Festival Terres de Jim : La fine fleur de l’agriculture française fait son show

Economie

Après la Haute-Loire, l’Ille-et-Vilaine et l’Oise, la plus grande fête agricole d’Europe va prendre ses quartiers à Corbières, dans les Alpes-de-Haute-Provence, ce week-end sur trois jours. Emmanuel Macron, président de la République et Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, devraient s’y rendre le 10 septembre dans l’après-midi

Petits et grands y trouveront leur compte avec des animations et des découvertes sur près de 100 hectares. Les Terres de Jim sont le nouveau nom de la finale du concours de labour, une compétition qui existe depuis plus de 65 ans. Fort prisés des agriculteurs les concours de labour ont toujours réuni le monde agricole partout en France.

Les Terres de Jim ont fait leur apparition pour la première fois en 2014 à l’occasion du Mondial de labour près de Bordeaux à Saint-Jean-d’Illiac.


Un temps fort pour les Jeunes Agriculteurs


Traditionnellement organisé par le syndicat Jeunes Agriculteurs, l’événement est un temps fort de la vie de la structure, autant au niveau national qu’à l’échelle du département où il se déroule. Avant l’édition à venir à Corbières les 10, 11 et 12 septembre six autres communes et départements ont déjà eu la chance d’accueillir la manifestation.


En 2014 ce fut donc à Saint-Jean-d’Illac, en Gironde pour la première édition ; en 2015 sur le plateau de Frescaty, à Metz ; en 2016 à Lavieille en Vendée ; en 2017à Margny-lès-Compiègne dans l’Oise ; en 2018 à Javené en Ille-et-Vilaine et en 2019 au Puy-en-Velay en Haute-Loire.


L’édition de Corbières aurait dû se dérouler en 2020, vingt ans tout juste après la grande finale de labour de 2000 qui s’était tenue à Vaumeilh (voir ci-dessous). Mais, crise sanitaire oblige, elle se déroulera en 2021, pour le plus grand bonheur et soulagement des organisateurs, qui travaillent avec acharnement depuis qu’ils ont été désignés. Ils veulent montrer qu’un petit département et une petite équipe peuvent rivaliser avec des grosses structures.

David Ailhaud, président du comité d’organisation des Terres de JIM ©AG


Quelques semaines pour les préparatifs


Autant leurs aînés de Vaumeilh avaient pu avoir le terrain de longs mois avant la manifestation autant l’équipe de 2021 a dû composer avec les obligations des propriétaires et n’a disposé que de quelques semaines pour les préparatifs.

Ils se sont très rapidement mis en ordre de bataille en attaquant dès la fin des moissons le semis des parcelles d’essais afin que celles-ci aient levé pour début septembre : colza, sorgho, maïs… etc. Ils ont ensuite attaqué la pose des clôtures, un travail de longue haleine puisque le site fait 100 ha, mais ils s’y sont attelés dans la bonne humeur, comme toujours chez JA.


Pass sanitaire exigé


Lundi 23 août, ils avaient rendez-vous avec la préfecture pour obtenir les dernières informations concernant l’accueil des visiteurs et les consignes relatives à la gestion de la crise sanitaire. S’ils y sont un peu allés la boule au ventre n’ayant toujours aucune certitude quant à la tenue de l’événement ils ont été rassurés par la représentante de l’État.

Le pass sanitaire sera bien entendu obligatoire pour accéder à la manifestation, de même que le port du masque.


Casser les préjugés


Pour parer à toute éventualité, les Jeunes Agriculteurs ont travaillé longtemps en amont pour élaborer le protocole sanitaire et se procurer des tests qui pourront être faits à l’entrée, supervisés par des professionnels.

Une méthode ayant déjà fait ses preuves pour la finale départementale et régionale du concours de labour organisée en août par leurs confrères des Hautes-Alpes, à Aspremont, et qui a attiré plusieurs milliers de spectateurs sur un week-end sans le moindre problème.

Durant trois jours les animations, les démonstrations, les compétitions, les soirées et bien entendu les rencontres vont se succéder et il y en aura pour tous les âges et tous les goûts.


L’objectif est de dresser le plus représentatif et le plus exhaustif portrait de l’agriculture provençale pour que le public découvre la richesse du terroir mais aussi celle du métier d’agriculteur. Un métier en pleine mutation qui est souvent victime de préjugés que les Jeunes Agriculteurs veulent casser en montrant la réalité de leur profession et la passion qui les anime.


Qui est Jim ?


