La pièce « Fadhma et Louise -1871- le cri des peuples » sera jouée au théâtre de l’Oeuvre de Marseille, du 24 au 26 février, et au théâtre Jean Le Bleu de Manosque, le 8 mars, pour commémorer la Journée internationale des droits des femmes. C’est le premier spectacle imaginé et conçu par Virginie Aimone en tant qu’autrice et co-metteur en scène, au sein de Manifeste Rien, dont elle est artiste associée. Créé dans les années 2000, le collectif propose des pièces où la fiction et la légende, l’histoire et la sociologie, s’entrechoquent autour de thèmes forts comme le racisme ou encore la colonisation.
1871 : année de révoltes en France et en Algérie
Après la reddition de Napoléon III consécutive à la défaite des Français contre les Prussiens à Sedan, qui met fin au Second Empire, Adolphe Thiers est nommé « chef du pouvoir exécutif de la République française » en février 1971. Il en devient le président au mois d’août de la même année, après avoir négocié le traité de paix avec Bismarck et réprimé dans le sang l’insurrection de la commune de Paris, conduite par Louise Michel.
Au même moment, de l’autre côté de la Méditerranée, débute l’insurrection algérienne en Kabylie, dite la révolte des Mokrani, lutte populaire menée contre l’occupation française, initiée par Fadhma N’Soumer bien avant sa mort, en 1857.
En mettant en regard ces deux événements qui ont marqué l’histoire de la France et de l’Algérie, la compagnie propose de réfléchir sur la colonisation, le racisme qu’elle entretient et les injustices sociales qui lui sont inhérentes, ainsi que sur l’empreinte indélébile laissée dans les mémoires de chaque peuple. Elle y questionne également le mécanisme de la reproduction de la domination masculine et l’oubli du rôle des femmes dans l’histoire, usurpé par les hommes.
Ces questions traversent par ailleurs chacun des spectacles de la compagnie et permettent d’offrir un éclairage nouveau sur l’histoire et la mémoire des peuples, dans une optique de transmission.
Fadhma et Louise, deux figures de proue des révoltes de 1871
Sur une période couvrant les années 1830 à 1904, le spectacle se balade de la France à l’Algérie jusqu’en Kanaky. Il met en scène deux femmes qui ne se sont jamais rencontrées : Fadhma N’Soumer et Louise Michel, de leur naissance à leur mort et à leur renaissance. Toutes deux sont devenues des guerrières, protégeant leurs pays et les opprimés des gouvernements impérialistes. Elles ont été contraintes de se rebeller dans leur propre camp où les hommes étaient achetés par les puissants.
Louise a été l’artisane du rassemblement des bagnards kabyles et parisiens, déportés en Kanaky pour s’être insurgés contre le gouvernement français, afin qu’ils prennent part à la défense des kanaks opprimés. Leur lutte et leur engagement leur ont valu d’être traitées de sorcières ou de Jeanne d’Arc, du fait de leur célibat, avant qu’elles ne soient réduites à la figure d’égéries révolutionnaires.
Symbole de leur destin commun et de la déchéance de leur féminité, la figure mythique de Yemma, la mère du monde devenue sorcière, est convoquée dans cette fiction historique pour lier le destin hors du commun de ces deux femmes. Elle est là pour guider Fadhma, puis au travers de Fadhma, Louise, dans leurs combats pour réunir et défendre les opprimés du joug de la puissance française.
Un spectacle signature
Ce spectacle total mêle chant, musique, voix off et jeu d’acteurs dans une mise en scène au cordeau et un jeu de lumière ciselé afin d’offrir plusieurs moyens d’appréhension et de compréhension du texte.
Comme à leur habitude, les comédiens de la compagnie incarnent plusieurs personnages. Virginie Aimone est Louise, Fadhma est toutes les femmes évoquées dans le spectacle, Olivier Boudrand est Randon, Thiers, le juge, Aziz et Franck Vrahidès, le père de Fadhma, Mokrani, Napoléon III… pour ne citer qu’eux.
La musique, omniprésente en nappe sonore ou en direct, symbolise la présence du personnage mythique de Yemma dont la voix résonne à nos oreilles telle celle d’une prêtresse des mondes anciens.
Poétique et interprété par des artistes de talent, le spectacle est un vibrant hommage, à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui se battent pour un monde plus juste et plus libre, où la paix et la solidarité ne seraient pas de vains mots.
Diane Vandermolina
Informations pratiques
Création Fadhma & Louise – 1871, le cri des peuples (Compagnie Manifeste Rien)
Mise en scène : Virginie Aimone & Jéremy Beschon/ Texte : Virginie Aimone avec la collaboration de Jéremy Beschon et la complicité de Tassadit Yacine (anthropologue EHESS Paris) sur une idée de Nadia Ammour et Virginie Aimone.
Comédiens : Virginie Aimone, Olivier Boudrand, Franck Vrahidès Musique et chant : Franck Vrahidès et Tom Spectrum /Création et régie son : Antoine Perrin et Tom Spectrum/ Création et régie lumière : Jean Louis Floro
Durée du spectacle : 1h20/ Tout public
Jeu 24, vend 25, sam 26 février 20h, Théâtre de l’Œuvre 1 rue Mission de France à Marseille (10/15€)
Mardi 8 mars 18h30 Théâtre Jean le Bleu, Allée de Provence à Manosque (8/12€)
Réservations : https://www.durance-luberon-verdon.com
Prise de Vue Spectacle et Interview : Paola Lentini
En une, photo du spectacle « Fadhma et Louise » ©Manifesterien
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