Les chiffres du dépistage du cancer du sein sont cruels et les conséquences pour la vie des femmes, désastreuses. La France a pourtant mis en place un dépistage organisé : entre 50 et 74 ans, chaque femme reçoit tous les deux ans une invitation à passer une mammographie de contrôle complétée par un examen clinique des seins. Pourtant, un nombre encore très important de personnes passent à côté et ne réalisent pas ce dépistage.
Par ignorance, indifférence, ou par peur, selon le Dr Julia Maruani, gynécologue à Marseille, plus d’une femme sur 3 qui est concernée ne donne pas suite à la proposition du dépistage gratuit. En gros, un peu moins de 50% des femmes en France accomplissent ce dépistage sur invitation reçue à la maison, et entre 10 et 15% le font en dehors des recommandations. Ces chiffres s’avèrent encore plus bas dans un département comme les Bouches-du-Rhône (36,1% de participation au dépistage organisé du cancer du sein en 2021).
Détecté tôt, ce cancer se soigne très bien
C’est pour tenter de réduire ce front très élevé du refus que les acteurs de la santé se mobilisent tous azimuts, particulièrement lors d’Octobre Rose. Car l’enjeu est de taille : plus de 12.000 femmes décèdent d’un cancer du sein chaque année. Plus de 60.000 nouveaux cas sont encore attendus en 2023 en France. « 80% des femmes qui ont un cancer ont plus de 50 ans, avec un âge moyen de 64 ans« , rappelle le Dr Maruani.
C’est évidemment un drame pour chaque patiente, qui de plus impacte fortement son entourage. Dans ce maëlstrom, la bonne nouvelle est que ce cancer se soigne très bien s’il est pris suffisamment tôt. « C’est tout l’intérêt du dépistage précoce de se rendre compte à un stade précoce qu’il existe un cancer du sein, explique la gynécologue. 3 femmes sur 4 vont guérir de leur cancer du sein. Et ça va jusqu’à 100% de guérison sur les stades les plus précoces. »
Votre sein s’est un peu modifié ? Alertez !
Encore faut-il être entendu ! C’est pourquoi le Dr Maruani montera aujourd’hui à bord du Bus Rose mis en place par la Région Sud. Stationné de 9h30 à 16h30 devant l’Hôtel de Région à Marseille (place Jules-Guesde), on ne pourra pas le rater ! Son objectif est d’aller au devant des femmes du territoire relativement éloignées du dépistage et, plus largement, qui n’accèdent pas aux informations sur la prévention. Le public ciblé est toute femme à partir de 25 ans.
A bord de ce bus, des professionnels de santé comme le Dr Maruani apprendront aux femmes la technique de l’auto palpation des seins. « Une boule dans le sein, ou sous l’aisselle, une anomalie du sein comme un écoulement par le mamelon ou une irrégularité de la peau, cela doit toujours alerter et amener à consulter rapidement un médecin. La femme est le meilleur juge pour sa propre poitrine. Elle sait comment sont ses seins. Donc si elle sent une différence, il faut absolument avertir« .
L’hygiène de vie est protectrice
Ce bus doit donc favoriser le dépistage. Et l’information au sens large. Par exemple, des conseils en matière d’hygiène de vie seront délivrés. Savez-vous que le tabac, l’alcool, le surpoids et le manque d’activité physique constituent de puissants facteurs de risque du cancer ? Le Dr Maruani estime à 20.000 le nombre de cancers du sein qui seraient évitables chaque année si on réduisait fortement ces facteurs de risque. Sur un total de 61.214 nouveaux cancers du sein prévus en 2023 selon les projections de l’Institut National du Cancer, c’est absolument considérable ! La bataille de l’information mérite vraiment d’être conduite tambour-battant !
Les femmes qui se rendront à bord du Bus Rose de la Région pourront poser toutes leurs questions et même prendre un rendez-vous pour aller plus loin dans la surveillance. L’objectif est de détecter si possible le cancer avant qu’il ne soit palpable, c’est-à-dire évolué. Et cela, seule la mammographie le permet.
Marseille, Miramas, Arles, Nice, Forcalquier, Barcelonnette, La Trinité
Marseille ouvrira donc le feu à 14h aujourd’hui avec l’inauguration du Bus Rose par le président de la Région Sud, Renaud Muselier. Jeudi 12 octobre, le bus se rendra à Miramas, et le 13 octobre à Arles toute la journée. Puis direction Nice le 25 octobre, Forcalquier le 26 octobre, Barcelonnette le 27 octobre et La Trinité le 31 octobre.
Mais le combat ne s’arrête pas là. Partout, et particulièrement en Provence, les chercheurs et les médecins travaillent d’arrache-pied non seulement pour prendre en charge au plus vite les malades pour les traiter, mais ils accomplissent également des progrès permanents en matière d’innovations thérapeutiques.
Médecins et chercheurs marseillais en pointe
Un colloque y sera consacré ce lundi 9 octobre après-midi, au Conseil régional. On y retrouvera certaines des plus grosses pointures en la matière : le Pr Eric Vivier, président du Paris Saclay Cancer Cluster, professeur d’immunologie à Aix-Marseille Université; le Pr Daniel Olive, chef de l’équipe « Immunité et cancer » du Centre de recherche en cancérologie de Marseille.
Présidée par le doyen de la faculté des sciences médicales et paramédicales d’Aix-Marseille Université Georges Leonetti, également conseiller régional spécial en charge de la santé, une table ronde réunira ensuite le Pr Anthony Gonçalvez, responsable du département d’oncologie médicale de l’Institut Paoli-Calmettes (IPC), et le Pr François Eisinger, oncogénéticien à l’IPC.
Convaincre 4 femmes sur 10
On le voit, on le perçoit partout : la bataille contre le cancer du sein n’a jamais été aussi engagée. Sommet de l’iceberg, Octobre Rose fédère ainsi des énergies incroyables. L’arsenal thérapeutique est efficace et considérable. L’Assurance Maladie, les pouvoirs publics, les hôpitaux, les associations mettent vraiment le paquet. Tout est réuni pour réduire drastiquement le nombre de cas de cancer du sein.
Près de 4 femmes sur 10 restent à convaincre du bienfondé du dépistage. C’est considérable. Le Bus Rose de la Région Sud va y participer activement en ce mois d’octobre 2023.
La Ligue contre le Cancer, l’Assurance Maladie, Le Centre régional de coordination de dépistage des cancers Sud-Paca, l’Agence Régionale de Santé, la Fédération nationale des transporteurs de voyageurs, le Comité régional d’éducation pour la santé sont partenaires du Bus Rose de la Région Sud.
Mesdames, rendez-vous à bord du Bus Rose ce lundi 9 octobre de 9h30 à 16h30 devant l’Hôtel de Région, place Jules Guesde/Boulevard des Dames (métro 1 Colbert ou métro 2 Jules-Guesde).
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