Face au cancer, le bon sens rassurant des médecins

Le pire n'est jamais sûr Messieurs ! A condition de savoir si vous êtes menacés par le cancer de la prostate qui est le plus fréquent chez l'homme ! La campagne d'information sur le dépistage du cancer de la prostate lancée par MProvence s'est terminée hier et les médecins se veulent rassurants. Voici pourquoi. A lire et à regarder en vidéo.

Prostache 2022

Dépister oui, surtraiter non ! Les cinq médecins réunis hier soir au Palais de la Bourse de Marseille dans le cadre de la conférence finale de notre opération « Soyez Prostache ! » ont fait tomber les vérités comme à Gravelotte. Et elles sont plutôt rassurantes.

Alors certes, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme puisque 50 000 Français découvrent chaque année qu’ils en sont porteurs. Et 8 100 en meurent, faute sans doute d’avoir été dépistés à temps. Voilà qui fait vraiment beaucoup. La bonne nouvelle est que nous avons tous le pouvoir de réduire drastiquement ce dernier chiffre. Comment ? En se faisant dépister après 50 ans, tous les 12 à 24 mois.

90% des hommes ont des cellules cancéreuses, mais la majorité ne sera pas malade

L’autre aspect positif, c’est que ce cancer qui touche la petite glande contribuant à fabriquer le sperme (avec les testicules) n’est pas forcément grave. Surtout s’il est repéré tôt, avant d’essaimer à l’extérieur. Dans l’immense majorité des cas, il peut être soigné. Le professeur Eric Lechevallier, chef du service d’urologie à l’hôpital de La Conception (APHM), dédramatise le sujet avec un chiffre choc : « 90% des hommes auront des cellules cancéreuses dans la prostate et on pense qu’elles se développent à partir de 40-50 ans, mais ce n’est pour autant que cela déclenchera un cancer. » En fait, 1 homme sur 7 y sera effectivement confronté au cours de sa vie. Une proportion somme toute assez élevée.

Son confrère Cyrille Bastide, chef du service d’urologie de l’Hôpital Nord, résume les principaux facteurs de risque : d’abord l’âge, puis l’hérédité dans 20% des cas, les perturbateurs endocriniens, l’origine ethnique, le métabolisme.  A part la pollution, pas grand-chose que l’homme ne puisse maîtriser. Et il est illusoire de croire que l’alimentation peut prévenir la maladie : ni les tomates, ni le selenium, ni l’ingestion de litres de thé vert n’ont d’efficacité prouvée !

Cancer non traité =  40 à 50% de décès

« En gros, rien en permet d’éviter sa survenue« , constate le spécialiste. Qui plaide cependant pour un dépistage à partir de 50 ans associant le dosage du PSA par une prise de sang au toucher rectal « car 5% des cancers ne font pas monter le taux de PSA« . « Un cancer de prostate non traité entraîne le décès des patients dans 40 à 50% des cas dans les 20 ans », précise le Pr Bastide, qui ajoute que dans la mesure du possible il préconise le recours à la chirurgie pour extirper l’organe atteint.

Sur 10 cancers de la prostate, 3 sont simplement surveillés, sans traitement, car jugés de faible risque. 6 sont de risque intermédiaire et font l’objet d’un traitement par chirurgie, hormonothérapie ou rayons. Un sur 10 est classé « agressif » et débouche dans 70% des cas sur la mort dans les dix ans suivant le diagnostic, avec une moyenne à 4 ans seulement.

Le patient choisit son traitement !

Depuis le début des années 2010, les progrès ont heureusement permis des diagnostics plus précis, qui ont permis de réduire fortement le nombre d’interventions chirurgicales. Les traitements sont également moins délétères pour la vie du patient, et surtout plus adaptés à la singularité des cas.

« Chaque cancer est différent sur le plan de l’agressivité, c’est pourquoi nous allons de plus en plus vers des traitements personnalisés« , souligne le docteur Géraldine Pignot, urologue à l’Institut Paoli-Calmettes. Qui rappelle que le patient est toujours associé au choix du traitement, décidé en fonction de sa vie quotidienne. « Nos traitements ont des effets secondaires avec un impact sur la sexualité et la continence urinaire. C’est pourquoi il est important de savoir quelles sont les priorités de vie du patient et de lui laisser le choix. »

Méfiez-vous des médecines alternatives

Les innovations thérapeutiques se multiplient, comme l’indique le docteur Jean-Laurent Deville, oncologue au CHU de la Timone. Il se félicite de l’arrivée récente des thérapies ciblées orales. « Je suis certains patients depuis 2009, et ils sont toujours là ! »  Le Dr Deville attire l’attention sur les médecines dites « alternatives » auxquelles ont recours des malades en parallèle de leur traitement hospitalier. « Il n’y a pas de honte à le faire, mais il est indispensable d’en parler au médecin car il peut y avoir des interactions problématiques avec les traitements oncologiques. »

Radiothérapeute, le docteur Xavier Muracciole (CHU de la Timone) a expliqué l’intérêt du recours aux rayons dans le traitement du cancer de la prostate. « En quelques séances, on peut répondre à la maladie. » Dans le public, on apprécie cette complémentarité. « Il est très rassurant de savoir que l’on est pris en charge par une équipe pluridisciplinaire« , constate Philippe, un Vauclusien traité conjointement à Marseille par la chirurgienne Véronique Delaporte (CHU Conception) et le Dr Murraciole.

Que font les généralistes ?

Des patients ont soulevé le manque de prise en compte du dépistage par un certain nombre de médecins généralistes, quand les spécialistes ont pu regretter a contrario des examens totalement inutiles prescrits par certains généralistes. « Attention à l’inflation des examens, note le Pr Bastide. Trop d’IRM de prostate sont prescrits par les généralistes. » « C’est bien qu’ils prescrivent le dosage du PSA, et s’ils font le toucher rectal tant mieux, a ajouté le Pr Lechevallier. Mais attention, ce toucher rectal est un véritable examen dont on ne peut se passer, qui requiert de l’expérience. Ce qui suppose de l’accomplir fréquemment. Donc s’ils adressent leur patient à un urologue, c’est très bien. Et cet examen doit être effectué une fois par an ! »

Du bon sens. Voilà ce que l’on retiendra de cette campagne de prévention. Et, Messieurs, ne prenez pas trop votre prostate en grippe lorsqu’elle vieillit ! Certes, elle nous en fait quelquefois voir de toutes les couleurs, mais comment lui en vouloir ? Car, comme l’a rappelé avec malice le Pr Lechevallier : « Sans cette glande qui sert à fabriquer le sperme, l’humanité ne serait tout simplement pas là! »

Photo et vidéo réalisées par Bruno Angelica.

Remerciements à l’ensemble des médecins qui ont participé à cette campagne à Marseille, Aix et Nice, à l’Association Française d’Urologie qui l’a soutenue, à la Ligue contre le cancer, à la Chambre de Commerce et d’Industrie Aix-Marseille Provence, à la Ville de Nice, aux associations Caire et Gims, France Bleu Provence, Nice-Matin, France 3 Côte d’Azur, Human Protection, les laboratoires Bayer et Viatris, Fos-Basket, le club de hockey des Spartiates, le Cercle des Nageurs de Marseille, Maison Craquelin, les étudiants du master Cosan 2 de l’Ecole de Journalisme et Communication d’Aix-Marseille Université.

 

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