, chirurgienne, et Catherine Nogues, oncogénéticienne.

Emilie a senti une boule dans son sein

On peut aussi pratiquer l’auto-palpation afin de possiblement repérer une masse, une boule. C’est ce qui est arrivé à Emilie Couquiaud seulement 8 mois après avoir passé une mammographie. Cette maman de deux adolescents a témoigné hier de la découverte de cette forme de cancer très agressive qui lui a valu plusieurs interventions chirurgicales très lourdes entre l’été 2022 et la fin 2023. Pour résister et retrouver un peu de forme physique, elle s’est mise au sport sur la recommandation des médecins. Et ce fut un succès total.

« Cela a permis de stimuler mes défenses immunitaires et d’être moins fatiguée. L’impact psychologique est également important car atteindre des objectifs sportifs, c’est déjà une victoire, ça booste. Je conseille aux patientes de ne pas rester enfermées chez elles. » Sous la conduite du Dr Claude Marblé du Centre provençal de médecine du sport, elle a rejoint un programme dédié aux patientes atteintes d’un cancer du sein à raison de 3h de sport par semaine pendant 6 mois. Cette préparation l’a conduite avec 23 autres femmes à tenter l’ascension d’un sommet alpin à 4 000 mètres en juillet dernier.

Emilie Couquiaud et Dr Claude Marblé

Les vertus du sport contre le cancer

« J’étais très faible à cause des traitements et j’ai réussi à retrouver mes capacités physiques. Ce défi était pour moi le retour à la vie normale. Le sport est mon médicament, au même titre que mon hormonothérapie » a conclu Emilie sous un tonnerre d’applaudissements saluant son courage.

Le Dr Marblé a insisté sur les bienfaits incroyables du sport pour prévenir le cancer du sein en particulier : il réduit de 35% à 40% le risque d’avoir cette maladie. A condition de forcer un peu quand même ! Il préconise 2h30 d’activité physique par semaine dont 1h30 à un rythme un peu intensif (« il faut être essoufflé, la marche ou le vélo d’appartement fait tranquillement ne suffisent pas, on peut ajouter du renforcement musculaire, de la musculation… ») et ceci au moins pendant 6 mois.

Les participant-e-s à cette matinée pouvaient immédiatement mettre ces recommandations en pratique grâce à des ateliers d’initiation sportive installés jusque sur le parvis (photo ci-dessous).

Alcool, tabac et surpoids causent 16 000 cancers du sein

Les bienfaits du mouvement ne s’arrêtent pas là. « C’est la seule thérapeutique qui diminue la fatigue pendant le traitement et elle limite le taux de récidive de plus de 20%. » Il est conseillé de fractionner sa pratique tous les 2 à 3 jours. Nous vous proposerons mardi prochain l’interview complète du Dr Marblé et d’Emilie Couquiaud.

La docteur Catherine Nogues, oncogénéticienne à  l’Institut Paoli-Calmettes, a mis les pieds dans le plat devant une assistance très attentive : « La consommation excessive d’alcool, le tabac, le surpoids et l’obésité, la sédentarité, contribuent au cancer du sein comme à tous les cancers, aux maladies cardiovasculaires et au diabète. On mange trop quantitativement, on mange mal, trop carné, avec trop peu de fruits et légumes, de fibres. On vit dans un monde industriel avec beaucoup de produits ultra transformés. » A eux trois, l’alcool, le tabac et le surpoids seraient à l’origine de 16 000 nouveaux cas de cancer du sein par an.

Prothèses mammaires : pas de risque de cancer mais…

Mme Nogues a précisé une chose très importante à l’adresse des femmes qui seraient tentées de s’affranchir du dépistage en pratiquant la seule auto-palpation : « On ne sait pas toujours bien la pratiquer. C’est pourquoi vous devez faire examiner vos seins par votre gynécologue si vous avez la chance d’en avoir un, sinon par votre généraliste. »

Enfin, pour répondre à une question d’une participante au forum, voici une précision qui intéressera bien des femmes provençales : les prothèses mammaires ne sont pas un facteur de risque de cancer du sein et elles n’empêchent pas les radiologues d’effectuer la mammographie. « Après, une prothèse est un corps étranger qui génère un risque inflammatoire et elle a une durée de vie limité, il faut la changer tous les 10 ou 15 ans.« 

cet article vous a plu ?

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partagez vos commentaires.