Jim Bataille, c’est ce personnage aux bouclettes d’or et d’épis de blé. Son mot d’ordre : faire le lien entre les filières agricoles et le grand public. Positif et curieux, il s’émerveille, s’interroge, doute, veut comprendre, s’intéresse et s’émeut de ses découvertes. Il véhicule la part d’émerveillement en chacun de nous, enfant comme adulte.

Son nom « Bataille » évoque la liberté et le courage : son combat est celui de la vie « vraie », la défense du bon, de l’avenir, de la qualité toujours avec bon sens et pragmatisme. Il est souvent accompagné de Fleur autre personnage à la chevelure de blé et haute en couleurs.

« Les Terres de Jim » est une marque Jeunes Agriculteurs. Personnages et illustrations (c)  Les médias associé- Marion Moreau 2013.


Vingt ans après Vaumeilh


En 2000, au mois de septembre, c’est à Vaumeilh que s’était tenue la 47e finale du concours de labour qui donnera naissance, quelques années plus tard, aux Terres de Jim. Si la manifestation s’était déroulée l’année dernière, comme prévu, cela aurait fait 20 ans tout pile que le Comité départemental des Jeunes agriculteurs (CDJA), l’ancêtre de Jeunes agriculteurs, avait, lui aussi, organisé cette grand messe du monde agricole, qui avait attiré plusieurs milliers de personnes.

Aujourd’hui, les membres du conseil d’administration et du comité d’organisation occupent des postes plus ou moins en vue dans le monde agricole, mais tous gardent un excellent souvenir de cet événement.


Report de dernière minute

Ils regardent avec bienveillance, et curiosité, ceux qui ont repris le flambeau et se sont à leur tour
lancés dans l’aventure. Eux-aussi ont eu leur lot de péripéties, avec un report de dernière minute
pour des raisons politiques, une météo capricieuse, des solutions à trouver rapidement qui leur ont
fait craindre le pire, mais ils s’en sont sortis.

Ils aujourd’hui ont le sentiment d’avoir orchestré un grand moment de la vie agricole bas-alpine et d’avoir
bien su mettre en lumière ce « petit » département, en lui permettant de rivaliser avec d’autres plus
imposants. Une ambition qu’ils partagent avec la jeune génération. Tous se replongent avec plaisir
dans leurs souvenirs pour l’occasion, à quelques jours des Terres de Jim où ils ne manqueront pas
d’être présents pour soutenir leurs successeurs.

Margot Mégis, présidente de Jeunes Agriculteurs des Alpes-de-Haute-Provence

Margot Mégis, la présidente ©AG

Margot Mégis, la jeune pré­sidente de Jeunes Agriculteurs 04 ne le cache pas, organiser les Terres de Jim c’est une charge de travail considérable mais l’opportunité et l’aventure sont si belles que cela compense. « Nous sommes une petite structure et un petit département dans l’uni­vers JA, voire le plus petit, mais c’est incroyable de pouvoir promouvoir notre territoire, notre agriculture et notre département comme cela, souligne-t-elle. C’est un beau chal­lenge à organiser. Si cela peut moti­ver d’autres petits départements à se lancer et leur montrer que c’est possi­ble, alors on aura tout gagné. Il y a 20 ans nos prédécesseurs nous ont montré que c’était réalisable, alors nous nous sommes lancé dans cette aventure professionnelle et syndicale unique. Nous espérons que cela va marquer notre mandature de façon positive et que les gens se souvien­dront encore dans 20 ans que c’était à Corbières. »

Susciter des vocations

La jeune femme espère avant tout que les Terres de Jim véhiculeront une image positive et mettront l’agriculture du XXIe siècle à la portée au plus grand nombre. « Pourquoi ne ferait-on pas aussi naître des voca­tions chez des gens qui veulent se rapprocher du monde agricole ? s’enthousiasme-t-elle. Nous sommes aussi là pour animer le territoire et mettre en lumière notre profession de manière positive, car si parfois, le reste de l’année, c’est un peu plus sombre, là, on va rester dans la positi­vité, surtout après cette période morose. Les gens ont besoin de gaieté et on est là pour ça. Nous vou­lons que les visiteurs découvrent plein de choses et surtout nos métiers qui sont si riches et variés. »

À quelques jours de l’ouverture des portes elle avoue ressentir un mélange de sentiments : de la fierté et de l’euphorie mêlées à un peu d’appréhension, avec une grande envie d’y être pour profiter de ce bel événement qui récom­pensera ces longs mois de travail.

Elle espère aussi voir se dessiner un véritable engouement régional autour des Terres de Jim et du département qui n’a pas l’habitude d’accueillir des événements de cette ampleur.

Alexandra Gelber pour L’Espace Alpin

L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin

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