Oleg et Iryna sont arrivés à Marseille le 3 mars dernier. Une semaine après le début de l’agression russe sur le territoire ukrainien. Ils ont fui Mykolaiv qui a depuis été dévasté par la guerre. Ils se sont reconstruits ici, ont trouvé un emploi dans les cuisines de l’Intercontinental avec toujours un bout du cœur et du cerveau là-bas. “Nous avons un fils, sur le front…” lance Igor sur un ton grave. Leur quotidien reste pesant, difficile, insoutenable, mais ce jeudi soir, il sera un peu plus léger. Le couple est en route vers le Palais Omnisports pour y voir la rencontre de Hockey sur glace entre la France et l’Ukraine.
Iryna, souriante, sort son petit drapeau français : “c’est pour moi une vraie rencontre amicale ! Je suis tellement reconnaissante envers la France et toute l’aide qu’elle m’a apportée depuis mars que je les supporterai ce soir. Igor compensera en étant à 100% pour l’Ukraine !”
Le sentiment reste le même chez cette autre Iryna, installée depuis six ans dans la région : “Les Français sont incroyables ! Au travail (elle est assistante comptable), dès que je demandais de l’aide, alimentaire ou pour trouver un logement à un réfugié, mes collègues se sont mobilisés !” Une fois le match débuté, l’émotion de se voir représenté dans ce contexte difficile (“le simple fait de parler de l’Ukraine me noue la gorge”) succède à la bienveillance envers l’adversaire du soir. L’ambiance est réellement amicale en tribunes, les “U-KRA-I-NA” succédant aux “Ola” côté français.
LE RETOUR DE L’ÉQUIPE DE FRANCE À MARSEILLE
Entre deux tiers-temps, Jonathan Zwikel, directeur général des Spartiates de Marseille, explique la genèse de ce tournoi : “C’est important d’accueillir ici des événements internationaux dans notre volonté de faire grandir le Hockey à Marseille. Nous avons de très bonnes relations avec la fédération (française de Hockey sur glace) qui a, elle, financé le déplacement de l’équipe d’Ukraine. On aide à notre petit niveau. Il y a une contribution financière (don de 5 000€) mais il y a aussi la possibilité de leur donner le sourire et on est très contents de le faire. Mais attention, c’est aussi un vrai tournoi sportif, avec l’équipe de France.” Côté sport justement, la France aura donc fini par prendre l’ascendant sur l’Ukraine en concrétisant bien mieux ses temps forts et avec un gardien, Julian Junca, se montrant intraitable dans les cages. Victoire finale trois buts à zéro des Bleus et trophée d’homme du match à la clé pour Junca.
Une belle réussite organisationnelle pour le retour de l’équipe de France dans la cité phocéenne neuf ans après.
“DANS CE CONTEXTE DE GUERRE, SE SENTIR SOUTENU SUR LE PLAN SPORTIF EST PRÉCIEUX”
Après-match, Vadym Shakhraichuk, entraîneur de l’équipe d’Ukraine, retient lui aussi le positif de cette soirée : “Je veux d’abord remercier encore une fois chaleureusement la fédération française de cette invitation. Comme expérience, c’est très utile pour nous de jouer face à une équipe de France qui nous est bien supérieure. Et puis dans ce contexte de guerre, se sentir soutenu sur le plan sportif est précieux. Je n’oublie pas que la fédération française a été la première à nous soutenir notamment en accueillant très tôt 120 familles de jeunes hockeyeurs ukrainiens pour leur permettre de continuer à pratiquer leur sport.”
Une victoire pour l’équipe de France, son retour à Marseille pour les organisateurs, une expérience utile pour l’équipe d’Ukraine et un sentiment de fraternité en tribunes, il n’y eut que très peu de perdants hier soir…
Le tournoi se poursuit dès ce soir avec au programme : Pologne/Ukraine à 20h00 puis France/Pologne, samedi à 19h00.
* Club des quarante plus grosses entreprises de la région
Mourad Aerts
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