Des signes d’espoir contre le cancer de la prostate

Que ce soit dans la surveillance ou dans les traitements, la prise en charge du cancer le plus fréquent chez l'homme (60.000 cas par an en France)  s'est nettement améliorée ces dernières années. Hier soir MProvence a réuni un plateau d'experts à Aubagne devant un public fort curieux. Et qui est reparti plutôt rassuré... Voici pourquoi.

La prostate parlons-en !

« A quoi sert la prostate ? » Un ange passe dans la salle Simone-Veil d’Aubagne. Le professeur Eric Lechevallier sourit. C’est un grand classique. Tous les hommes redoutent la dégénérescence de cette petite glande placée sous la vessie et qui produit le liquide séminal servant à la reproduction. Mais très peu connaissent donc sa fonction pourtant essentielle à la préservation de l’espèce humaine

Ce rappel anatomique a permis au chef du service d’urologie du CHU de La Conception à Marseille (APHM) d’expliquer pourquoi l’ablation de la prostate, lorsqu’elle est touchée par un cancer agressif, engendre des dégâts collatéraux. Car tout contre elle passent les nerfs érecteurs et en dessous les sphinctères urinaires. Conséquences : dans un cas sur 4 le patient aura des fuites urinaires et pour les érections, c’est encore pire.

 

Les érections en berne

« Les érections sont rarement conservées, et si c’est le cas, elles ne sont plus comme avant, explique le médecin. Même avec la conservation des nerfs, les érections sont molles, instables. Dans plus de 90% des cas, il y a donc un impact sur les érections et sur la sexualité. »

Le côté positif, c’est que le patient a généralement la vie sauve ! Le taux de survie à 5 ans tous stades confondus est en effet de 93%, c’est énorme pour un cancer. L’âge médian de survenue de ce cancer est 69 ans et l’âge médian du décès 83 ans. Comme le dit le Pr Lechevallier, « on aura probablement tous un cancer de la prostate en raison du vieillissement de nos organes, mais on ne va pas en mourir. On mourra avec. »

Ce cancer est responsable de 8.100 décès chaque année en France, à un âge assez avancé donc.

Dr Akram AKIKI, Chirurgien urologue à Aubagne lors de la conférence La prostate, parlons-en pour vous protéger
Dr Akram AKIKI, Chirurgien urologue,  Centre Hospitalier Aubagne intervenant pour la conférence « La prostate parlons-en, pour vous protéger »

La surveillance active limite les dégâts collatéraux

Pour éviter des conséquences trop lourdes, de plus en plus souvent et quand le cancer ne flambe pas, les urologues privilégient la surveillance active avec des IRM régulières notamment. « Cette méthode commence à prendre beaucoup de place« , se réjouit le Dr Akram Akiki, urologue au centre hospitalier d’Aubagne. Et si l’imagerie révèle une zone potentiellement contaminée, le chirurgien procède à une biopsie de l’organe en réalisant des carottages sous anesthésie générale, comme l’a expliqué le Dr Jauffrey Oliva, également urologue à Aubagne.

Bref, tout paraît sous contrôle. A condition cependant de commencer à surveiller sa prostate à partir de 50 en faisant faire un dosage du PSA dans le sang et un toucher rectal. Voire dès 40 ans si votre père ou votre frère a eu cette maladie. Il faut donc en parler à son médecin traitant ou voir un urologue.

Dr Jauffray OLIVA, urologue Centre Hospitalier Aubagne
Dr Jauffray OLIVA, urologue Centre Hospitalier Aubagne intervenant pour  la conférence « La prostate parlons-en, pour vous protéger »

 

Le robot de la Timone frappe fort

Le docteur Xavier Muracciole, radiothérapeute au CHU de la Timone à Marseille, a conclu l’exposé aubagnais en délivrant un enseignement passionnant sur le traitement par rayons du cancer de la prostate. Une alternative à la chirurgie quand le cancer n’est pas jugé trop agressif, mais aussi parfois un complément. Le plateau technique de la Timone dispose désormais d’un robot dernier cri capable de concentrer ses rayons sur la totalité de l’organe malade. Ce qui permet, dans bien des cas, de réduire considérablement le nombre de séances. De 40 on peut passer à 20 voire 5 !

Et même si le patient est en phase métastatique – la pire, car cela signifie que le cancer a essaimé au-delà de la prostate – la radiothérapie offre des solutions. Toutefois, là aussi les érections en prennent un coup, mais elles reviennent généralement six mois à douze mois après le traitement.

 

Le sport, c’est bon pour la prostate !

L’hormonothérapie est également plébiscitée. Par des injections ou la prise de comprimés, elle bloque la testostérone qui, elle, stimule les cellules cancéreuses.

Conclusion du Dr Muracciole : il existe de multiples solutions pour traiter un cancer de la prostate, quand c’est nécessaire. Avec un conseil pour la route à un auditeur qui voulait savoir que faire pour rester en forme : « Le plus important est l’activité physique tous les jours pour entretenir son coeur, oxygéner son cerveau et ses organes. » Et donc sa prostate. Au passage le médecin démonte une légende tenace : « Non, la pratique du vélo ne favorise pas la survenue du cancer de la prostate« . Elle fait monter le taux de PSA dans le sang, mais ça n’a rien à voir avec la maladie. Col de la Gineste, nous voilà !

Le public lors de la conférence "La prostate parlons-en pour vous protéger"

Prochaines conférences « La prostate, parlons-en pour vous protéger ! » organisées par MProvence. Entrée libre. Faites passer l’info !

  • Nice : vendredi 10 novembre à 15h30, Centre Universitaire Méditerranéen, 65 Promenade des Anglais
  • Toulon : mardi 14 novembre à 17h, Campus du RCT, 53 rue Melpomene
  • Marseille : jeudi 16 novembre à 16h30, siège d’Aix-Marseille Université, jardin du Pharo, 58 Bd Charles Livon

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